haine
Étymologie
modifier- Déverbal de haïr avec le suffixe -ine ou du latin populaire *hatina (« haine »), dérivé du radical germanique hat (de *hatjan qui donne haïr) avec le suffixe -ina.
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
haine | haines |
(h aspiré)\ɛn\ |
- Sentiment d’aversion, de répulsion, envers une personne ou un groupe, qui pousse à mépriser ou à vouloir détruire ce qui en est l’objet.
Philippe.– Que de haines inextinguibles, implacables, n’ont pas commencé autrement ! Un propos ! la fumée d’un repas jasant sur les lèvres épaisses d’un débauché ! voilà les guerres de famille, voilà comme les couteaux se tirent. On est insulté, et on tue ; on a tué, et on est tué. Bientôt les haines s’enracinent ; on berce les fils dans les cercueils de leurs aïeux, et des générations entières sortent de terre l’épée à la main.
— (Alfred de Musset, Lorenzaccio, 1834, acte II, scène 5)La scène de la réconciliation, où Béatrix fit rejurer haine à l’épouse qui jouait, dit-elle, la comédie du lait répandu, se passa dans un vrai bocage où elle minaudait environnée de fleurs ravissantes, de jardinières d’un luxe effréné.
— (Honoré de Balzac, Béatrix, 1838-1844, troisième partie)Les jouissances de la haine satisfaite sont les plus ardentes, les plus fortes au cœur. L’amour est en quelque sorte l’or, et la haine est le fer de cette mine à sentiments qui gît en nous.
— (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846)La haine est une liqueur précieuse, un poison plus cher que celui des Borgia, - car il est fait avec notre sang, notre santé, notre sommeil, et les deux tiers de notre amour ! Il faut en être avare !
— (Charles Baudelaire, Conseils aux jeunes littérateurs, 1846 ; Gallimard, collection Folio, page 79)La mort de Marat ne servit qu'à rendre les haines plus implacables.
— (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)S’il ne se soumettait plus au jugement des hommes, il souffrait encore de leur haine, sinon de leur mépris.
— (Isabelle Eberhardt, Le Major, 1903)Ces gens là, quelque pitoyables que nous nous montrions pour eux, nous garderont jusqu'au bout la même haine inexpiable ; […].
— (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 59)Le mépris que cette enfant témoignait à son persécuteur, outre une résistance pleine d’énergie, avait allumé chez l’un des Lovelaces de la vallée une haine dont la fureur égalait celle de son désir.
— (Honoré de Balzac, Les Paysans, 1845, première partie, chapitre onzième)Vous savez, Marcoul, on clabaude n'importe quoi ! Les méchantes langues n'en sont pas à une supposition, ni à une haine !
— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)À rebrousse-poil des sentiers battus, Onfray s'attire naturellement la haine des béni-oui-oui de toutes les chapelles.
— (Basile de Koch, Histoire universelle de la Pensée: de Cro-Magnon à Steevy, 2005)Je hais la haine et pourtant je la ressens. Je connais ce venin qui s'inocule dans le sang en une morsure qui s'infecte jusqu'à l'os.
— (Amélie Nothomb, Le Voyage d'hiver, Albin Michel, 2009, page 27)Marcel Duchamp, à qui l’on demandait : « Pourquoi êtes-vous pour l’indifférence ? », avait répondu : « Parce que je hais la haine. »
— (Jean-Paul Kauffmann, Remonter la Marne, Fayard, 2013, Le Livre de Poche, pages 192-193)La haine nous fait voir l'autre sous un jour entièrement défavorable. Elle nous conduit à amplifier ses défauts et à ignorer ses qualités.
— (Mathieu Ricard, Plaidoyer pour l'altruisme, NiL, Paris, 2013, page 390)Nous avons vu les mêmes semer dans nos démocraties, par les armes de la propagande, des ingérences et du mensonge, le ferment de la division et de la haine, espérant, ce faisant, affaiblir notre souveraineté et nos libertés.
— (« Nous, diplomates, ne pouvons nous résoudre à ce qu’une victoire de l’extrême droite vienne affaiblir la France et l’Europe alors que la guerre est là », Le Monde, 23 juin 2024)
Synonymes
modifierAntonymes
modifierDérivés
modifierApparentés étymologiques
modifierTraductions
modifierSentiment de l’âme qui la pousse à fuir, à repousser ce qui en est l’objet, ou même à l’attaquer pour le détruire. (Sens général).
- Allemand : Hass (de) masculin
- Ancien français : haenge (*) féminin, haement (*) masculin, haor (*) féminin, haine (*) féminin
- Anglais : hate (en), hatred (en), antipathy (en)
- Arabe : كراهية (ar) ; كراهية (ar) karāhiya
- Breton : kasoni (br) féminin, kaz (br) masculin
- Bulgare : омраза (bg) omraza
- Catalan : odi (ca)
- Coréen : 미움 (ko)
- Danois : had (da) neutre
- Espagnol : odio (es)
- Espéranto : malamo (eo)
- Estonien : viha (et)
- Finnois : viha (fi)
- Gaélique irlandais : fuath (ga)
- Grec : μίσος (el) mísos neutre, έχθρα (el) ekthra
- Griko : miso (*), misitrìa (*)
- Hébreu : שנאה (he)
- Hébreu ancien : אֵיבָה (*) féminin
- Hongrois : gyűlölet (hu)
- Ido : odio (io)
- Indonésien : kebencian (id)
- Inuktitut : ᐆᒥᓱᑦᑐᖅ (iu) uumisuttuq
- Italien : odio (it)
- Japonais : 憎悪 (ja) ぞうお (zōo)
- Kabyle : akasan (*) masculin
- Kotava : boga (*)
- Latin : odium (la) ; invidia (la)
- Letton : naids (lv)
- Lituanien : neapykanta (lt)
- Néerlandais : haat (nl), geringschatting (nl), minachting (nl), versmading (nl)
- Normand : hainge (*) féminin, haingue (*), hati (*) masculin, hinche (*) féminin
- Norvégien : hat (no)
- Occitan : òdi (oc), òdia (oc)
- Persan : تنفر (fa) ; نفرت (fa) nefret
- Polonais : nienawiść (pl)
- Portugais : ódio (pt), desprezo (pt), asco (pt), desdém (pt), desconsideração (pt)
- Russe : ненависть (ru) nenavist’
- Same du Nord : vašši (*)
- Slovaque : nenávisť (sk) féminin
- Slovène : sovraštvo (sl), mržnja (sl)
- Solrésol : s'ilami (*)
- Songhaï koyraboro senni : wangay (*)
- Swahili : zira (sw)
- Tadjik : танаффур (tg)
- Tchèque : nenávist (cs) ; zášť (cs)
- Turc : nefret (tr)
- Vieux norrois : afa (*)
Violente aversion que l’on a pour quelqu’un ; profonde répulsion que l’on a pour quelque chose.
Forme de verbe
modifierVoir la conjugaison du verbe hainer | ||
---|---|---|
Indicatif | Présent | je haine |
il/elle/on haine | ||
Subjonctif | Présent | que je haine |
qu’il/elle/on haine | ||
Impératif | Présent | (2e personne du singulier) haine |
haine \ɛn\
- Première personne du singulier de l’indicatif présent de hainer.
Je te haine, tu me haines, nous nous hainons ..... l’amour malade !
— (site www.revelessencedesoi.com)
- Troisième personne du singulier de l’indicatif présent de hainer.
- Première personne du singulier du subjonctif présent de hainer.
- Troisième personne du singulier du subjonctif présent de hainer.
- Deuxième personne du singulier de l’impératif présent de hainer.
Prononciation
modifier- (h aspiré)\ɛn\
- France (Paris) : écouter « la haine [la.ʔɛn] »
- Français méridional : \ˈɛ.nə\
- Canada : (h aspiré)\ɛːn\, (h aspiré) [aɛ̯n]
- Suisse (canton du Valais) : écouter « haine [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « haine [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « haine [Prononciation ?] »
Homophones
modifierAnagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifier- haine dans le recueil de citations Wikiquote
- haine sur l’encyclopédie Wikipédia
- haine sur le Dico des Ados
Références
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (haine), mais l’article a pu être modifié depuis.
Étymologie
modifier- Du vieux-francique.
Nom commun
modifierhaine *\ha.i.nə\ féminin
Variantes
modifier- haïne (transcription très utilisée)