Avenue de Messine
8e arrt Avenue de Messine
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Situation | |||
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Arrondissement | 8e | ||
Quartier | Europe | ||
Début | 134, boulevard Haussmann et 55, rue de Miromesnil | ||
Fin | 1, place de Rio-de-Janeiro et 37, rue de Lisbonne | ||
Morphologie | |||
Longueur | 387 m | ||
Largeur | 30 m | ||
Historique | |||
Création | 1826 | ||
Ancien nom | Rue de Messine | ||
Géocodification | |||
Ville de Paris | 6211 | ||
DGI | 6296 | ||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 8e arrondissement de Paris
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Images sur Wikimedia Commons | |||
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L’avenue de Messine est une voie du 8e arrondissement de Paris.
Situation et accès
[modifier | modifier le code]Longue de 387 mètres, elle commence au 134, boulevard Haussmann et au 55, rue de Miromesnil et finit au 1, place de Rio-de-Janeiro et au 37, rue de Lisbonne.
Le quartier est desservi par les lignes de métro 9 et 13 à la station Miromesnil.
Origine du nom
[modifier | modifier le code]Cette voie doit son nom à la ville sicilienne de Messine.
Historique
[modifier | modifier le code]À ne pas confondre avec son homonyme la jouxtant, la « rue de Messine », l'avenue de Messine fut tracée en 1826 entre la rue de Plaisance (aujourd'hui rue de Téhéran) et les rues de Valois-du-Roule (aujourd'hui rue de Monceau) et de Lisbonne, sur les terrains appartenant à Jonas Hagerman et Sylvain Mignon, spéculateurs associés dans la création du quartier de l'Europe. Elle fut prolongée en 1862 jusqu'au boulevard Haussmann sur les terrains de l'ancien abattoir du Roule (voir « Rue de Miromesnil »).
L'avenue de Messine « était naguère patricienne, voire un peu austère, avec ses hôtels sans sourire et ses grands immeubles solennels, guindés, et qui paraissaient tellement soucieux de respectabilité. Il n'y avait pas un seul boutiquier, cela va de soi. Sur la façade d'une des maisons de l'avenue reste visible (en 1954) une plaque d'émail portant une inscription qui nous paraît assez naïve : ASCENSEUR. Je pense que le propriétaire, ayant eu quelque difficulté dans ses locations, entendait que nul n'ignorât le confort exceptionnel dont bénéficiait son immeuble[1] ».
Au carrefour entre l'avenue de Messine et le boulevard Haussmann (place du Pérou), une statue en bronze de William Shakespeare[2], « au chef mélancoliquement incliné et qui laissait traîner son manteau sur le socle[1] », due au sculpteur Paul Fournier, fut érigée en 1888 aux frais de William Knighton, ressortissant britannique qui habitait l'immeuble d'angle situé au 134, boulevard Haussmann. Elle fut fondue pendant la mobilisation des métaux non ferreux de la Seconde Guerre mondiale et ne fut pas remplacée[3]. Le souvenir en a été conservé par la papeterie À Shakespeare, située au 109, boulevard Haussmann, à l'angle de la rue d'Argenson.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
[modifier | modifier le code]- de No 1 : galerie spécialisée dans la reproduction de tableaux fondée par le cycliste, skieur et pilote automobile Igor Troubetzkoy (1912-2008), reprise ensuite par son fils[4].
- No 5 : emplacement d'un ancien couvent de Carmélites.
- No 7 : la Cinémathèque française y fut créée par Henri Langlois le . Elle comportait sur trois étages une salle de projection de 60 places ainsi que le premier musée du cinéma. C'est dans cette salle que se rencontrèrent notamment François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Éric Rohmer et Suzanne Schiffman. La Cinémathèque resta dans ces locaux jusqu'au .
- No 10 : habité par Henri Beraldi (1849-1931), historien d'art et grand collectionneur de livres et d'estampes romantiques[5], et par Ambroise Tardieu, agent de change[6]. Louis Carré (1897-1977) y a fondé en 1937 une célèbre galerie d'art spécialisée dans l'art moderne. C'est ici que Marcel Valtat avait installé les bureaux du CPA, Comité Permanent Amiante, ainsi que ses éditions et Communications économiques et sociales.
- Ce fut également le siège de la chancellerie de la légation d'Haïti au début du XXe siècle[7].
- No 13 : emplacement du square de Messine, qui avait absorbé l'impasse Emery à la fin du XIXe siècle.
- No 16 : hôtel du prince Jacques de Broglie (1878-1974), fils du prince Henri-Amédée de Broglie et de la princesse, née Marie Say, héritière des sucreries Say[5]. Le 19 octobre 1921, un attentat à la grenade y est perpétré contre l’ambassadeur des États-Unis Myron Timothy Herrick, alors domicilié à cette adresse ; cet attentat, qui ne fait qu’un blessé léger, s’inscrit dans le cadre de la campagne contre la condamnation à mort des anarchistes italiens Sacco et Vanzetti[8].
- No 20 : le marchand d'art Paul Guillaume (1891-1934) y vécut avec son épouse Domenica (1898-1977) au début des années 1920[9],[10].
- No 21 : fondation CIGREF.
- No 22 (angle de la rue de la Bienfaisance) : hôtel de la soprano italienne Lina Cavalieri (1874-1944), renommée pour sa beauté (en 1910)[11],[12]. Domicile de l’acteur Alain Delon de 1961 à 1968 (et de Romy Schneider jusqu'à leur séparation en 1963 puis Nathalie Delon, sa compagne et femme entre 1964 et 1969). L'escalier fut réalisé par Georges Geffroy. L’homme à tout faire de l’acteur, Stefan Markovitch, y habite un deux-pièces. C’est d’ailleurs sur le trottoir de l’avenue de Messine qu’il est aperçu vivant pour la dernière fois, le 22 septembre 1968 : on retrouve son corps quelques jours plus tard dans une décharge[13]. En 1967, le bâtiment sert de lieu de tournage au film Le Samouraï. Par la suite, espace culturel de l'ambassade d'Ukraine[14].
- No 23 (angle de la rue de Messine) : au début du XXe siècle, c'était l'emplacement d'une maison de retraite avec une chapelle.
- En 1906, l'édifice précédent est démoli et un hôtel particulier et une maison de rapport construits par l'architecte Jules Lavirotte, ornés de grès flammés d'Alexandre Bigot, sculpture décorative par Léon Binet, ferronnerie de Dondelinger, le remplace. En 1907, l'immeuble, qui ne compte alors que deux étages (le musée Carnavalet en conserve une photo), est primé au concours de façades de la ville de Paris.
- No 23 bis : immeuble Art nouveau de 1906 construit par Léon Chesnay[15] ; banque d'affaires Rothschild et Cie.
- No 25 : adresse supposée, dans un immeuble d'appartements à plusieurs étages, du personnage de l'amant dans la pièce de Sacha Guitry Faisons un rêve (1916) et le film que le même en a tiré.
- No 26 : habité par André Tardieu (1876-1945), trois fois président du Conseil sous la Troisième République (plaque commémorative)[6]. L'immeuble fut également le domicile de ses parents[16].
- No 30 : les bas-reliefs d’esprit maniériste encadrant la fenêtre centrale du premier étage, les Fleurs et les Fruits, sont l’œuvre du sculpteur Louis-Ernest Barrias et ont été sculptées en 1883[17].
- No 34 : anciennement ambassade d'Équateur en France.
L'AS Messine Paris, club sportif ayant existé de 1937 à 2012, tire son nom du Groupe Messine, compagnie d'électricité qui tirait elle-même son nom de la rue ou avenue de Messine, où elle avait son siège.
L'homme d'affaires François Pinault y a travaillé[18].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. Le quartier Monceau, Paris, Pierre Horay, 1954, vol. II.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, Imprimerie de Vinchon, 1844-1849.
- Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, 1910.
Lien externe
[modifier | modifier le code]- « 23, avenue de Messine » (vue de l'immeuble photographié entre 1916 et 1922), Musée Carnavalet, Histoire de Paris.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Becq de Fouquières, op. cit., p. 218.
- « Les amis de Shakespeare », Excelsior, 24 avril 1933, sur retronews.fr.
- « Le boulevard Haussmann dans les années 1900 - Paris 8e et 9e », sur paris1900.lartnouveau.com (consulté le ).
- Pierre Léonforte, « Copies conformes », Vanity Fair n°66, mars 2019, p. 124-127.
- Becq de Fouquières, op. cit., p. 220.
- Becq de Fouquières, op. cit., p. 221.
- Annuaire diplomatique et consulaire de la République française, Berger-Levrault, 1907, p. 467.
- « Après l’attentat contre M. Myron-T. Herrick », Le Petit Journal, 21 octobre 1921, sur retronews.fr.
- Jean-Marie Rouart, « L'affaire Domenica Walter », Paris Match, semaine du 4 au 10 août 2016, p. 68-75.
- « Chef de bibliothèque », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », 3-4 avril 2021, p. 35.
- Rochegude, op. cit., p. 52.
- « Extrait de jugement », Le Figaro, 31 janvier 1912, sur RetroNews.
- Bertrand Le Gendre, « L’affaire Markovitch : rumeurs, ragots, dégoûts », Le Monde, 16 juillet 2006.
- Dominique Paulvé, « Beauté intérieurs », Vanity Fair, no 53, décembre 2017, p. 148-153.
- Protections patrimoniales, 8e arrondissement, Ville de Paris, Règlement du PLU, tome 2, annexe VI, p. 237 à 432.
- Ibidem.
- Françoise Goy-Truffaut, Paris façade, un siècle de sculptures décoratives à Paris, Hazan, 1989 (ISBN 978-2850252082).
- Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, « Chez les Pinault, une transmission orchestrée par l’incontournable patriarche », sur Le Monde, (consulté le ).