Tartarie
La Tartarie ou Grande Tartarie, en latin : Tataria ou Tataria Magna, était le nom donné par les Européens — entre le Moyen Âge et le XXe siècle — à la partie de l'Asie centrale et septentrionale s'étendant de la mer Caspienne et de l'Oural à l'océan Pacifique, et peuplée par les « Tartares », ou parfois Tata[1], nom générique donné aux peuples turco-mongols[2]. Cette aire couvre la Sibérie, le Turkestan, la Mongolie, la Mandchourie et quelquefois le Tibet. La Tartarie désignait également, au XVIIe siècle, l'Empire mongol[3]. Le nom provient du peuple des Tatars et a été appliqué à l'ensemble des peuples turcs[4],[1].
Sa totalité a également été appelée Tartarie universelle[5].
Subdivisions
[modifier | modifier le code]À cette époque, les occidentaux distinguaient généralement :
- La « Tartarie moscovite » à l'ouest[6] voir aussi Kalmoukie.
- La « Tartarie russe » ou « Russie asiatique », correspondant aujourd'hui à la Sibérie[7].
- La « Tartarie de Youpi », italien : « Tartari di Yupi », réunissant en 1640, les îles de Sakhaline et l'actuelle île d'Hokkaido, séparé d'Honshu par le détroit de Dzungar (stretto di Züngar, détroit de Tsugaru), en référence à une ville de Züngar (aujourd'hui Tsugaru)[8].
- La « Tartarie chinoise », incluant à l'est, la Dzoungarie (appelé par les Anglais Turkestan oriental au XIXe siècle et aujourd'hui Xinjiang), la Mongolie, la Mandchourie, Sakhaline, l'actuelle province de Qinghai (ou Kokonor), le Tibet, et le petit Tibet (ou Ladakh), inclus dans l'Empire Chinois[9],[10],[11] ;
- la « Tartarie indépendante », à l'ouest, (le Turkestan occidental) qui ne faisait partie ni de l'Empire russe, ni de l'Empire chinois[9] ;
- La « Petite Tartarie » ou « Tartarie d'Europe » désignait les contrées situées sur la mer Noire et conquises par des populations turco-mongoles (Crimée, Caucase, Daghestan, etc.) : voir khanat de Crimée.
Athanasius Kircher parle également dans son ouvrage La Chine illustrée de Tartarie cistérieure et de Tartarie majeure[12].
Tartarie chinoise
[modifier | modifier le code]En 1806, sur la carte de John Cary de la Tartarie indépendante et de la Tartarie chinoise, on peut noter que :
- La ville de Xining (notée Siningeci sur la carte, en chinois : 西宁市, ) sur la carte, actuelle capitale de la province de Qinghai, n'était pas considérée comme partie de la tartarie chinoise ni du Qinghai. Le Qinghai était encore appelé de son nom en mongol « Kokonor » (Khökh nuur), nom donné par les mongols au lac Qinghai et alors intégré à la Tartarie chinoise.
- Le Népal (« Napaul » sur la carte) et le Bhoutan (« Bootan » sur la carte) sont inclus dans la région du Tibet (« Thibet »).
- Le Ladakh également sous le nom de « Petit Tibet » (« Little Tibet » en anglais, LIT. THIBET sur la carte).
Athanasius Kircher, dans son ouvrage La Chine illustrée, explique que dans la grande monarchie Tanguthe[13], le royaume de Barantola, ou royaume de laſſa[14] adore plusieurs idoles, dont celle qu'on appelle Menipe et qu'on y répète plusieurs fois O Manipe mi hum[15]. Y vivent deux rois, l'un appelé Deva qui fait régner la justice, un autre qui vit oisivement dans son palais, adoré des habitants comme une divinité et dont tous les autres rois de la Tartarie sont sujets, entreprennent des pèlerinages pour couvrir de dons celui qu'ils appellent Père éternel et céleste, couvert d'or, d'argent et de pierreries, élevé sur un lieu éminent et qui est assis sur un duvet[16].
Tartarie indépendante
[modifier | modifier le code]Dans la Tartarie indépendante étaient inclus les actuels Kirghizstan (« Kirgees great horde » sur la carte), Ouzbékistan (« Bucharia » sur la carte, Boukhara est une de ses principales villes actuelles), ainsi qu'une partie des actuels Kazakhstan et Afghanistan.
Tartarie russe
[modifier | modifier le code]La Tartarie russe est aujourd'hui appelée Sibérie ; elle s'étend de l'Oural à l'Ouest au détroit de Béring à l'Est.
Petite Tartarie
[modifier | modifier le code]La petite Tartarie ou Tartarie d'Europe est située sur les pourtours Nord de la mer Noire, Stati del Kam della Piccola Tartaria sur la carte, avec notamment la Tartarie de Crimée, peuplée de Tatars et différents autres khanats à l'Est.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Chikhachev 1845, p. 42.
- Alfred Maury, « : La Terre et l'Homme, ou Aperçu historique de géologie, de géographie et d'ethnologie générales, pour servir d'introduction à l'histoire universelle — Race jaune, page 452 », sur Gallica
- Athanasius Kircher, La Chine illustrée, , 124 p. (lire en ligne) « […]s'en alla luy meſme trouver le grand Cham de Tartarie, (que Paul Venitien appelle Cublai, à cauſe de Cingiſcan qui eſtoit le premier Roy des Tartares, lequel regnoit en Cathaye & en Tartarie)[…] »
- Abel-Rémusat 1820, p. 233.
- (en) « MONDHARE, L.J. / NOLIN, J.B. - Carte générale de l'Empire des Russes et de la Tartarie universelle... », sur Swaen.com
- (en) « Peter Schenk - Russie Moscovite, Tartarie Moscovite, Ukraine, pays des Cosaques », sur mutualart.com
- Image:1787-Carte_de_la_Russie_asiatique_ou_Tartarie_russe.jpg
- Image:CEM-36-NE-corner.jpg
- Map of Tartary or Central Asia - Geographicus, Cary, 1806
- L'Asie, Deslile, 1700
- (mn-Mong) « Carte chorographique de la Tartarie chinoise comprenant la Mongolie et la Mandchourie depuis la Dzoungarie jusqu'à l'ile de Sakhaline », sur Gallica.bnf.fr, 1720~1729
- Athanasius Kircher, La Chine illustrée, , 17124 p. (lire en ligne) « […]car non seulement la Palaſtine, la Tartarie ciſterieure, comme aussi tous les royaumes de l'Armenie, de Colchide, de Turcie, de Babilone, de Syrie, receurent les lumieres de la foy par le zele d'Haoloin[…]Mais il arriva que auſſi tout ceux de la Tartarie majeure, & des païs qui font aux extremités du royaume de Cathaie[…] »
- Nom donné au Khanat qoshot, situé à l'emplacement de l'ancien pays des Tangoutes
- La Chine illustrée, 95 p. (lire en ligne)
- La Chine illustrée, 96 p. (lire en ligne)
- La Chine illustrée, 97 p. (lire en ligne)
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Baptiste Du Halde, Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, Paris, P.G. Lemercier, (lire en ligne). Cartes en ligne sur Internet Archive : volume 1, volume 2, volume 3, volume 4
- Athanasius Kircher, La Chine illustrée, , 95- (lire en ligne)
- Jean-Pierre Abel-Rémusat, Recherche sur les langues tartares, ou mémoires sur différens points de la grammaire et de la littérature des mandchous, des mongols, des ouigours et des tibetains, Paris, Imprimerie royale, (BNF 31194940, lire en ligne)
- Évariste-Régis Huc, Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine, pendant les années 1844, 1845 et 1846, Paris, A. Le Clère et cie, 1850, 2 vol.
- Petr Aleksandrovich Chikhachev, Voyage scientifique dans l'Altaï oriental et les parties, Paris, Gide, , 42 p. (OCLC 715415094, lire en ligne)
- (en) Da Pian Del Carpine Giovanni et Erik Hildinger, The story of the Mongols whom we call the Tartars, Branden Books, (ISBN 978-0-8283-2017-7)