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Nadia El Fani

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Nadia El Fani (arabe : نادية الفاني), née le à Paris[1], est une réalisatrice, scénariste et productrice franco-tunisienne.

Nadia El Fani est née d'une mère française et d'un père tunisien[2]. Son père Béchir El Fani est l'un des dirigeants du Parti communiste tunisien après l'indépendance[3]. Elle lui consacre son film Ouled Lenine en 2008[4]. Elle est une athée fervente, féministe et militante pour la liberté d'expression[5].

Elle commence à travailler dans le cinéma comme stagiaire en 1982, sur le film Besoin d'amour de Jerry Schatzberg[6], tourné en Tunisie[7]. Elle devient ensuite assistante à la réalisation et travaille notamment avec Roman Polanski, Nouri Bouzid, Romain Goupil et Franco Zeffirelli[3],[2]. À partir de 1990, elle réalise ses premiers courts métragesPour le plaisir, Fifty-Fifty, mon amour, Tant qu'il y aura de la pelloche, etc. — et crée sa propre société de production en Tunisie, Z'Yeux Noirs Movies[2], pour produire et réaliser ses films depuis ce pays[3].

Elle s'installe à Paris en 2002, durant la postproduction de son premier long métrage de fiction, Bedwin Hacker[3].

Documentaires

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Proche de groupes de Tunisiennes militantes, elle se lance dans le documentaire en 1993 avec Femmes Leader du Maghreb et Tanitez-moi[3].

Elle réalise plusieurs documentaires dont Ouled Lenine en 2008, Ni Allah, ni maître ![8] renommé Laïcité, Inch'Allah ! en 2011[9], Même pas mal en 2012 et Nos seins, nos armes ! en 2013.

En , six plaintes au pénal sont déposées contre elle en Tunisie à la suite de la diffusion de son film Laïcité, Inch'Allah ! ; elles ne sont classées sans suite que six ans plus tard, le [10]. Faouzia Charfi note qu'un entretien de Nadia El Fani à la chaîne Hannibal TV à propos de son film Laïcité, Inch'Allah ! a été tronqué pour l'attaquer et « appeler à la haine »[11].

En 2013, elle co-réalise avec Caroline Fourest Nos seins, nos armes ! , un documentaire sur le mouvement Femen pour France 2. En , elle retourne en Tunisie pour présenter son film Même pas mal[12]. En 2022, elle présente un nouveau film, Capitale parenthèse, où elle revient sur son expérience du confinement durant la pandémie de Covid-19[13].

Anti-athéisme : appel à la violence

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Laure Daussy, journaliste de Charlie Hebdo écrit à son sujet : « Nadia El Fani a été soutenue en France, mais elle a dû faire face à un autre ennemi des athées, surtout lorsque ce sont des "ex-musulmans" : des membres des Indigènes de la République avaient appelé à "lui casser la gueule". On n'en est pas encore à l'appel au meurtre comme au Bangladesh, mais le cœur y est[14]. »

Filmographie

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Nadia El Fani raconte son histoire lors du Congrès international pour les libertés d'expression et de conscience à Londres en juillet 2017.
  • 1990 : Pour le plaisir (court métrage de fiction) - réalisation
  • 1992 : Fifty-fifty, mon amour (court métrage de fiction) - réalisation
  • 1993 : Femmes Leader du Maghreb (long métrage documentaire) - réalisation
  • 1993 : Tanitez-moi (long métrage documentaire) - réalisation
  • 1995 : Mon cœur est témoin (long métrage documentaire québéco-tunisien de Louise Carré) - production
  • 1998 : Tant qu'il y aura de la pelloche (court métrage documentaire) - réalisation
  • 2003 : Bedwin Hacker (long métrage de fiction) - réalisation, scénario et production
  • 2005 : Unissez-vous, il n'est jamais trop tard !, pour la série de courts métrages Paris la métisse - réalisation
  • 2007 : Ouled Lenine (long métrage documentaire) - réalisation
  • 2011 : Laïcité, Inch'Allah ! (long métrage documentaire) - réalisation et production
  • 2012 : Même pas mal (long métrage documentaire) - coréalisation (avec Alina Isabel Pérez) et scénario
  • 2013 : Nos seins, nos armes ! (long métrage documentaire pour France 2 sur le mouvement Femen) - coréalisation (avec Caroline Fourest)
  • 2016 : Avec ou sans (documentaire sur le Festival international de danse contemporaine de Marrakech)
  • 2022 : Capitale parenthèse

Distinctions

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En 2011, elle reçoit le Prix de la laïcité[15].

Notes et références

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  1. « Nadia El Fani » (présentation), sur l'Internet Movie Database.
  2. a b et c (en) Rebecca Hillauer, Encyclopedia of Arab Women Filmmakers, Le Caire, Presses de l'université américaine au Caire, , 484 p. (ISBN 978-9-774-24943-3, lire en ligne), p. 390
  3. a b c d et e « Nadia El Fani », sur franceinter.fr (consulté le ).
  4. « Entre manipulation télévisuelle et justesse cinématographique », Attariq Al Jadid,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Chiara Spagnoli Gabardi, « Carthage Film Festival: Capitale Parenthèse / Exclusive Interview With Nadia El Fani », sur cinemadailyus.com, (consulté le ).
  6. « Nadia El-Fani », sur allocine.fr (consulté le ).
  7. (en) « Misunderstood (1984) - Filming Locations », sur imdb.com (consulté le ).
  8. Frida Dahmani, « Tunisie : Nadia el-Fani, sans dieu ni maître », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
  9. « Nadia El Fani - Une artiste en sursis », sur lepetitjournal.com, (consulté le ).
  10. « Cinéma : les plaintes contre Nadia El Fani classées sans suite », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  11. « La charia et les révolutions arabes », dans Faouzia Charfi, Sacrées questions... : pour un islam d'aujourd'hui, Paris, Odile Jacob, (ISBN 978-2-738-13486-8).
  12. « Même pas mal de Nadia El Fani aux JCC 2017 », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  13. « Capitale parenthèse : nouveau film de Nadia El Fani », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  14. Laure Daussy, « Être athée ou signer sa condamnation à mort », Charlie Hebdo,‎ (ISSN 1240-0068, lire en ligne, consulté le ).
  15. « Les lauréats du Prix de la Laïcité et les présidents du jury depuis 2003 », sur laicite-republique.org, (consulté le ).

Liens externes

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