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Ce moment d’ordre r est considéré comme existant si et seulement si xrf(x) est intégrable, c’est-à-dire si et seulement si ∫x∈I |xrf(x)| dx converge.
Ainsi, même si le moment est une intégrale impropre convergente[1], ce moment est tout de même considéré comme non existant.
De cette manière, si un moment n’existe pas à un ordre donné, alors tous les moments d’ordre supérieur n’existent pas non plus. Réciproquement, si un moment existe à un ordre donné, alors tous les moments d’ordre inférieur existent également.
Pour un entier naturel r donné, l’ensemble des fonctions continues sur I dont le moment d’ordre r existe est un espace vectorielréel, et l’application mr : f ↦ mr(f) est une forme linéaire sur cet espace vectoriel.
On notera que, p étant positive ou nulle sur I (premier axiome des probabilités), le critère d’existence du moment d’ordre r est la convergence de ∑k∈I |k|rpk ou de ∫x∈I |x|rp(x) dx selon le cas.
Les moments spectraux permettent l'étude des vibrations aléatoires dans le domaine fréquentiel. En considérant la densité spectrale de puissanceΦ d'une vibration aléatoire, le moment spectral d'ordre i, noté , peut s'écrire:
La fonction génératrice des momentsMX d’une variable aléatoire réelle X est la série génératrice exponentielle associée à la suite(mr)r ∈ ℕ des moments de X, définie au voisinage de 0 et sous réserve d’existence de tous les moments :
Elle peut également s’écrire, au voisinage de 0 et sous réserve d’existence de l’espérance :
Soit [X] la dimension de la variable aléatoire réelle X.
Les moments ordinaire et centré d’ordre r, s’ils existent, ont pour dimension [X]r.
Démonstration
Dans l’écriture ∫x∈Ixr dFX(x) du moment d’ordre r, la variable x a pour dimension [X].
La mesure de probabilitéℙ étant une grandeur sans dimension, la fonction de répartitionFX, définie par ∀ x ∈ I, FX(x) = ℙ(X ≤ x), est également adimensionnelle, de même donc pour son infinitésimaldFX(x).
Donc mr = ∫x∈Ixr dFX(x) a pour dimension [Xr].
𝔼(X) = m1 ayant pour dimension [X], c’est également le cas de x - 𝔼(X), donc μr = ∫x∈I [x - 𝔼(X)]r dFX(x) a également pour dimension [Xr].
Le moment ordinaire d’ordre 1, s’il existe, est linéaire :
Démonstration
Soit Λ = {λ} la variable aléatoire constante valant λ avec une probabilité 1.
La translation de longueur λ des valeurs d’une variable aléatoire correspond à la somme de cette variable aléatoire et de Λ : θX + λ ≜ θX + Λ.
Sachant que 𝔼(Λ) = λ, on a donc, par linéarité de l’espérance :
Le moment ordinaire d’ordre r > 1 de θX + λ, s’il existe, ne s’exprime pas uniquement en fonction du moment d’ordre r de X :
Démonstration
En développant le binôme(θX + λ)r et par linéarité de l’espérance, on a :
On retrouve ainsi la linéarité de m1 et la constance de m0.
Sachant que μr(X) = mr(X - 𝔼(X)), la fonction génératrice des moments centrés de X est donc la fonction génératrice des moments ordinaires de X - 𝔼(X) :
Sachant que (θX + λ) - 𝔼(θX + λ) = θ [X - 𝔼(X)] (voir démonstration 1), on a donc :
Par transformation affine de coefficient directeur non nul (afin que σ soit non nul), le moment centré réduit d’ordre r, s’il existe, est simplement multiplié par le signe du coefficient directeur élevé à la puissance r :
La valeur absolue d’un moment centré réduit est donc invariante par transformation affine de pente non nulle.
Démonstration
L’écart type de θX + λ vaut :
Le moment centré réduit d’ordre r de θX + λ vaut donc :
En distinguant selon le signe de θ et la parité de r, on peut donc écrire :
Cette propriété d’additivité n’existe que pour les trois moments particuliers cités[3]. Les mesures de risque vérifiant cette propriété sont appelés les cumulants.
Relations entre moments ordinaires et moments centrés
À partir d’un échantillon{X1, X2, …, Xn} de la variable aléatoire réelle X, on peut utiliser comme estimateur sans biais du moment ordinaire d’ordre r, s’il existe, l’estimateur suivant :
Tandis que le calcul des moments consiste à déterminer les moments mr d’une loi de probabilité p donnée, le problème des moments consiste inversement à étudier l’existence et l’unicité d’une loi de probabilité p dont les moments mr sont donnés.
↑Ce cas arrive par exemple pour les moments d’ordre impair d’une fonction paire définie sur ℝ : même si ∫x∈ℝ |xrf(x)| dx diverge, la fonction x ↦ xrf(x) est impaire donc a une primitive paire, d’où ∀ t ∈ ℝ, ∫t -txrf(x) dx = 0, donc ∫x∈ℝxrf(x) dx est une intégrale impropre convergente valant 0.
↑Pour des raisons historiques et en accord avec la notation des cumulants réduits, le coefficient d’asymétrie est noté γ1 plutôt que β1.
↑Formellement parlant, sachant que μ1 = 0, on pourrait ajouter le cas dégénéré μ1(X + Y) = μ1(X) + μ1(Y), mais cela n’apporte aucune information utile à l’étude de X + Y.