Nom de Sa-Rê
Le nom de Sa-Rê, qui signifie « fils de Rê », est l'un des cinq noms faisant partie de la titulature des pharaons à partir de Khéphren. Il a été introduit par le roi Djédefrê, troisième pharaon de la IVe dynastie, comme une modification de l'appellation traditionnelle Nesout-bity (« prénomen ») pour devenir un nom « nomen » (ou encore « nom de naissance ») indépendant[1].
Il est formé des hiéroglyphes du canard (sa, fils) et du dieu-soleil (Rê), suivis du nom de naissance inscrit dans un cartouche[2], et rattache ainsi charnellement pharaon à la puissance cosmique de l'univers.
La Titulature royale complète, dans l'ordre:
- le nom d'Horus,
- le nom de Nebty,
- le nom d'Horus d'or,
- le nom de Nesout-bity,
- le nom de Sa-Rê.
Exemples de « Noms de Sa-Rê »
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Amenhotep III « Imen-hetep héqa-Ouaset » (Amon est satisfait, Seigneur de Thèbes) |
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Toutânkhamon « Tout-ânkh-imen héqa-iounou-shemaou » (Image vivante d'Amon, Souverain de l'Héliopolis du sud) |
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Nekhtnebef Ier « Nekhet-neb-ef » (Victorieux est son Seigneur) |
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Premier nom de Sa-Rê connu (?), celui de Khéphren Cartouche 23 de la Liste des rois d'Abydos. Temple de Séthi Ier, Abydos, Egypte
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Nom de Sa-Rê de Thoutmôsis III à Karnak.
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Nom de Sa-Rê de Toutânkhamon sur un coffre en bois de sa tombe.
« Noms de Sa-Rê » de pharaons
[modifier | modifier le code]Historique
[modifier | modifier le code]La première utilisation connue du titre Sa-Rê remonte au règne du roi Djédefrê, troisième souverain de la IVe dynastie[3]. Les premières traces d'un culte solaire dans l'Égypte antique, qui se concentrait alors sur le soleil en tant qu'objet céleste, apparaissent pendant la IIe dynastie, probablement sous son deuxième souverain, le roi Nebrê. Nebrê fut notamment le premier pharaon à utiliser le symbole du soleil dans le cadre de son nom d'Horus. La montée en puissance du culte du dieu soleil se manifeste d'abord sous le règne de Péribsen au milieu de la IIe dynastie, qui place le disque solaire au-dessus de la figure du dieu Seth. Plus tard, sous le roi Djéser, le fondateur de la IIIe dynastie, on trouve les premiers noms de personnes de princes et de hauts fonctionnaires liés à Rê[4].
L'évolution a atteint un nouveau sommet lorsque le roi Djédefrê place le dieu Rê au-dessus de tous les autres dieux, se considérant comme le fils de Rê en personne. À cette époque cependant, le titre de « fils de Rê » (Sa-Rê) n'était qu'une simple modification du nom de Nesout-bity (signifiant à la fois « Celui du carex et de l'abeille » et « Roi de Haute et de Basse-Égypte »), la forme traditionnelle pour introduire le nom du souverain. Ainsi, à ces premiers temps de l'histoire égyptienne, « nomen » et « prenomen » étaient très probablement un seul et même nom. Ce n'est qu'à partir de la période tardive du Moyen Empire que le « nom de Sa-Rê » est placé, avec le nom de Nesout-bity, devant le cartouche contenant le nom du roi. Dans l'intervalle, le roi Néferirkarê Kakaï, troisième souverain de la Ve dynastie, est le premier à séparer le nom de Nesout-bity et Sa-rê et à en faire deux noms différents et indépendants, que l'on appelle aujourd'hui respectivement le prenomen et le nomen. Le « nom de Sa-Rê » fut utilisé pour introduire ce nouveau nom du roi[3].
Après le Moyen Empire, les rois utilisent souvent leur prénom et leur nom dans des cartouches séparés, ce qui a parfois entraîné une certaine confusion chez les égyptologues. La raison de cette confusion provient des différences entre les noms royaux présentés par l'historien antique Manéthon et les listes royales égyptiennes plus anciennes, telles que la Liste d'Abydos, la table de Saqqarah et le canon de Turin. Alors que Manéthon donne des versions hellénisées du nom des rois, les listes précédentes n'utilisent que le prénom. Il est donc difficile de discerner quel nomen appartient à quel prénomen. En outre, de nombreux souverains utilisent les versions dans des cartouches de leur nom et de leur prénom séparément dans les inscriptions. Ainsi, ce n'est que dans les inscriptions qui donnent les deux noms côte à côte que ceux-ci peuvent être associés de manière sûre à un roi donné[3].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Stephen Quirke, The Cult of Ra: Sun-worship in Ancient Egypt, Thames & Hudson, (ISBN 0500051070), p. 59-51.
- Jürgen von Beckerath, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, vol. 49, Mainz, von Zabern, coll. « Münchner Ägyptologische Studien », (ISBN 3-8053-2591-6), p. 25–27.
- Alan Henderson Gardiner, Egypt of the Pharaohs: An Introduction, vol. 165, Oxford, Clarendon Press, coll. « Galaxy books », (ISBN 0195002679), p. 50, 51.
- Jochem Kahl, « Rê est mon Seigneur ». À la recherche de l'ascension du dieu soleil à l'aube de l'histoire égyptienne, Wiesbaden, Harrassowitz, (ISBN 978-3-447-05540-6), p. 8, 30 et 43.