Jessica Biel
Je sais bien ce qu’on dit tout le temps. En tout cas aux heures d’ouverture des bureaux quand on se réunit à la machine à café : La perfection en ce bas monde n’existe pas. Ce désir chimérique qui voudrait qu’un être humain puisse correspondre au paradigme de l’idéal physique n’est que le reflet de la piètre médiocrité naturelle dans laquelle nage le clampin moyen muni d’une paire d’yeux et parfois de jumelles. Par définition, la perfection est absolue. Elle ne se discute pas, ne se contredit pas, n’est sujette à aucune fausse interprétation et ne possède pas de contraire ou d’alternative.
Contrairement à la beauté classique qu’on peut rencontrer à tous les coins de rue quand on habite près d’un collège du XVIe arrondissement, elle n’est pas relative à l’individu qui la juge. Oh, je sais bien ce que vous pensez : « Tu nous emmerdes, on entrave que dalle à cette connerie de texte, tiens je vais plutôt lire ce qu’on raconte sur le PSG » mais cette introduction était nécessaire pour que vous compreniez pourquoi cet article ne parlera à aucun moment d’Arlette Laguiller[1].
Non. En réalité, cet article ne s’intéressera qu’à un seul sujet. Un sujet unique. Un sujet parfait. Un sujet idéal. Vous l’avez deviné dites-le avec moi : Jessica Biel (Tél. : 00-1-310-555-2319).
Laurent Ruquier dit : | |
Monsieur et Madame Potedanmonportefeuille ont une fille, comment l’appellent-t-ils ? |
Jessica Biel, c’est d’abord une bouche. Un soleil dentaire à la couronne incarnat, la couronne symbolisant bien entendu ici les lèvres supérieure et inférieure entourant la denture et non pas les prothèses de ladite denture puisqu’il est bien évident que l’organisme en tout point parfait de Jessica Biel ne saurait être dégradé par la présence de corps étrangers, mal remboursés par la Sécurité sociale du surcroit.
Souvent le soir pour m’endormir, je m’imagine au pied de cette bouche. J’en vois les lèvres s'entrouvrir et s’écarter lentement, laissant deviner sur la langue une couche délicate de bave gluante que ses glandes salivaires ont générée lorsque s’est présenté à leur attention ce morceau de chair oblong et appétissant dont elle se délecte par-dessus tout, le magret de canard aux olives. La viande happée par la bouche éternellement gourmande de Jessica se retrouve alors pèle-mêle découpée par les incisives albanes, déchirée par les canines opalines et broyées par les molaires et prémolaires carrément blanches dans le rythme lent et régulier que seules les vraies stars sont à même de maîtriser.
Laurent Ruquier dit : | |
Pourquoi les garagistes ne vont jamais à la piscine avec Jessica ? Parce qu'ils ont peur de couler une Biel ! |
Quand la bouchée du morceau de poitrine de l’anatidé n’est plus qu’une boule de mousse résultant de son mixage avec ses divers fluides buccaux indispensables à son ingestion, alors Jessica joue comme nulle autre pareille de ses muscles pharyngiens pour la faire glisser jusque son œsophage, le laissant au passage caresser sa luette et son épiglotte délicates tout en prenant garde à ne pas le laisser obstruer sa trachée de reine. L’ordonnancement de l’appareil aéro-digestif de Jessica est tel une œuvre de Michel-Ange. Dans un luxe de détails, chaque protubérance, granulosité, proéminence et enflure s’organise avec les autres dans un camaïeu de rouges et de roses vernis par les glaires épais et poisseux assurant par un extraordinaire effet de lubrification le passage en toute sureté de sa nourriture du haut vers le bas. La simple pensée de ce spectacle pourtant moult fois fantasmé me met en émoi.
Et pourtant ce ne sont que les préliminaires d’un processus que la prunelle de mes œufs est parvenu grâce à son talent inné mais aussi par son travail acharné à base de répétitions depuis sa plus tendre enfance, à parfaitement assimiler. Car, à peine a-t-elle passé les contreforts intérieurs de la gorge goulue, l’heureuse et vaillante portion mastiquée de magret de canard aux olives entame sa descente vertigineuse vers ce qui sera son Walhalla sur Terre, la poche stomacale de Jessica Biel.
Fusse-telle dotée de la moindre conscience, cette boulette spongieuse aurait pu mesurer l’honneur qui lui fut fait de la laisser pénétrer dans cet antre sacré, traversant au passage des lieux magiques comme ces parois lisses et cotonneuses du tube œsophagien. L’estomac de Jessica, telle une huître perlière, va dès lors se saisir de cette offrande et lui faire entamer sa lente métamorphose en exploitant de façon remarquable les sucs gastriques aux senteurs enivrantes. Pendant quatre heures, la poche digestive de la déesse va activer ses enzymes qui tireront la quintessence de la carne ingérée. Cette dernière entrera alors en totale symbiose avec l’organisme de la belle, lui livrant corps, âme et protéines, carburants indispensables à l’épanouissement total de son hôte fugitive.
Jessica sait à quel point le public désarmé que nous sommes devant son être désarmant voudrait partager ne serait-ce qu’une infime part de sa plénitude. Aussi, dans un élan de grâce et de bonté combinées, parfois laisse-t-elle échapper ce mélange odoriférant et sonore de dioxyde de carbone et de reflux gastro-œsophagien. Son visage s’entoure alors d’un halo de parfums acres de viande prédigérée et de salive usagée que seuls les esthètes sont à même d'apprécier à leur juste valeur.
Laurent Ruquier dit : | |
Monsieur et Madame Ceroledanmacuisine ont une fille, comment l’appellent-t-ils ? |
Mais en son sein, l’aventure continue. Le morceau de magret de canard n’est plus qu’un doux rêve évanoui. Et pourtant malgré sa déliquescence inéluctable, ses molécules le rendent encore plus présent qu’avant. Car à l’issue de sa métamorphose gastrique, voilà que devant le chyme qui l’incarne à ce stade critique de la digestion, s’ouvrent les portes monumentales du duodénum de Jessica Biel. Telle l’écluse sur le long canal de la vie, ce duodénum célèbre entre tous et que le monde encense libère dans un flot unique et téméraire les acides, miasmes, particules de jus alimentaires jusqu’alors enserrés dans l’écrin stomacal.
C’est alors le lent exode intestinal qui débute. Pendant des heures, la chimie surnaturelle de l’intestin grêle de Jessica va pétrir cette mixture nutritive et s’en abreuver les parois grenelées pour en faire l’aumône aux cellules idéalement ordonnancée de Jessica Biel.
Laurent Ruquier dit : | |
Monsieur et Madame Scrout'Danmonpanier ont une fille, comment l’appellent-t-ils ? |
Elle pourrait s’arrêter là mais ce serait mal la connaître. Quand Jessica fait quelque chose, elle va jusqu’au bout. Aussi, après maints détours qui font son charme, l’intestin grêle passe le relai au gros colon. Des mètres de tripes à l’agencement subtil et aux circonvolutions d’artiste. On voudrait en faire plusieurs fois le tour mais il faut savoir être raisonnable. Ce qu’il reste du monceau de chair avalée il y a des heures subit alors une ultime et fantastique transformation. Forme, taille, odeur et même goût, tout est radicalement changé par la magie du corps idéal de Jessica Biel. Et dans une performance qu’elle seule est capable de produire, elle anime ses sphincters et daigne libérer par sa sortie à double sens l’agglomérat de matières fécales dont elle garde jalousement le secret de la composition. Oui, c’est décidément une sacrée actrice de composition.
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