Georges Leygues
Georges Leygues, né à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) le et mort à Saint-Cloud (Seine-et-Oise) le , est un homme politique français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Georges Leygues est né à Villeneuve-sur-Lot dans une famille bourgeoise de tradition républicaine.
Attiré par la littérature, et en particulier la poésie, il envisage une carrière d'officier de marine puis, sur le refus de sa mère, fait son Droit et devient avocat.
Il se lance rapidement dans la carrière politique, devenant adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot, Henri Carles, à 26 ans.
Il est député de Lot-et-Garonne de 1885 à sa mort.
Très attaché à sa région natale, il préside l'Association des Cadets de Gascogne, groupe d'amis qui s'épauleront toute leur vie ; ainsi en , les autres cadets sont les vice-présidents Gustave Larroumet, secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts : Henry Roujon, directeur des Beaux-Arts ; Pedro Gailhard, directeur de l'Opéra de Paris ; outre le délégué général Henry Lapauze, citons quelques célébrités comme Jean-Paul Laurens, Henri Martin, Benjamin-Constant, Alexandre Falguière, Antonin Mecié, Laurent Marqueste, Gabriel Fauré, Mounet-Sully, Armand Silvestre, Jean Cruppi, Adrien Hébrard, etc.
À Paris, il fréquente les milieux littéraires où l'introduisent Sully Prudhomme et José-Maria de Heredia, à qui il avait envoyé ses premiers essais poétiques. En 1900, il crée le précédent d'intégrer des femmes de lettres dans l'ordre de la Légion d'honneur (Daniel Lesueur et Clémence Royer).
Élu en 1893 parmi les républicains modérés, il accède aux responsabilités ministérielles à 38 ans :
- au : ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement de Charles Dupuy.
- au : ministre de l'Intérieur dans le troisième gouvernement Alexandre Ribot.
- au : ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau : son passage est marqué par la réforme de l'enseignement secondaire de 1902. Violemment contestée à la Chambre des Députés, la réforme est adoptée grâce à la ténacité de Georges Leygues. Cette réforme en profondeur vise notamment à rapprocher l'enseignement primaire et secondaire, à « adapter l'instruction publique à la vie moderne, à la réalité de la France de ce début de XXe siècle » en introduisant par exemple une section scientifique et l'enseignement des langues vivantes[1]. Il tenta aussi une réforme de l'orthographe (pluriel des substantifs, noms composés, traits d'union, tolérance sur l'absence d'accord du participe passé après l’auxiliaire avoir[2]...), première réforme de l'orthographe imposée par arrêté ministériel[1] mais devant l'opposition virulente de l'Académie française[1], la réforme ne sera jamais appliquée[2].
- au : ministre des Colonies dans le gouvernement Ferdinand Sarrien : il travaille à consolider les ports de Bizerte, Dakar, Djibouti, Saïgon, conquiert le Tchad grâce à la conquête de l'oasis de Bilma, s'oppose au développement des comptoirs allemands en Afrique noire, entreprend d'organiser l'enseignement outre-mer.
Sa carrière ministérielle va s'interrompre pendant onze ans ; en 1909, Alfred Chauchard, richissime fondateur des Grands Magasins du Louvre, mort sans descendance légitimée, lui lègue l'énorme somme de 12 millions de francs-or, plus un million à son épouse et à chacune de leurs deux filles.
Il est l'un des membres d'honneur de la Société nationale des beaux-arts en 1913[3].
En 1914, bien qu'il ait 58 ans, Georges Leygues s'engage comme capitaine dans les chasseurs alpins, mais il est rapidement rappelé à Paris comme président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés.
En 1917, Clemenceau lui confie le ministère de la Marine qu'il détiendra ensuite à plusieurs reprises jusqu'à sa mort brutale en 1933, si l'on excepte un bref intermède comme ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres du au :
- au : ministre de la Marine dans le deuxième gouvernement de Georges Clemenceau.
- au : président du Conseil et ministre des Affaires étrangères : voir gouvernement Georges Leygues.
succédant à Alexandre Millerand (gouvernement Millerand) devenu président de la République, et étant à son tour remplacé par Aristide Briand (6e gouvernement). - au : ministre de la Marine dans les septième, huitième et neuvième gouvernements Aristide Briand, le quatrième et le cinquième gouvernement Raymond Poincaré, le dixième gouvernement Aristide Briand et le premier gouvernement André Tardieu.
- au : ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Théodore Steeg.
- au : ministre de la Marine dans le troisième gouvernement d'Édouard Herriot, le gouvernement de Joseph Paul-Boncour et le premier gouvernement d'Édouard Daladier.
Lorsque Alexandre Millerand est élu à la présidence de la République en remplacement de Paul Deschanel, il entend assumer un rôle actif assez peu en accord avec la coutume de la IIIe République depuis Jules Grévy.
Cette ambition explique son choix d'appeler Georges Leygues, qu'on sait dénué d'ambition personnelle, à la présidence du Conseil. Leygues se prêtera au rôle qu'on entend lui faire jouer mais les prétentions de Millerand seront vivement combattues par les Chambres qui le contraindront à appeler Aristide Briand en .
C'est avant tout comme ministre de la Marine que Georges Leygues s'est illustré. Il est notamment à l'origine du Statut Naval, présenté en 1920 au parlement, qui permettra la renaissance de la flotte française, durement éprouvée par la Première Guerre mondiale, dont l'amiral François Darlan sera l'artisan. Avec Painlevé, ministre de l'Air, il cosigne le décret du qui confirme l'autorité de la Marine sur l'aviation navale embarquée et, par ailleurs, favorise l'essor d'une armée de l'air autonome. En 1934,d'autres décrets confirment le contrôle de la Marine sur l'aviation navale basée à terre.
Il a voté le la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État.
Fonctions gouvernementales
[modifier | modifier le code]- Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (2) du au
- Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (3) du au
- Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Alexandre Ribot (3) du au
- Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (4) du au
- Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (5) du au
- Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Pierre Waldeck-Rousseau du au
- Ministre des Colonies dans le gouvernement Ferdinand Sarrien du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Georges Clemenceau (2) du au
- Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (8) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (9) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (10) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Raymond Poincaré (4) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Raymond Poincaré (5) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (11) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement André Tardieu (1) du au
- Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Théodore Steeg du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Édouard Herriot (3) du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Joseph Paul-Boncour du au
- Ministre de la Marine dans le gouvernement Édouard Daladier (1) du au
Hommages
[modifier | modifier le code]- Son nom a été donné à deux bâtiments de la Marine nationale française, le croiseur Georges Leygues, construit en 1933, et la frégate Georges Leygues, construite en 1979, ainsi qu'au lycée et au théâtre Georges-Leygues à Villeneuve-sur-Lot.
- En 1953 un monument fut érigé à sa gloire par la ville de Villeneuve-sur-Lot par l'architecte décorateur Louis Süe et le sculpteur Charles Despiau.
- Une rue de Paris (située dans le 16e arrondissement) porte son nom.
- Il est évoqué dans le 315e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.
- Un quai d’un canal d’Agen 47000.
- Il est largement évoqué par Octave Mirbeau dans Les 21 jours d'un neurasthénique.
- Un archipel au large des Kerguelen.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Delvert, Georges Leygues, Grand serviteur de la République , Editions d'Albret, 2014, 287 p.
- Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Perrin, 2007, 916 p.
- Jacques Raphaël-Leygues, Georges Leygues. Le Père de la marine française, France-Empire, 1983.
- Jean-Philippe Zanco (dir.), Dictionnaire des ministres de la marine, SPM 2011.
- « Georges Leygues », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jérôme Schrepf, « En 1901 déjà, Georges Leygues avait tenté de simplifier l'orthographe… », La Dépêche du Midi, (lire en ligne, consulté le )
- Sylvain Mouillard et Marie Piquemal, « L'orthographe, un siècle de crispations », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- Paul-Arnaud Herissey, Catalogue de la Société nationale des beaux-arts
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives à la recherche :
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Personnalité ayant eu des obsèques nationales en France
- Ministre de la Troisième République
- Ministre français de l'Outre-mer
- Président du Conseil de la Troisième République
- Ministre français de l'Intérieur
- Ministre français de la Marine
- Ministre français des Affaires étrangères
- Ministre français de l'Instruction publique
- Réforme de l'orthographe du français
- Député de Lot-et-Garonne (Troisième République)
- Député de la quatrième législature de la Troisième République
- Député de la cinquième législature de la Troisième République
- Député de la sixième législature de la Troisième République
- Député de la septième législature de la Troisième République
- Député de la huitième législature de la Troisième République
- Député de la neuvième législature de la Troisième République
- Député de la dixième législature de la Troisième République
- Député de la onzième législature de la Troisième République
- Député de la douzième législature de la Troisième République
- Député de la treizième législature de la Troisième République
- Député de la quatorzième législature de la Troisième République
- Député de la quinzième législature de la Troisième République
- Personnalité de l'Alliance démocratique
- Membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
- Naissance à Villeneuve-sur-Lot
- Naissance en octobre 1857
- Décès en septembre 1933
- Décès à Saint-Cloud
- Décès à 75 ans