Récemment, des célébrités vietnamiennes ont été harcelées en ligne après avoir été prises en photo en présence d’un vieux souvenir du passé, représentant leur héritage et leur identité culturelle : le drapeau du Sud-Vietnam.
Ce drapeau jaune, orné de trois bandes rouges, représentait le gouvernement anticommuniste du Sud-Vietnam, officiellement la République du Vietnam. Le pays a été formé après l’indépendance du pays vis-à-vis de la France en 1954, mais il est tombé en 1975 après que les forces communistes ont gagné la guerre du Vietnam.
Malgré cela, le drapeau jaune flotte toujours, brandi par les communautés ethniques vietnamiennes du monde entier qui ont fui le communisme. Aux États-Unis, des organes gouvernementaux ont même légiféré pour que le drapeau soit reconnu, ce qui a provoqué la colère du Parti communiste vietnamien (PCV). Récemment, des célébrités vietnamiennes se sont retrouvées au cœur de la controverse.
Une campagne a été lancée fin juillet après que la chanteuse Myra Tran ait chanté lors d’un service funéraire aux États-Unis pour un soldat sud-vietnamien tombé au combat, Ly Tong. Le 15 août, Myra Tran a présenté ses excuses sur sa page Facebook, expliquant qu’elle ne savait pas qu’elle avait participé à des « événements inappropriés » et qu’elle ne souhaitait pas non plus « s’opposer à la sécurité nationale ou la compromettre ».
Depuis lors, des groupes pro-gouvernementaux sur Facebook ont commencé à rechercher d’autres célébrités, les « outing » dans le but de les humilier. Une autre chanteuse, Ngoc Mai, également connue sous le nom de O Sen, a été vue dans une vidéo avec son mari, Quoc Nghiep, et leurs enfants dans une maison américaine avec des drapeaux des États-Unis et du Sud-Vietnam sur un lit.
Ngoc Mai a ensuite supprimé la vidéo de Facebook, mais n’a pas échappé aux critiques des voix pro-gouvernementales.
Un internaute a même déclaré que Ngoc Mai avait « brûlé les ponts » pour avoir été ingrate envers l’État communiste.
Ngoc Mai avait été membre du PCV, mais avait perdu sa qualité de membre parce qu’elle ne participait pas régulièrement à ses activités.
Viet Huong, l’actrice principale du film « Ma Da » actuellement à l’affiche, a également dû s’excuser d’être apparue sur scène près d’un drapeau américain et d’un drapeau jaune, et a promis d’assumer « l’entière responsabilité » de ses actes.
Chasse aux médias
Un article du journal d’Etat Vietnamese Police, intitulé Derrière les excuses, affirme que le manque apparent de connaissances de Myra Tran n’excuse pas sa performance lors des funérailles, ajoutant qu’elle aurait dû refuser même si elle n’a pas eu la chance d’en apprendre davantage.
Great Solidarity, un autre journal d’État, a déclaré que les célébrités devraient « améliorer leurs connaissances, comprendre ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas faire, et apprendre à distinguer le drapeau national des autres symboles avant d’aspirer à la célébrité ».
S’adressant anonymement à RFA, un journaliste vietnamien indépendant a déclaré que si les artistes devaient être conscients, les entreprises devaient l’être aussi. Les publicités pour les voitures VinFast comportent également le drapeau jaune dans les publications étrangères, tandis que les exportations de produits alimentaires sont vendues sur les marchés étrangers avec le drapeau jaune.
« La société est contrôlée non pas par l’État de droit, mais par des vagues de mots cruels et sauvages », a déclaré le journaliste à propos de la situation sous le régime du PCV.
« Sans un contrôle gouvernemental approprié, une telle société chaotique, une version du modèle communiste chinois, serait mal perçue par les partenaires civilisés et les pays ayant des relations diplomatiques avec le Vietnam ».
Le journaliste craint que le Vietnam ne soit entièrement « rouge » au moment du 50ème anniversaire de la chute de Saïgon, le 30 avril 2025, car les artistes impliqués dans les communautés d’outre-mer risquent d’être durablement harcelés par le PCV.
Le drapeau du Sud-Vietnam flotte toujours
Même après la chute de Saïgon, ceux qui ont fui le Vietnam continuent de hisser le drapeau jaune avec fierté, en particulier parmi les migrants vietnamiens aux États-Unis.
Aujourd’hui, on trouve souvent le drapeau à Little Saïgon, en Californie, où vit une grande partie de la population américaine d’origine vietnamienne. Pour eux, le drapeau jaune représente leur héritage et leur identité culturelle, ainsi que ceux qui ont dû fuir la menace communiste, écrit le Los Angeles Times. Ce drapeau s’oppose radicalement au drapeau officiel vietnamien, avec sa bannière rouge et son étoile jaune.
Le musicien Truc Ho a lancé plusieurs grands programmes musicaux aux États-Unis, afin de sensibiliser le public aux droits de l’homme au Vietnam. S’adressant à Radio Free Asia (RFA), il a déclaré que le drapeau du Sud-Vietnam est toujours émotionnellement important pour les communautés vietnamiennes.
« Ils ne devraient pas avoir à s’excuser. Je ne sais pas pourquoi ils ont dû s’excuser », a-t-il déclaré en faisant référence aux chanteurs victimes d’abus sur Internet. « Brandir des drapeaux jaunes lors des représentations pour les Vietnamiens d’outre-mer est une évidence ».
Le chanteur Nguyen Khang, qui vit en Californie, a également déclaré à RFA que le PCV avait invité les Vietnamiens d’outre-mer à rentrer chez eux, mais que sa position contre le drapeau l’inquiétait.
« Si se produire sur une scène à l’étranger devant le drapeau (sud-vietnamien) est une infraction, je suis sûr que les deux tiers des artistes vietnamiens seraient coupables, car ce drapeau représente la communauté vietnamienne à l’étranger », a-t-il déclaré.
Le 9 mai 2024, l’ambassade du Vietnam à Londres a été envahie par plus de 200 manifestants qui ont appelé le gouvernement communiste à libérer les prisonniers et ont demandé des réformes démocratiques, a rapporté The Conversation.
Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Vietnamese Celebrities Face Backlash Over South Vietnamese Flag
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