Aller au contenu

Charles Juliet

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charles Juliet
Charles Juliet à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand en 2014
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Charles Raymond JulietVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Distinctions
Œuvres principales
signature de Charles Juliet
Signature

Charles Juliet, né le à Corlier (Ain)[1] et mort le à Lyon[2], est un écrivain français.

Il est notamment connu pour son Journal (débuté en 1957) qui comprend en 2020 une dizaine de volumes, et ses œuvres autobiographiques, L'Année de l'éveil et Lambeaux.

Famille et jeunesse

[modifier | modifier le code]

Quatrième enfant (deux frères et une sœur l'ont précédé) d’une famille pauvre, le tout jeune Charles a un mois lorsque sa mère biologique est internée dans un hôpital psychiatrique (à la suite d'une tentative de suicide et pour son état mental dépressif). Il est ensuite placé à l'âge de trois mois dans une famille de paysans suisses[3] qu'il ne quittera plus.

À sept ans, pendant la Seconde Guerre mondiale, il assiste à l'enterrement de sa mère, dont il vient d'apprendre l'existence. Victime de l'« extermination douce », elle est morte de faim à trente-huit ans[3] dans l'asile où elle était placée, un de ces asiles délaissés par le régime de Vichy, et où on ne nourrissait plus les internés. La disparition de sa mère et l'attitude de son père envers lui le marqueront à jamais.

À douze ans, il entre comme enfant de troupe à l'école militaire d'Aix-en-Provence[3] (actuel lycée militaire d'Aix-en-Provence), où il traverse de dures épreuves. Il en sort à vingt ans, admis à l'École de santé militaire de Lyon.

L'écriture

[modifier | modifier le code]

Trois ans plus tard, il abandonne ses études de médecine[3] pour se consacrer exclusivement à l'écriture. Il travaille quinze ans dans la solitude avant de voir paraître son premier livre, Fragments, préfacé par Georges Haldas.

De ces « années lentes » remontent également des rencontres importantes avec d'autres artistes (Michel Leiris, Bram van Velde, Raoul Ubac, Pierre Soulages, Samuel Beckett…). Il vit alors à Marseille dans le 2e arrondissement.

Il gagne la reconnaissance du public avec L'Année de l'éveil (grand prix des lectrices de Elle, 1989)[4], récit romancé de son expérience d'enfant de troupe. Il publie également aux éditions P.O.L un important Journal (tenu depuis 1957) en plusieurs volumes[5].

Charles Juliet a réalisé plusieurs séries d'émissions à France Culture et deux pièces radiophoniques ont été diffusées sur les antennes de cette station.[réf. nécessaire]

Décoration

[modifier | modifier le code]

« Briser le moi »

[modifier | modifier le code]

Dans un entretien avec Fernande Schulmann, Charles Juliet explique :

« "Briser le moi" est une chose qui m’obsède. Oserais-je le dire que je ne pense qu’à cela ? […]
Cette instance qui m’enjoint de travailler à m’affranchir du moi, je n’éprouve pas le besoin de la référer à un dieu. Absolument pas. J’ai au contraire le sentiment que cela la dénaturerait. Le fait qu’elle soit vécue en dehors de cette référence ne lui ôte rien. Certes, ce besoin, inscrit dans l’homme depuis le fond des temps, a engendré les religions, mais il ne s’assortit pas nécessairement d’une croyance. Je n’ai nulle croyance.
Il ne faut jamais perdre de vue ce manque qui est notre lot. Cette attente d’on ne sait pas trop quoi, que rien ne vient combler.
[…] Pour moi, cette soif de plénitude est une réalité constante. J’écris pour essayer d’atteindre cela, et même en sachant que je n’y parviendrai pas, je sens que ma vie entière sera soumise à cette soif. Tout me semble impliqué dans cette aventure-là. On ne trahit rien en la vivant. Depuis que j’écris, je suis à la recherche de cette connaissance, qui, plutôt qu’un savoir d’ordre intellectuel, est un état de lumière et de vastitude. Il s’agit parfois d’une extrême légèreté intérieure où l’on se sent apte à comprendre ce qu’ont éprouvé les grands mystiques. Il est vrai que, en revanche, il y a des moments d’aridité où toute référence s’effondre, où on n’est plus souffrance.
[…] Un écrivain se doit d’être un miroir. Son rôle consiste à s’effacer au maximum et à tenter de restituer ce qui est ; ce qu’est l’homme ; ce qu’est la vie. […][7]. »

Ses poèmes et autres ouvrages sont traduits dans de nombreuses langues dont l'allemand, l'espagnol, l'italien, l'anglais (États-Unis), le polonais, le japonais, le vietnamien, le turc, le coréen ou le chinois[4]. Des extraits de ses œuvres figurent aujourd'hui dans les manuels scolaires[4].

  • 1978 : Ténèbres en terre froide - Journal I (1957-1964), Hachette ; rééd. 2000, éditions P.O.L
  • 1979 : Traversée de nuit - Journal II (1965-1968), Hachette ; rééd. 1997, éditions P.O.L
  • 1982 : Lueur après labour - Journal III (1968-1981), Hachette ; rééd. 1997, éditions P.O.L
  • 1994 :
    • Accueils - Journal IV (1982-1988), éditions P.O.L[8]
    • Carnets de Saorge (Journal), éditions P.O.L
  • 2003 : L'Autre faim - Journal V (1989-1992), éditions P.O.L
  • 2005 : Au pays du long nuage blanc - Journal Wellington (Journal VIII août 2003-janvier 2004), éditions P.O.L
    Chronique d’une résidence d’écrivain en Nouvelle-Zélande[5].
  • 2010 : Lumières d'automnes - Journal VI (1993-1996), éditions P.O.L
  • 2013 : Apaisement - Journal VII (1997-2003), éditions P.O.L
  • 2017 : Gratitude - Journal IX (2004-2008), éditions P.O.L
  • 2020 : Le jour baisse - Journal X (2009-2012), éditions P.O.L

Autres ouvrages

[modifier | modifier le code]
  • 1973 : Fragments (récit), L'Aire
  • 1985 : Giacometti (essai), éditions Hazan ; rééd. 1995, éditions P.O.L
  • 1987 :
    • Accords, éditions L'Échoppe
    • Entretien avec Pierre Soulages, éditions L'Échoppe
  • 1988 : Pour Michel Leiris (récit), Fourbis.
  • 1989 :
  • 1990 : Affûts (poésie), éditions P.O.L
  • 1991 :
    • Dans la lumière des saisons (récit), éditions P.O.L
    • Écarte la nuit, Fourbis
  • 1992 :
    • Bribes pour un double (poésie), éditions Arfuyen
    • Ce pays du silence précédé de Trop ardente et de L'Inexorable (poésie), éditions P.O.L[9]
    • Jean Reverzy, éditions L'Échoppe
    • L'Inattendu (roman), éditions P.O.L
  • 1993 : Failles (nouvelles), éditions Jacques Brémond
  • 1994 :
  • 1995 : Lambeaux (récit autobiographique), éditions P.O.L
  • 1997 : À voix basse (poésie), éditions P.O.L
  • 1998 :
    • Fouilles suivi de L'œil se scrute, Approches et d'Une lointaine lueur (poésie), éditions P.O.L[10]
    • L'Autre Chemin (poésie), éditions Arfuyen
    • Rencontres avec Bram van Velde, éditions P.O.L[11]
  • 1999 :
    • Écarte la nuit (théâtre), éditions P.O.L
    • Lire un bon livre, éditions Æncrages & Co
    • Rencontres avec Samuel Beckett, éditions P.O.L
    • Chez François Dilasser, éditions L'Échoppe
    • Attente en automne (nouvelles), éditions P.O.L
  • 2000 : Un lourd destin (théâtre), éditions P.O.L
    Évocation du poète Hölderlin, la pièce est créée en France par Roger Planchon au TNP en 2002[3] et également en Allemagne à Tübingen.
  • 2002 : L'Incessant (théâtre), éditions P.O.L
  • 2004 : Marie Morel, peintre, entretiens
  • 2006 :
    • Cézanne un grand vivant (essai), éditions P.O.L
    • T.R.U.P.H.E.M.U.S, Jean-Pierre Huguet éditeur
    • L'Opulence de la nuit (poésie), éditions P.O.L
    • D'une rive à l'autre, entretien avec Cypris Kophidès, éditions Diabase
  • 2007 :
  • 2008 : Ces mots qui nourrissent et qui apaisent : phrases et textes relevés au cours de mes lectures, éditions P.O.L
  • 2009 :
  • 2012 : Moisson, choix de poèmes, éditions P.O.L
  • 2018 : Deux lectures décisives, éditions La guêpine, coll. « Rapport à... » (ISBN 978-2-9560997-0-3) Courts textes de jeunesse à propos de Robert Margerit, suivis de trois lettres inédites de celui-ci en réponse aux interrogations du jeune écrivain.
  • 2020 : Pour plus de lumière (poésie), coll. « Poésie/Gallimard »
  • 2022 : Dans la lumière des saisons. Lettres à une amie lointaine, éditions P.O.L
  • 2024 : La Fracture et autres textes (nouvelles et récits), éditions P.O.L

Ouvrages à tirage limité

[modifier | modifier le code]
La Lente Montée, éditions Unes (1984).
  • 1975 : Au long de la spirale, lithographies de Bram van Velde, éditions Maeght
  • 1976 :
    • L'Œil se scrute (poésie), éditions Fata Morgana
    • Sans faim l'affamé, lithographies de Bram van Velde, éditions Fata Morgana
  • 1977 :
  • 1978 :
  • 1980 :
    • Vers la rencontre, frontispice de Maurice Rey, Les Cahiers des Brisants
    • Trop ardente, poésie, lithographie de Bram van Velde, éditions Fata Morgana
  • 1983 : Reviens à ta solitude, 5 poèmes, éditions Unes
  • 1984
  • 1985 : Lettre suit, interventions de Anick Vinay, Atelier des Grames
  • 1987 :
  • 1989 :
    • La vie affleure, œuvres originales de Bertrand Dorny, éditions Dorny
    • Tant de chemins, œuvres de Bertrand Dorny, éditions Biren
  • 1992 :
    • Le Don de présence, gouaches originales de Moris Gontard, éditions La Chouette Diurne
    • Une lointaine lueur (poésie), gravures de Geneviève Asse, éditions Fata Morgana
  • 1993 :
  • 1994 :
  • 1995 :
    • Ce foyer secret, frontispice de Anick Vinay, Atelier des Grames
    • Césire, n°4, illustration Jean-Pierre Baillet, Ombre et lumières
    • En amont, gravures de Christiane Vielle
  • 1998 :
    • Creuser, 15 exemplaires avec interventions de Bertrand Dorny, éditions Dorny
    • La Mue, 15 exemplaires avec interventions de Bertrand Dorny, éditions Dorny
    • Ferveur, 120 exemplaires avec 4 lithographies originales de Oh Su-Fan, éditions Maeght
  • 1999 :
    • La Traversée, Atelier des Grames
    • Approches, poésie, éditions Fata Morgana
  • 2000 : Galet, interventions de Jacqueline Ricard, éditions La Cour pavée
  • 2001 : La Vague, avec une peinture et 2 pointes-sèches de T. Le Saec, éditions Patrick Gaultier
  • 2002 :
    • Invite le vent, avec une œuvre originale et une vignette de Jean-Michel Marchetti, éditions Remarque
    • Une joie secrète, avec 30 lavis de Bang Hai Ja, éditions Voix d'encre
    • Éclats, frontispice de Pierre Buraglio, éditions Galerie des Sept Collines
    • Te rejoindre, 102 exemplaires avec une eau-forte de Anick Vinay, Atelier des Grames
  • 2005 :
    • Notules, avec 5 gravures de Christiane Vielle, éditions Mirage
    • Ces bruits du monde extérieur, avec une photographie de M. Gourmelon, éditions Sabar
    • Les Autoportraits de Jean-Michel Marchetti, 17 photographies en typographie, encres originales et une peinture originale, signé et numéroté, éditions Æncrages & Co
  • 2006 : Un jour, éditions Cadratins, Bagnères-de-Bigorre, pointe sèche sur zinc de Jean-Louis Fauthoux
  • 2007 : L'Absente, Ce fol espoir, La Fugue, Atelier des Grames
  • 2012 : Lettre à ML, accompagné d'une héliogravure de Sylva Villerot et d'une gravure de Jacqueline Ricard, éditions La Cour pavée
  • 2013 : Lire, écrire, avec 25 encres de Serge Saunière, éditions Voix d'encre
  • 1981 : créations de Charles Juliet et Bram van Velde, revue d'art TROU no 2
  • 2009 : De la calligraphie à la peinture, texte pour le travail de Fabienne Verdier, revue d'art TROU no 19

Reconnaissance

[modifier | modifier le code]

L'école publique de Jujurieux porte son nom.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Amaury da Cunha, « Mort de Charles Juliet, écrivain de l'intime » Accès limité, sur Le Monde, (consulté le )
  3. a b c d et e « Charles Juliet : en souffrant en écrivant » par Jérôme Garcin dans L'Obs du 3 décembre 2013.
  4. a b c et d « Charles Juliet remporte le prix Goncourt de la poésie » par L'Express le 3 décembre 2013.
  5. a et b « Charles Juliet, ce grand vivant » par Arnaud Schwartz dans La Croix du 6 novembre 2013.
  6. Arrêté du 23 mars 2017 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  7. Entretien avec Le Monde. Littérature, Paris, Éditions La Découverte / Le Monde, , p. 113-114.
  8. Première publication. Cf. « Juliet, l’insoutenable légèreté de l’abîme », entretien avec Dominique Sampiero dans Le Matricule des anges n°7, avril-juin 1994.
  9. Premières éditions chez Fata Morgana.
  10. Première édition : Fata Morgana, 1980.
  11. Première édition : Fata Morgana, 1978.
  12. Le Miel de l'Ours, site de l'éditeur.
  13. « Lauréats 2010 », sur Les Vendanges littéraires de Rivesaltes (consulté le ).
  14. « Premio Ciampi », sur valigierosse.org (consulté le ).

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie (sélection)

[modifier | modifier le code]
  • Yves Leclair, « Charles Juliet : la remontée des enfers », L'École des lettres no 7, p. 13-34, L'École des loisirs, 1er avril 1992
  • Stéphane Roche, Charles Juliet : écriture de l’intime et Journal de l’écriture. Pour une esthétique du journal, Lille, A.N.R.T., 2002, 687 p.
  • Stéphane Roche, « Le rythme du journal », étude parue dans La Faute à Rousseau, no 26, février 2001, p. 59-61
  • Stéphane Roche, « Charles Juliet, Un long périple », compte rendu critique paru dans La Faute à Rousseau, no 29, février 2002, p. 76-77
  • Stéphane Roche, « Charles Juliet. L’autre Faim, Journal V », compte rendu critique suivi d’un entretien avec l’auteur paru dans La Faute à Rousseau, no 33, juin 2003, p. 61-62
  • Stéphane Roche, « Charles Juliet. L’apprentissage de l’intime : un ethos esthétique », in La Licorne, « Le journal aux frontières de l’art, » no 72, Presses universitaires de Rennes, février 2005, p. 55-69
  • Stéphane Roche, « Charles Juliet. Au pays du long nuage blanc », compte rendu critique paru dans La Faute à Rousseau, no 39, juin 2005, p. 81
  • Stéphane Roche, « "Quête de soi" et travail de deuil dans le Journal de Charles Juliet », étude parue dans Bulletin de la Société Toulousaine d’études classiques, « Le deuil dans la littérature française et francophone moderne et contemporaine », n° 217-220, décembre 2005, p. 159-175
  • Stéphane Roche, « Charles Juliet. Fonctions matricielles du Journal », étude parue dans Métamorphoses du Journal personnel. De Rétif de la Bretonne à Sophie Calle, sous la direction de Catherine Viollet et Marie-Françoise Lemonnier-Delpy, Éditions Academia Bruylant, coll. Au cœur du texte, no 4, Bruxelles, 2006, p. 97-116
  • Rencontres avec Charles Juliet, Rodolphe Barry, La Passe du vent (Aussi en film)
  • Lettres à Charles Juliet, Christian Lux, Calligrammes
  • Charles Juliet, d'où venu ?, biographie, Anne Lauricella, Le Castor Astral
  • La conquête dans l'obscur, Jean-Pierre Siméon, Jean-Michel Place éditeur, (2003)
  • Les mains de Charles Juliet, Marie-Thérèse Peyrin et Armand Dupuy, Éditions Sang d'Encre, (2006)
  • Notice biographique, portrait auto-biographique et socio-littéraire de Charles Juliet dans Bernard Lahire, avec la collaboration de Géraldine Bois, La Condition littéraire La double vie des écrivains Éditions La Découverte, août 2006, p. 425-430, liste de 55 titres de Juliet p. 429-430.
  • Attentivement, Charles Juliet / Lettres d'Ami(e)s, collectif, projet initié et coordonné par Marie-Thérèse Peyrin (Rodolphe Barry, François Bon, J-G. Cosculluela, Stéphane Roche, J-P. Siméon, Joël Vernet, ...), avec Jacques André Éditeur, (2008)
  • Fraternellement , Charles Juliet / Impressions de Lectures, Projet initié et coordonné par Marie-Thérèse Peyrin , avec Jacques André Editeur (2018).

Filmographie

[modifier | modifier le code]
  • 2002 : Libre le chemin, rencontre avec Charles Juliet, Rodolphe Barry, Abacaris Films
  • 2007 : 13 poètes contemporains, Atelier de Poésie Léo Lagrange, Pau

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]