Louis Pergaud

écrivain et instituteur français (1882-1915)

Louis Pergaud est un écrivain français né le à Belmont (Doubs) et mort pour la France le à Fresnes-en-Woëvre (Meuse).

Louis Pergaud
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Œuvres principales

Il est notamment l'auteur de De Goupil à Margot, prix Goncourt 1910, et de La Guerre des boutons, paru en 1912.

Biographie

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Jeunesse

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Maison natale de Louis Pergaud.

Louis Pergaud est originaire de Belmont, près de Besançon dans le Doubs. Son père, Élie Pergaud, instituteur paroissial depuis 1877, avait épousé le Noémie Collette, fille de fermiers de la même commune.

Louis est le cadet de trois enfants dont Pierre (-) et Lucien (1883-1973). Il se retrouve orphelin à 18 ans, son père et sa mère étant morts à Fallerans à un mois d'intervalle (respectivement les et ).

Il suit les traces de son père au moment de choisir son métier : après une préparation à Besançon, en , Louis Pergaud, âgé de seize ans, dont le travail est excellent, présente le concours d’entrée à l’École normale et il est reçu premier. Après trois années d'études acharnées dans cette école, il en sort, le , troisième de sa promotion. Il est nommé enseignant à Durnes, son premier poste, pour la rentrée d’.

Premiers écrits

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En 1903, il épouse Marthe Caffot, institutrice à La Barèche, un village voisin. En , avec l'aide d'un ami poète, Léon Deubel, il fait paraître son premier recueil de poésies, L’Aube. En 1905, lors de la séparation des Églises et de l'État, Pergaud est muté à Landresse, toujours dans le Doubs. L'arrivée au village d'un instituteur réputé socialiste et anticlérical suscite des protestations des populations locales ulcérées. Le refus de Pergaud d'assister à la messe et d'enseigner la doctrine catholique ont pour effet d'aggraver les tensions.

En 1907, il abandonne sa femme. Il déménage vers Paris et s'installe à Montesson, où sa maîtresse Delphine Duboz le rejoindra peu après[réf. nécessaire]. Il travaille comme clerc puis obtient un poste d'instituteur à l'école communale d'Arcueil puis à Maisons-Alfort, consacrant tout le temps qu'il peut à sa plus grande passion : l'écriture. Pergaud, l'écrivain, puisera aux souvenirs de sa terre natale, la Franche-Comté, pour composer la quasi-totalité de ses œuvres. La prose de Pergaud est souvent assimilée soit au mouvement réaliste, parfois même naturaliste, soit au mouvement moderniste. En 1908, Marthe Caffot et lui divorcent après presque trois ans de séparation. Le divorce est prononcé aux torts de l'écrivain. En , il épouse Delphine Duboz dont le grand-père est originaire de Domprel dans le Doubs[n 1].

Reconnaissance

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Sa première publication en prose parait dans le Mercure de France en 1910 ; intitulé De Goupil à Margot, ce recueil de nouvelles reçoit le prix Goncourt la même année. Avec cette œuvre Pergaud s'établit comme maître littéraire dans le domaine animalier. Certains critiques y voient l'expression des similitudes entre les instincts amoraux des animaux, et les activités immorales des hommes. Ces mêmes critiques proposent que Pergaud adopte une telle position en conséquence de son fervent antimilitarisme, une attitude qu'il aurait développée durant son service national en 1902[1].

En 1911 sort son deuxième recueil de nouvelles sur le thème des animaux, dont La Revanche du corbeau.

En 1912, il écrit La Guerre des boutons, roman de ma douzième année : rivalités belliqueuses entre garçons de deux villages voisins à chaque rentrée scolaire. Cette guerre prend une forme un peu particulière : en plus des coups et des injures, les « vaincus » se voient confisquer leurs boutons en guise de trophées, avant d'être renvoyés chez eux. Le roman commence avec humour et innocence, mais devient de plus en plus sinistre au fur et à mesure que la frontière entre jeu et réalité est brouillée. Sa Majesté des mouches, roman de l'écrivain britannique William Golding, développera plus tard des aspects assez similaires. La Guerre des boutons traite aussi de thèmes sociopolitiques de la Troisième République française : le conflit entre l'Église et le mouvement anticlérical, l'esprit revanchard, l'instruction civique à la Jules Ferry, etc. Les villages que Pergaud appelle Longeverne et Velrans sont ceux de Landresse et Salans, et dans le personnage de La Crique on reconnaît l'auteur lui-même.

En 1913 paraît Le Roman de Miraut, chien de chasse. Il écrit de nombreuses autres histoires à propos de la vie « rustique » et du règne animal, qui seront publiées à titre posthume.

Première Guerre mondiale et mort

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Louis Pergaud en tenue militaire.
 
Plaque commémorative au no 3, rue Marguerin à Paris (14e arr.).

En , Louis Pergaud est mobilisé dans l'armée française comme sergent (il sera nommé sous-lieutenant en ) au 166e régiment d'infanterie[2] cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front ouest, pendant l'invasion allemande.

Du au , il tient un Carnet de guerre, publié en intégralité en 2011. Dans Mots, propos et anecdotes, Paul Léautaud rapporte l'extrait surprenant d'une correspondance de Pergaud :

« J’ai des lettres de Louis Pergaud qu’il m’écrivait du « front ». Il était aux anges. « Je ne donnerais pas ma place pour je ne sais quoi. On tire du « Boche » comme du lapin. » »

Sa correspondance avec sa femme, Delphine, permet de nuancer ce propos. Parti dans l'enthousiasme pour chasser rapidement les « Boches », la durée, la dureté et l'horreur le ramèneront à son antimilitarisme d'avant la mobilisation. Et au fil de sa correspondance, on sent monter du respect pour les soldats allemands.

Le , son régiment lance, dans le secteur des Éparges près de Verdun, une attaque contre les lignes allemandes (attaque contre Marchéville-en-Woëvre - cote 233) à l'issue de laquelle il est porté disparu[3].

Selon l'hypothèse actuelle[réf. nécessaire], il aurait été piégé dans les barbelés et blessé par balles, plusieurs heures plus tard. [réf. nécessaire]. Celui-ci est détruit par un tir de barrage de l'armée française le , Louis Pergaud et de nombreux compatriotes figurant au nombre des victimes, bien que leurs corps n'aient jamais été retrouvés[4],[5].

Le , Louis Pergaud est déclaré « mort pour la France ». Ce jugement fait l'objet de deux transcriptions, les et , car il est établi deux fiches de transcription pour les officiers, ainsi que d'un acte de décès dans les registres d'état civil du 14e arrondissement de Paris, son dernier lieu de domicile[6].

Du point de vue stylistique, Louis Pergaud se réclame de Rabelais, notamment pour sa science de l'énumération[réf. nécessaire].

L'œuvre de Pergaud est toujours très populaire en France, avec plus d'une trentaine de rééditions de La Guerre des boutons. Elle est entrée dans le domaine public le [n 2].

Il existe une association dont le siège social est à Besançon, Les Amis de Louis Pergaud, fondée en 1965[7].

Liste des œuvres

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Éditions originales

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  • L'Aube, Édition du Beffroi, Lille, 1904, 68 p., recueil de poèmes.
  • L'Herbe d'avril, 1908, recueil de poèmes.
  • De Goupil à Margot, histoires de bêtes (prix Goncourt 1910), Mercure de France, Paris, 1910, 258 p — .
  • La Revanche du corbeau, nouvelles histoires de bêtes, Mercure de France, Paris, 1911, 253 p., réédité par les éditions Le Goupy, Paris, en 1925 avec dessins sur pierre par Roger Reboussin.
  • Le Roman de Miraut, chien de chasse, Mercure de France, Paris, 1913, 424 p., réédité par les éditions Les Bibliophiles comtois en 1964 avec lithographies originales de Roger Reboussin.
  • La Guerre des boutons, roman de ma douzième année, Mercure de France, Paris, 1912, 344 p — .
  • Léon Deubel: Régner, poèmes recueillis par Louis Pergaud, Mercure de France, Paris, 1913, 260 p. (préface de Pergaud p. 5 à 48).
  • Les Petits Gars des champs, in Revue des œuvres nouvelles, no 3, .
  • Les Rustiques, nouvelles villageoises, préface de Lucien Descaves, Mercure de France, Paris, 1921, 241 p — .
  • Lebrac bûcheron, roman inachevé, introduction d'Edmond Rocher, Mercure de France, Paris, 1923, 318 p. Œuvre posthume.
  • La Vie des bêtes, études et nouvelles, Mercure de France, Paris, 1923, 318 p.
  • Carnet de guerre, Éditions établie par Françoise Maury, Mercure de France, Paris, 2011, 158 p.
  • Lettres à Delphine. Correspondance (1907-1915), Mercure de France, Paris, 2014, 534 p.
  • La Fuite des Choses, l'intégrale des poèmes, Les Éditions du Sékoya, Besançon, 2021, 192 p.

Recueils

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Il existe plusieurs éditions des Œuvres complètes de Louis Pergaud, parmi lesquelles celle du Livre Club Diderot, préfacée par Pierre Gamarra au Mercure de France (1970). Ce recueil comprend :

  • De Goupil à Margot
  • La Revanche du corbeau
  • Le Miracle de saint Hubert
  • Le Roman de Miraut
  • Dernières Histoires de bêtes
  • La Guerre des boutons
  • Lebrac bûcheron
  • Les Petits Gars des champs
  • Les Rustiques
  • Nouvelles villageoises posthumes
  • La Vie des bêtes
  • Léon Deubel
  • Ébauches et choix de poèmes

Adaptations cinématographiques

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La Guerre des boutons a donné lieu à plusieurs adaptations cinématographiques :

Hommages et odonymie

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Plaque commémorative sur le fronton de la mairie de Durnes.
  • Le nom de Louis Pergaud figure sur le panneau des « écrivains morts au champ d'honneur » du Panthéon de Paris.
  • Le prix Louis-Pergaud est un prix littéraire créé en 1953. Il récompense un auteur dont l'œuvre traite de la Franche-Comté ou un auteur comtois quel que soit le thème de son livre.
  • Une quarantaine d'écoles maternelles, une soixantaine d'écoles primaires, quatorze collèges, un lycée, la médiathèque municipale d'Arcueil et plusieurs rues portent son nom ainsi qu'une des dix-neuf rames du tramway bisontin.
  • À Landresse, un restaurant avait pour enseigne « Petit Gibus » surnom de l'un des enfants de la Guerre des boutons.
  • Marguerite Henry-Rosier lui a rendu hommage par ce poème : Vers pour Louis Pergaud,
  • Une statue de Louis Pergaud en poilu par Antoine Bourdelle se trouve sur la promenade Micaud à Besançon. Les titres de certains de ses romans ont été gravés sur le socle. Ce monument en bronze fut inauguré en 1932, trois ans après la mort du sculpteur.
  • En 1963, un monument commémoratif dû au sculpteur Henri-Paul Rey[8] et dédié à Louis Pergaud est installé sur la place Clémenceau de Fresnes-en-Woëvre[9].
  • L'association des Amis de Louis Pergaud a inauguré, à Marchéville-en-Woëvre le , une stèle érigée près de l'endroit où il a disparu. Elle est due à Raymond Corbin, alors président de l'association et membre de l'Institut.
  • Un petit musée lui est consacré à Belmont, son village natal.
  • En mémoire des 2 années qu'il passa dans son enfance à Nans sous Sainte Anne et de sa découverte plus tard de la poésie de Léon Deubel [1]
  • En 1982, à l'occasion du centenaire de la naissance de Louis Pergaud, le chanteur et musicien franc-comtois Roger Serge a réalisé l'album Roger Serge chante Louis Pergaud[10].
  • La médiathèque municipale d'Arcueil porte son nom. Louis Pergaud était instituteur à l'école Laplace en 1910 quand il reçut le prix Goncourt.
  • Le Centre Médico-Psychologique de Noeux-Les-Mines porte son nom. (Ancienne école primaire)
  • L'école maternelle et élémentaire de Plaisir (Yvelines) porte son nom.
  • L'école élémentaire de Pontorson (Manche) porte son nom.
  • L'école élémentaire de La Motte-Servolex (Savoie) porte son nom.
  • Une école élémentaire de Valence porte son nom.
  • Une école maternelle et élémentaire d'Épinal porte son nom.
  • Le collège de Châtel-sur-Moselle (Vosges) porte son nom.
  • Le collège de Courville-sur-Eure en Eure & Loir porte son nom
  • Le collège de Foug en Meurthe et Moselle porte son nom
  • Le collège de Fresnes en Woevre dans le département de la Meuse porte son nom

Galerie

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Bibliographie

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  • Gérard Chappez, Louis Pergaud : de l'école buissonière au champ d'honneur, Bière (Suisse), éditions Cabédita, 2019. (EAN 9782882958440)
  • Henri Frossard, En Franche-Comté avec Louis Pergaud, Cannes, éditions de l'Institut coopératif de l'école moderne, 1967.
  • Henri Frossard, Louis Pergaud, avec des illustrations de Monique Roy-Gaubert et Roland Gaubert, Labergement, L'Amitié par le livre, 1982. (ISBN 2-7121-0091-3)
  • Charles Léger, Louis Pergaud (1882-1915), préface d'Antoine Bourdelle, Paris, Mercure de France, 1932.
  • Sylvie Mougin, « Insultes rituelles et langue d’initiation dans La Guerre des boutons de Louis Pergaud », Cultures enfantines : universalité et diversité, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011. [lire en ligne] (ISBN 9782753537385) DOI https://doi.org/10.4000/books.pur.10798

Notes et références

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Notes
  1. Elle meurt en 1963 et est enterrée à Landresse.
  2. Mort en 1915, la date de libération des droits commence au 1er janvier 1916 à laquelle s'ajoutent les durées de protection. Droits d'auteur de 50 ans au jour de sa mort. Mort pour la France, les droits sont prorogés de 30 ans. Prorogation de guerre : 14 ans et 272 jours (6 ans et 152 jours pour la 1re, et 8 ans et 120 jours pour la seconde), soit une durée de protection totale de 94 ans et 272 jours.
Références
  1. Jérôme Garcin, « La guerre de Pergaud », Le Nouvel Observateur no 2575, semaine du 13 mars 2014.
  2. [PDF] Historique du 166e régiment d’infanterie pendant la guerre 1914-1918, Berger-Levrault, Nancy.
  3. Journal de marche et opération du 166e RI.
  4. Registre matricule no 2216 de Louis Pergaud, en ligne sur les archives départementales du Territoire de Belfort. Les date et lieu du décès sont fixés officiellement par un jugement du tribunal civil de la Seine en date du 4 août 1921.
  5. Fiche de Louis Pergaud dans la base Mémoire des hommes.
  6. Mairie de Paris 14e, Acte de décès no 851, sur Archives de Paris, (consulté le ), vue 3.
  7. « Gros plan : Les Amis de Louis Pergaud », verdun-meuse.fr, consulté le 24 janvier 2016.
  8. Henri Frossard (ill. Monique Roy-Gaubert, Roland Gaubert), Louis Pergaud, Besançon, L'Amitié par le livre, , 269 p. (ISBN 2-7121-0091-3, présentation en ligne, lire en ligne), p. 12.
  9. « 55 - Meuse - Fresnes-en-Woëvre », sur MémorialGenWeb, (consulté le ) : « Ici disparut dans la nuit du 7 au 8 avril 1915 à l'âge de 33 ans le sous-lieutenant de réserve Louis Pergaud / Écrivain franc-comtois / Prix Goncourt / Hommage de ses amis / De ses compatriotes ».
  10. Site de Roger Serge.

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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