Aloys Bigirumwami
Évêque diocésain Diocèse de Nyundo (en) | |
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Évêque titulaire Garriana (en) | |
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Jorge Alberto Giraldo Restrepo (d) | |
Vicaire apostolique Diocèse de Nyundo (en) | |
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Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Activités |
Prêtre catholique (à partir du ), évêque catholique (à partir du ) |
Consécrateurs |
Laurent-François Déprimoz (en), Joseph Kiwánuka (en), Laurean Rugambwa |
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Aloys Bigirumwami (22 décembre 1904 - 3 juin 1986) est un prélat rwandais de l'Église catholique romaine. Il a été évêque de Nyundo de 1959 à 1973, ayant auparavant été vicaire apostolique.
Biographie
[modifier | modifier le code]Aloys Bigirumwami naît dans une famille tutsie le à Zaza, au Rwanda, et est baptisé le jour de Noël[1]. Il est issu du clan Bagesera-Bazirankende, qui avait gouverné Gisaka, un État conquis vers 1850 et annexé au Rwanda[2].
Son père, Joseph Rukamba, est l'un des premiers chrétiens de la mission catholique fondée à Zaza en 1900, et est baptisé à la Noël 1903. Aloys est l'aîné d'une famille de six garçons et six filles[2].
À l'âge de dix ans, Aloys Bigirumwami entre au petit séminaire de Kabgayi[1]. Il entre au grand séminaire de Kabgayi en 1921, où il étudie sous l'évêque Jean-Joseph Hirth, fondateur de l'Église du Rwanda[2]. Il est ordonné prêtre le [1].
Carrière
[modifier | modifier le code]Bigirumwami enseigne au petit séminaire de Kabgayi en 1929[3]. Il est alors tour à tour vicaire des paroisses de Kabgayi (1930), Murunda (1930), Kigali Sainte Famille (1931) et Rulindo (1932). Le , il est nommé pasteur de Muramba, occupant ce poste jusqu'au . En 1947, il est le premier prêtre rwandais à être nommé au conseil du Vicariat[3]. En 1951, il est nommé pasteur de Nyundo.
Le , le pape Pie XII le nomme premier vicaire apostolique de Nyundo[4] et évêque titulaire de Garriana (de)[3]. Il est ordonné évêque à Kabgayi pendant la fête de la Pentecôte, le , lors d'une cérémonie à laquelle assistent de nombreux dirigeants d'Églises et de civils ainsi qu'une énorme foule de chrétiens. Le roi Mutara Rudahigwa du Rwanda est également présent et prend la parole à l'occasion[3]. Après sa consécration, Nyundo a reçu 20 000 convertis.
Bigirumwami rejette l'existence d'un conflit entre les deux populations rwandaises[5]. L'évêque croit également que la conversion des païens relevant de sa compétence pourrait être atteint avec un grand nombre de prêtres. Il a déclaré un jour : « Avec suffisamment de prêtres, un tous les dix kilomètres, cela ne prendrait pas trop de temps ». Bigirumwami ignore également la sorcellerie en ce qui concerne la médecine, mais l'attaque dans les domaines de la prophétie et de l'envoûtement.
Bigirumwami s'occupe de la construction d'écoles et d'hôpitaux et aide les filles à recevoir une éducation[1]. En 1956, il ordonne André Perraudin, qui fut plus tard nommé archevêque de l'Église rwandaise[6].
Bigirumwami est élevé au rang d'évêque lors de l'élévation de son vicariat à un diocèse le . Le nouveau diocèse de Nyundo comprend les anciennes préfectures de Gisenyi, Kibuye et une partie de Ruhengeri. Quelque 54 000 habitants du diocèse sont chrétiens sur une population totale de 375 000 personnes. Il occupe ce poste jusqu'à sa retraite après vingt et un ans de service, cinq jours avant son soixante-neuvième anniversaire, le [4].
Bigirumwami est le premier évêque africain à être nommé dans les colonies belges (Rwanda, Burundi et Congo)[1]. Il fut aussi considéré comme un candidat probable pour devenir cardinal[7].
Aloys Bigirumwami meurt d'une crise cardiaque le à l'hôpital de Ruhengeri, à l'âge de 81 ans. Il est enterré dans la cathédrale de Nyundo[1].
Travaux
[modifier | modifier le code]Bigirumwami était peu exposé à la culture rwandaise quand il était enfant, et quand il a commencé à s'intéresser aux coutumes ancestrales, c'était en tant que missionnaire qu'il s'intéressait aux pratiques païennes qu'il était déterminé à détruire. Cependant, il a progressivement pris conscience des valeurs incorporées dans les croyances traditionnelles, et est venu à penser que l'Église ne devrait pas détruire les cultures locales, mais devrait les utiliser pour véhiculer son message[8]. En décembre 1954, il fonde le magazine Hobe destiné à la jeunesse. Hobe, entièrement écrit en kinyarwanda, connaît un grand succès et faisait partie d'un effort délibéré pour réhabiliter la culture rwandaise à une époque où il était courant de la rejeter comme inférieure à la civilisation occidentale[9]. Bigirumwami a écrit de nombreux livres sur la culture rwandaise[1] et croyait fermement en l'unité du peuple rwandais. Il critiquait les publications étrangères qui exagéraient les différences entre les différents groupes[10].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Aloys Bigirumwami, Imigani migufi, inshamarenga, ibisakuzo : Proverbes, dictons, devinettes, République rwandaise, (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami, Présentation et commentaire des cinq volumes écrits par Mgr. Bigirumwami, (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami, Imigani miremire, s.l., (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami, Ibitekerezo, ... amahamba n'amzina y'inkae ibiganiro, Diocèse de Nyundo, (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami, Imana y'abantu, abantu b'Imana, Imana mu bantu abantu mu mana, (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami, Imihigo, imiziro n'imiziririzo mu Rwanda : Proverbs, essays and poems about Rwanda, (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami et Bernardin Muzungu, Contes moraux du Rwanda, Editions de l'Université Nationale du Rwanda, (lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami et Pierre Crépeau, Paroles du soir : contes du Rwanda, Editions David, , 322 p. (ISBN 978-2-922109-33-7, lire en ligne)
- Aloys Bigirumwami et Pierre Crépeau, Cent contes du Rwanda, Fondation littéraire Fleur de lys, , 488 p. (ISBN 978-2-89612-142-7, lire en ligne)
- Hommage à Mgr Aloys Bigirumwami, premier évêque rwandais : Témoignages recueillis à l'occasion du Jubilé de 50 ans de l"Institution de la Hiérarchie ecclésiastique au Rwanda (1959-2009)., Ed. du Secrétariat général de la C.E.P.R., (lire en ligne)
Sources
[modifier | modifier le code]- David M. Cheney, « Bishop Aloys Bigirumwami », sur Catholic Hierarchy, (consulté le )
- Tharcisse Gatwa, The Churches and Ethnic Ideology in the Rwandan Crises, 1900-1994, OCMS, , 282 p. (ISBN 978-1-870345-24-8, lire en ligne)
- Ivan R. Mugisha, « Tribute to Bishop Aloys Bigirumwami », The New Times (Rwanda), (lire en ligne, consulté le )
- Apollinaire Ntamabyaliro, Rwanda pour une réconciliation, la miséricorde chrétienne : Une analyse historico-théologique du magistère épiscopal rwandais (1952-1962), Harmattan, , 252 p. (ISBN 978-2-296-44873-5, lire en ligne)
- Faustin Nyangezi Rwamfizi, Aspects de la culture à l'époque coloniale en Afrique centrale : Formation : Réinvention, Harmattan, (ISBN 978-2-296-19091-7, lire en ligne), « Hobe : Revue catholique pour enfants et jeunes Rwandais (1954-2004) »
- Eugène Shimamungu, « Biographie de Mgr Aloys Bigirumwami » [archive du ], sur Editions Sources du Nil, (consulté le )
Références
[modifier | modifier le code]- Shimamungu 2009.
- Ntamabyaliro 2011, p. 99.
- Ntamabyaliro 2011, p. 100.
- Cheney 2012.
- From Idealism to Genocide, University of Northern Iowa.
- Gatwa 2005, p. 103.
- The Next Consistory, TIME,
- Ntamabyaliro 2011, p. 102.
- Rwamfizi 2008, p. 120.
- Mugisha 2012.