Mort
La mort est un concept qualifiant l'état d'un organisme biologique ayant cessé de vivre.
Ingrid Astier, Angle mort, 2013
[modifier]On n’accepte jamais.
- Angle mort, Ingrid Astier, éd. Gallimard-Folio Policier, 2015 (ISBN 978-2-07-046252-0), p. 18 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Amadou Hampâté Bâ
[modifier]- Amkoullel, l’enfant peul'', Amadou Hampâté Bâ, éd. Actes Sud, coll. « J’ai lu », 1991 (ISBN 2-290-30641-X), p. 152
C'est la Mort qui console, hélas ! Et qui fait vivre ;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le cœur de marcher jusqu'au soir.
- « La Mort des Pauvres », dans Les Fleurs du mal (1857), Charles Baudelaire, éd. Lemerre, 1900?, partie La Mort, p. 213 (texte intégral sur Wikisource)
La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang ː d'abord éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d'ailes et fuites en tout sens. Ensuite grands cercles sur l'eau, de plus en plus larges. Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu'auparavant, un silence, comment dire ː assourdissant.
- Autoportrait au radiateur (1997), Christian Bobin, éd. Gallimard, coll. « nrf », 1997 (ISBN 2-07-074978-9), p. 52
Par mes désirs prévenue,
Près de mon lit douloureux,
Déjà la mort est venue
Asseoir son squelette affreux ;
- « Odes », dans Œuvres Complètes, Nicolas Boileau, éd. Firmint-Didot, 1865, p. 599
- Le désert des Tartares, Dino Buzzati (trad. Michel Arnaud), éd. Robert Laffont, coll. « Pavillons », 1994 (ISBN 2-221-09637-1), p. 228
- Le désert des Tartares, Dino Buzzati (trad. Michel Arnaud), éd. Robert Laffont, coll. « Pavillons », 1994 (ISBN 2-221-09637-1), p. 229/230
Ce qui m’angoisse, et pour toujours je crois, c’est la façon qu’un petit enfant cesse de jouer pour s’en aller tout de suite, si vite, c’est presque rien à trépasser, le temps de lever un deux trois son petit pinceau, de rire bien encore deux ou trois fois, quatre, et puis voilà. Cette façon de n’être entré dans nos ombres que pour y porter un petit peu de lumière, comme un papillon entre au soir au jardin et s’en va devant la nuit. Vingt ans sont passés depuis, cependant bien des choses encore, des biens étranges et biens lourdes, et petit Peter qu’est toujours là, pour un dixième, pour un petit soupir.
- Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962 (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 71
- Dernières phrases du roman.
- (bn) Devdas, Saratchandra Chattopadhayay (trad. Amarnath Dutta), éd. Les Belles Lettres, coll. « La voix de l'Inde », 2007 (1er tirage 2006) (ISBN 978-2-251-72007-4), chap. 16, p. 195 (texte intégral sur Wikisource)
Malcolm de Chazal
[modifier]- « Sens plastique », Malcolm de Chazal, dans Anthologie de la poésie française du XXè siècle (1948), Michel Décaudin (Ed.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 439
Le dit de Tianyi
[modifier]Entre-temps, ma petite sœur, cette compagne de jeux, cette complice, qui dormait chaque nuit à côté de moi, un matin n'ouvrit pas les yeux, ne me sourit pas, ne me répondit pas. D'un coup, elle ne fut plus là, plus jamais là, creusant un vide énorme dans la maison et au-dehors. Si grand que fussent le chagrin de mes parents et mon crève-cœur à moi, j'étais pourtant convaincu qu'elle se trouvait quelque part, qu'elle jouait à cache-cache avec moi. Que de fois, au craquement d'un meuble, aux crissements des feuilles sur le sentier, je me suis retourné…
C’était en m’accrochant à la lueur bleue que toutes les nuits suivantes je tentais de dominer ma peur. Je communiais avec la souffrance de l’autre qui avait maintenant un visage. Le jeune homme aux yeux fiévreux et aux joues creuses, entre-temps, était devenu mon compagnon. Par allusions successives, il m’avait signifié que son plus grand regret était de devoir quitter cette vie sans avoir connu de femme. Comment le consoler ? Pouvais-je lui dire que tout homme, né d’une mère, a déjà connu la femme. Et sa mère, si elle le savait – elle ne le saura jamais -, le reprendrait volontiers en elle, le réchauffant de sa chair, pour qu’il renaisse. Nuit après nuit, à défaut d’être consolé, je me contraignais par la pensée à devenir consolateur. Le jeune homme avant de disparaitre m’aura fait, à sa manière, un signe de vie. Un signe de la vie.
Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie
[modifier]Pour l’heure, tentons tout de même, d’après notre expérience de la vie d’ici, d’imaginer un instant une forme d’existence dans laquelle les êtres ignoreraient totalement la mort. Ils seraient donc toujours là, depuis toujours contemporains. D’ailleurs, les mots tels que « toujours » et « contemporain » n’existeraient probablement pas dans leur vocabulaire, puisque, de fait, le temps serait absent de leur univers. Tout ayant été donné depuis toujours, ils n’auraient pas l’idée d’un écoulement et d’un renouvellement, encore moins celle de la transformation ou de la transfiguration. Tout étant répétable et différable, il n’y aurait chez eux ni élan irrésistible ni désir irrépressible pour une réalisation. Ils n’éprouveraient aucun étonnement, aucune reconnaissance devant l’existence, perçue par eux comme une donnée qui se continuerait indéfiniment, et jamais comme un don inespéré, irremplaçable.
- Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie, François Cheng, éd. Albin Michel, 2013 (ISBN 978-2-226-25191-6), p. 20
Ici, au contraire, leur rumeur nous parvient, infiniment émouvante et éclairante, murmures qui sourdent du cœur, paroles proches de l'essence, comme filtrées par la grande épreuve. Car avec les morts nous gagnons à rester tout ouïe : ils ont beaucoup à nous dire. Étant passés par la grande épreuve, ils sont en quelque sorte des initiés. Ils sont à même de repenser et revivre la vie autrement, de jauger la vie à l'aune de l'éternité.
- Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie, François Cheng, éd. Albin Michel, 2013 (ISBN 978-2-226-25191-6), p. 34,35
Chers amis, au cours de mes précédentes méditations, nous avons pu voir que la vie a imposé la mort corporelle comme une de ses propres lois, cela afin que la vie soit vie, qu'elle soit en devenir. La mort n'étant que la cessation d'un certain état de la vie, elle n'existerait pas si n'existait la vie. La mort corporelle, inéluctable, révèle paradoxalement la vie comme le principe absolu. Il n'y a qu'une seule aventure, celle de la vie. Cette aventure, rien ne peut plus faire qu'elle ne soit advenue dans l'univers et qu'elle se poursuive.
- Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie, François Cheng, éd. Albin Michel, 2013 (ISBN 978-2-226-25191-6), p. 103
Quand reviennent les âmes errantes
[modifier]Toi qui as été justicier, qui as supprimé la vie d’autres personnes, as-tu agi de façon toujours juste ? Eh bien, interroge-toi. Peux-tu continuellement esquiver ta propre mort, continuellement ruser avec elle ? Le temps n’est-il arrivé pour toi d’honorer ton mandat ? Peut-être es-tu venu au monde pour faire face à ce défi ! Peut-être est-ce bien à toi de faire ce qu’il y a à faire !
- Quand reviennent les âmes errantes (2012), François Cheng, éd. Albin Michel, 2020 (ISBN 978-2-226-45131-6), p. 62
La vraie gloire est ici
[modifier]À bout de soif,
une gorgée d'eau…
Toute mort est vie ː
désert-oasis
- La vraie gloire est ici (2015), François Cheng, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2015 (ISBN 978-2-07-011208-1), p. 11
- La liberté ou l'amour ! suivi de Deuil pour deuil (1924), Robert Desnos, éd. Gallimard, 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), p. 125
- La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), IX. Le palais des mirages, p. 99
- Les réquisitoires du tribunal des flagrants délires - Tome I, Pierre Desproges, éd. Points, 2003 (ISBN 978-2020685368), Réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen le 28 septembre 1982, p. 102-107
Il se trouvait déjà dans un coma léger. J’ai toujours eu le sentiment que les agonisants restent conscients jusqu'à la fin. Ils ne sont séparés des vivants que par des dysfonctionnements physiques. Je ne crois pas qu’un homme puisse être totalement coupé du monde. J’ai acquis cette certitude après avoir accompagné tant de moines vers la mort. Le frère Paul n’est pas resté longtemps dans notre infirmerie. Il est mort trois jours plus tard.
- Un temps pour mourir. Derniers jours de la vie des moines, Nicolas Diat, éd. Fayard, 2018 (ISBN 978-2213705637), p. 119
Dom Innocent me dit avec son humour habituel que la vie serait un désastre si nous ne savions pas que la mort viendrait nous chercher un jour. Comment les hommes resteraient-ils indéfiniment dans cette vallée de larmes ? « Nous sommes nés pour rencontrer Dieu. Les vieux chartreux lui demandent de ne pas tarder. La mort c’est la fin de l’école. Après le Paradis arrive. Un moine a donné sa vie à Dieu, et il ne l’a jamais rencontré. Il est normal qu’il soit impatient de le voir. »
- Un temps pour mourir. Derniers jours de la vie des moines, Nicolas Diat, éd. Fayard, 2018 (ISBN 978-2213705637), p. 211
- Épicure et les épicuriens (1961), Épicure (trad. Maurice Solovine, choix des textes Jean Brun), éd. Presses universitaires de France, coll. « Les grands textes », 2004, p. 130 (texte intégral sur Wikisource)
- Tandis que j'agonise (1930), William Faulkner (trad. Maurice-Edgar Coindreau), éd. Gallimard, coll. « Du monde entier », 1966, p. 183
- À propos d'une silhouette de craie sur un trottoir, suite à mort violente.
- La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 50
Tu dors sans faste, au pied de la colline,
Au dernier rang,
Et sur ta fosse un saule pâle incline
Son front pleurant ;
Ton nom déjà par la nuit et la neige
Est effacé
Sur le bois noir de la croix qui protège
Ton lit glacé.
- « Clémence », dans Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1 (1832), Théophile Gautier, éd. Lemerre, 1890, p. 63
Enfin au cimetière,
Un soir d’automne sombre et grisâtre, une bière
Fut apportée : un être à la terre manqua ;
Et cette absence, à peine un cœur la remarqua.
- « Une âme », dans Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1 (1832), Théophile Gautier, éd. Lemerre, 1890, p. 77
- Les rivières pourpres, Jean-Christophe Grangé, éd. Albin Michel, 1998, p. 238
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 22-23
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 123
- La Touche étoile, Benoîte Groult, éd. Le Livre de Poche, 2006, p. 198
De ma mort
Ce n'est pas moi
Qui fermerai
Pas moi qui crierai
Pour la fermeture.
C'est qu'on me fermera
- « De ma mort », dans Sphère, Guillevic, éd. Gallimard, 1963, p. 17
- Pensées (~1780-1824), Joseph Joubert, éd. Librairie Vve Le Normant, 1850, t. 1, p. 231 (texte intégral sur Wikisource)
- Ulysse (1922), James Joyce (trad. Auguste Morel), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1957 (ISBN 2-07-040018-2), p. 17
Poussant devant lui un amas flottant de détritus, un banc de poissons en éventail, de cocasses coquilles. Un cadavre blanc de sel, émergeant dans le ressac, ballotté vers la terre, mètre à mètre, un marsouin. Le voilà. Accrochez-le vite. Tout descendu qu'il soit sous le plancher des eaux. Il est à nous. Stoppe.
Sac de gaz cadavériques macérant dans une saumure infecte. Un frisson de fretin engraissé d'un spongieux morceau de choix fuit des interstices de sa braguette boutonnée. Dieu se fait homme se fait poisson se fait oie bernacle se fait édredon. Vivant, je respire des souffles morts, foule la poussière de mort, dévore un urineux rebut de chairs mortes. Hissé roide sur le plat-bord, il exhale aux cieux la puanteur de son tombeau vert, le trou lépreux de son nez ronflant au soleil.
Une marine métamorphose ceci, des yeux bruns bleuis de sel. Mort par la mer, la plus douce des morts qui s'offrent à l'homme. Antique Père Océan.
- Ulysse (1922), James Joyce (trad. Auguste Morel), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1957 (ISBN 2-07-040018-2), p. 79
- Graffiti/Frontalières (1966), Ernst Jünger (trad. Henri Plard), éd. Christian Bourgois, coll. « 10/18 », 1977, p. 77
- Graffiti/Frontalières (1966), Ernst Jünger (trad. Henri Plard), éd. Christian Bourgois, coll. « 10/18 », 1977, p. 79
Hadrianus Junius, XVIè siècle
[modifier]- Accompagne une gravure de Heemskerck, La Victoire de la Mort.
- Heemskerck, l'humanisme, Hadrianus Junius, éd. Musée des Beaux-Arts de Rennes, 2010, p. 123
– On ne sait rien, dit-il, avec un geste qu'il ne parvint pas à rendre insouciant.
– Ils étaient quatre, Thélis ? demanda Marbot à mi-voix.
Le capitaine ne répondit pas. La mort entra dans le mess.
Mais Neuville, en qui se glissait l'épouvante, voulut une diversion.
– Sans atout, dit-il.
– Et Charensole répliqua :
–Deux trèfles.
Il parut à l'aspirant que l'air manquait à toutes les poitrines, mais on ne pouvait ouvrir la porte. L'orage frappait la nuit. Comme ils ne trouvaient pas d'autre occupation, la partie continua.
- L'équipage (1923), Joseph Kessel, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2007 (ISBN 978-2-07-036864-8), p. 81, 82
Plein de fatigue et d'horreur, Oetilé ne parvenait pourtant pas à détacher son regard de cette forme qui lui ressemblait encore par son épouvante, par son ignorance et qui, dans quelques minutes, allait tout comprendre. Marc eut l'espoir insensé que, lui aussi, à travers elle, saurait. Jamais il n'avait senti aussi transparent, aussi matérialisé, le grand passage, car la lutte désespérée de l'agonisant réduisait la marge flottante de la vie à la mort, la rongeait jusqu'à cette pointe extrême où l'une se mêle à l'autre impénétrablement.
Pourquoi tous ces hommes ont-ils laissé leurs habitudes, et leurs plaisirs, et leur sécurité ? Quel est donc cet instinct secret et sacré, plus fort que celui de vivre, et qui les pousse à embrasser la mort ? Aucun d'eux n'est un héros. Ils ont tous une épouvante humaine de la fin. Ils n'ont aucun goût du martyre. ils sont jeunes et forts. Ils aiment et le vin et les filles. D'où vient cette volonté, cet acharnement à saigner, à crever ? Moi, je sais pourquoi je suis ici. Je hais l'esprit allemand, je hais ma faiblesse physique et je viens vaincre ma peur. J'ai le sens aigu du mépris de moi-même. Je ne saurais vivre en le portant à l'extrême. Oui, moi, je sais… Mais eux ? Pourquoi ?
- Le bataillon du ciel (1947), Joseph Kessel, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2009 (ISBN 978-2-07-036642-2), p. 31, 32
- Søren Kierkegaard. Œuvres complètes (1843), Søren Kierkegaard (trad. Paul-Henri Tisseau), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1993 (ISBN 2-221-07373-8), p. 37
- « Poésies », Comte de Lautréamont, Littérature, nº 3, Mai 1919, p. 9
Mains ouvertes des morts sous les feuilles de la forêt
- « Le Carreau sans cœur », Annie Le Brun, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 59
- Journal littéraire, Paul Léautaud, éd. Mercure de France, 1962, p. 260
- Petites œuvres morales (texte en ligne), Giacomo Leopardi, éd. Allia, 1992 pour la traduction, p. 25
- Aux écluses du destin, Claude Luezior, éd. L'Harmattan, 2004, p. 50
- L'Espoir (1937), André Malraux, éd. Gallimard, coll. « nrf », 1937, p. 225
- Des villes dans la plaine, Cormac McCarthy (trad. François Hirsch et Patricia Schaeffer), éd. Éditions de l'Olivier, 2002, p. 317
- La Montagne magique (1931), Thomas Mann (trad. Maurice Betz), éd. Arthème Fayard, coll. « Le Livre de Poche », 1994, p. 300
- « Le Dépit amoureux », dans Œuvres complètes, Molière, éd. F. Didot, 1856, acte V, scène IV, p. 82 (voir la fiche de référence de l'œuvre) (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 9 décembre 2008.
- Essais, Montaigne, éd. Firmin-Didot frères, 1854, chap. 19, livre I, p. 31 (voir la fiche de référence de l'œuvre) (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 8 avril 2014.
- Essais, Montaigne, éd. Firmin-Didot frères, 1854, chap. 19, livre I, p. 32 (voir la fiche de référence de l'œuvre) (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 20 juin 2010.
Il est bien que l'homme meure quand il est abandonné par la part divine de soi-même.
- (fr) Brocéliande: Notes, Henry de Montherlant, éd. Gallimard, coll. « Théâtre, Bibliothèque de la Pléiade », 1972, p. 1006
- La Désobéissance (1948), Alberto Moravia (trad. Michel Arnaud), éd. Denoël, coll. « Folio », 1993 (ISBN 2-07-036508-5), chap. XII, p. 135
- « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 50
Car naturellement, il y a la mort. Elle a sa place dans les calculs domestiques. Mais ce ne pas une bête sauvage, tapie, à l’affût, prête à bondir. On est en 1914, que diable ! Le siècle de la science, du progrès. La mort elle-même se fait petite devant ces lumières.
- Les Feux de l'automne (1957), Irène Némirovsky, éd. Albin Michel, 2007, p. 29
- Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007 (ISBN 978-2-234-05990-0), Décembre (1931), p. 30
- La Lueur des orages désirés. Journal hédoniste IV, Michel Onfray, éd. Grasset, 2007, p. 13
Le vent du soir
[modifier]- Le vent du soir, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean Claude Lattès, 1985, p. 365
La Douane de mer
[modifier]- La Douane de mer (1994), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006 (ISBN 2-07-039461-1), p. 227
Guide des égarés
[modifier]Ce qu'il y a de plus étrange dans la mort, c'est cette barrière infranchissable qui la sépare de la vie. On dirait un fait exprès. Très loin dans le passé, il y a des millions et des millions de siècles, un mur s'élève tout au début pour nous empêcher de connaître notre origine. Très près dans l'avenir, dans quelques années, dans quelques mois ou peut-être demain, un mur s'élève tout à la fin pour nous empêcher de connaître notre destin.
Nous ignorons d'où nous venons, nous ignorons où nous allons. Nous sommes tous des égarés.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 66, 67
Une fête en larmes
[modifier]– À quoi ? demanda Clara avec une ombre d'insolence.
– Mais à la mort, lui dis-je. Ne le savez-vous pas ? Tout finit. Les amours éternels finissent aussi par finir. Vous finirez. Je finirai. Je suis près de finir. Vous êtes loin de finir parce que vous êtes jeune. Mais vous finirez aussi. C'est un malheur. Et, en un sens, c'est une chance. On peut dire que, sous le soleil et au-delà du soleil, tout est triste et mal parce que tout finit. On peut dire aussi — et c'est pire, et c'est encore plus triste — que tout est bien : parce que tout finit.
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
[modifier]Apparemment opposée à la première, la deuxième a quelque chose de plus sombre : naître, c'est commencer à mourir et la vie que j'ai tant aimée est une espèce d'illusion appelée avec évidence à se dissiper au plus vite et à périr à jamais. Cette deuxième conviction l'emporte de loin sur la première. Avec ses bonheurs et sa tristesse, avec ses drames et ses enchantements, l'existence sur cette terre m'apparaît comme un sas, une sorte de stage, une épreuve, un examen de passage – mais vers quoi ou vers où ?
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 450
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Sables mouvants — Ma vie avec la vague, p. 76
Il se tenait debout, entre le novice attaché à la barre, et la silhouette plus claire du père Élias qui, simplement, avait l’air d’attendre, un air d’attendre admirable ; sa posture n’était pas celle de l’indifférence, ni de l’abandon, ni de la superbe, mais la posture extraordinairement placide et résolue d’un homme qui, ne sachant pas trop ce qu’il va quitter, sait fort bien, et de longue date, ce qui l’attend.
- Le vent dans les voiles (1948), Jacques Perret, éd. éditions du Rocher, 2006 (ISBN 978-2-268-05827-6), p. 249
- Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006 (ISBN 978-2-07-033897-9), Colloque entre Monos et Una, p. 288
- (es) Mi padre, al irse, le regaló medio siglo a mi infancia.
- Le Diable au corps (1923), Raymond Radiguet, éd. Librio, 2003 (ISBN 2-290-33962-8), p. 45 (texte intégral sur Wikisource)
Je crains pas ça tellment la mort de mes entrailles
et la mort de mon nez et celle de mes os
Je crains pas tellement moi cette moustiquaille
qu'on baptisa Raymond d'un père dit Queneau
[...] Je crains pas cette nuit Je crains pas le sommeil
absolu Ça doit être aussi lourd que le plomb
aussi sec que la lave aussi noir que le ciel
aussi sourd qu'un mendiant bêlant au coin d'un pont
- « L'instant fatal », Raymond Queneau, dans Anthologie de la poésie française du XXè siècle, Michel Décaudin (Ed.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 448
- Vincent Roca, Le Fou du Roi, France Inter, 5 février 2007
- Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry, éd. Le Livre de Poche, 1939, p. 128 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Terre des hommes, Antoine de Saint-Exupéry, éd. Le Livre de Poche, 1939, p. 234 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Citation choisie pour le 19 juin 2014.
Au contact avec le vivant, rien se semble plus naturel que la mort. Il suffit d'imaginer une forêt où aucune plante ne s'assécherait et où la sève ferait croître indéfiniment les arbres pour se rendre compte de l'utilité de la mort. Si notre planète était peuplée de tous les hommes qui sont nés depuis la préhistoire, elle deviendrait invivable et l'image la plus juste de l'enfer.
Haïr la mort ou la cacher ne sert à rien. Je me méfie de ceux qui veulent vivre comme si l'instant présent pouvait se dilater de manière infinie. Ils se distraient de leur condition mortelle par toutes les ressources de l'illusion afin de repousser loin de leur conscience le dernier des rendez-vous. Celui-ci survient toujours trop tôt, sans qu'ils aient pu se préparer.
La mort est une réalité intrinsèque à la condition humaine. Depuis la première minute de notre existence, elle est aussi présente, palpable et indispensable que l'air que nous respirons. Des nourrissons de trois jours s'éteignent dans un souffle. Leur vie enferme la même énigme que celle d'un vieil homme qui part, entourés des siens. Depuis Buchenwald, j'ai connu beaucoup de jeunes vies fauchées par la guerre. Le mystère de leur passage m'habite toujours.
- Les Mots (1964), Jean-Paul Sartre, éd. Gallimard, coll. « folio », 1972 (ISBN 2-07-036607-3), partie Lire, p. 81
- Citation choisie pour le 31 mars 2008.
- Citation choisie pour le 20 septembre 2011.
- L’amour dans une langue morte, Lee Siegel (trad. M.-O. Probst et A. Porte), éd. Philippe Picquier, 2003, p. 387
- Apologie de Socrate, 29a-b.
- Apologie de Socrate. Criton. Phédon., Platon (trad. Léon Robin et Joseph Moreau), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1968, 29a-b, p. 43
La mort peut être quelque chose de beau. C'est comme rentrer à la maison. Celui qui meurt en Dieu rentre chez lui, même si naturellement la personne qui s'en est allée nous manque. Mais c'est quelque chose de beau. Cette personne est de retour à la maison de Dieu.
- Mère Teresa, il n'est de plus grand amour, Mère Teresa (trad. Marie-Grabielle Zanetto), éd. Presses du Châtelet, 2016 (ISBN 978-2-84592-688-2), p. 131
Comment parler aux hommes ? demandait Saint-Exupéry juste avant d’entrer dans le silence éternel. C’est le tourment de tout homme qui écrit, non pour assembler des mots ni même pour répandre des idées, mais pour partager avec ses frères une vérité et un amour plus vivants en lui que lui-même : où sont les paroles qui atteignent l’être dans sa source, comment trouver les mots qui mènent au-delà des mots ?
Et d’abord, qu’est-ce que l’homme ? Une chose qui pense et qui aime et, en même temps, qui va mourir et qui le sait. Peu importe qu’il s’évertue à l’oublier et qu’il se fasse un bandeau de toutes les apparences : l’œil de l’âme ne s’aveugle pas comme l’œil du corps, et il le sait tout de même. C’est son unique certitude, la seule promesse qui ne faillira point et le paradoxe d’une vie dont la suprême vérité est dans la mort. Nous mourrons, moi qui parle et vous qui m’écoutez – et toute parole entre nous est vaine qui n’a pas d’écho dans cette ultime enceinte de l’âme où règne déjà la mort immortelle. Seule a un sens, parmi le tapage du monde, la voix solitaire qui sait réveiller dans l’homme le Dieu endormi.
- Notre regard qui manque à la lumière, Gustave Thibon, éd. Fayard, 1970 (ISBN 978-2-213-00296-5), p. 9
Ne pas mourir est un chose. Vivre en est une autre. Nous entrons dans une ère où l'homme cultive et multiplie tous les moyens de ne pas mourir (médecine, confort, assurances, distractions) - tout ce qui permet d'étirer ou de supporter l'existence dans le temps, mais non pas de vivre, car l'unique source de la vrai vie réside au-delà du temps et contient la mort dans son unité. Nous voyons poindre l'aurore douteuse et bâtarde d'une civilisation où le souci stérilisant d'échapper à la mort conduira les hommes à l'oubli de la vie.
- Notre regard qui manque à la lumière, Gustave Thibon, éd. Fayard, 1970 (ISBN 978-2-213-00296-5), p. 73
Telle qu'un moissonneur, dont l'aveugle faucille
Abat le frais bleuet, comme le dur chardon,
Telle qu'un plomb cruel qui, dans sa course, brille,
Siffle, et, fendant les airs, vous frappe sans pardon
- La mort
- Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 7, p. 210, vers 1-4
Plus tard, soit que le sort, l'épargne ou le désigne,
On le verra, bon vieux, barbe blanche, œil terni,
S'éteindre doucement, comme un jour qui finit.
Ou bien, humble héros, martyr de la consigne,
Au fond d'une tranchée obscure ou d'un talus
Rouler, le crâne ouvert par quelque éclat d'obus.
- L'apollon de Pont-Audemer.
- Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 7, p. 215, vers 9-14
- Éducation européenne (1945), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1956 (ISBN 9782070362035), p. 24
Anne Calife sous le nom de Anne Colmerauer, La déferlante, 2003
[modifier]- La déferlante, Anne Calife, éd. Balland,2003, réédition Menthol House, 2003 (ISBN 2-7158-1436-4), p. 61
Anne Calife, Paul et le Chat, 2004
[modifier]- Paul et le Chat, Anne Calife, éd. Mercure de France, réédition Menthol House, 2004 (ISBN 978-2-9599680-2-0), p. 20
- Paul et le Chat, Anne Calife, éd. Mercure de France, réédition Menthol House, 2004 (ISBN 978-2-9599680-2-0), p. 23
Amin Maalouf, Origines, 2004
[modifier]- Origines, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2004, p. 9
Guillaume Musso, Sauve-moi, 2005
[modifier]- Sauve-moi, Guillaume Musso, éd. Pocket, 2005, p. 38
L’Attentat, 2005
[modifier]- L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 11
- L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 84
- L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 213
Ce que le jour doit à la nuit, 2008
[modifier]- Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2008, p. 12
L’Olympe des Infortunes, 2010
[modifier]- L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 227
L’équation africaine, 2011
[modifier]- L’équation africaine, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2011, p. 285
Alexandre Najjar, Kadicha, 2011
[modifier]- Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 129
- Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 175
- Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 188
- Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 207
Amin Maalouf, Les désorientés, 2012
[modifier]- Les désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 20
- Bel-Ami (1885), Guy de Maupassant, éd. Gallimard, 1973 (ISBN 2-07-036865-3), partie 1, chap. 6, p. 169