Navire de croisière
Un navire de croisière ou bateau de croisière est un navire (généralement un paquebot ou un navire de plaisance à utilisation commerciale) spécialisé dans le transport de passagers, dont le but est de proposer un voyage maritime ou fluvial de loisir. Il se distingue du paquebot de ligne dont le but est de transporter les passagers d'un port à un autre.
En 2024, les plus imposants navires de croisière au monde sont les navires de classe Icon et de classe Oasis, emportant respectivement près de 7 600 et 7 000 passagers.
Dans le nautisme de loisir, on peut distinguer les bateaux de taille modeste naviguant en « croisière côtière » (ou « petite croisière ») et ceux, normalement plus importants, pratiquant la « croisière au long-cours » (dite aussi « grande croisière)
Historique
[modifier | modifier le code]L'idée des croisières est attribuée à l'Allemand Albert Ballin, directeur de la compagnie maritime Hapag. En hiver, les réservations de traversées transatlantiques étaient, à cause du mauvais temps et de la mer houleuse, moins importantes. Pour rentabiliser ses navires en hiver, Ballin organisa du au un premier « voyage d’agrément » en mer Méditerranée avec le paquebot Auguste Viktoria et ses 241 passagers. Fort du succès remporté, les croisières étaient nées et les autres compagnies maritimes commencèrent à l'imiter.
D'autres sources mentionnent le Francesco I, battant pavillon Royaume des Deux-Siciles (Italie), comme le premier navire de croisière. Ce dernier est embarqué en 1833 par les nobles, autorités et les princes royaux de part et d'autre de l'Europe. En seulement trois mois, le bateau navigua vers Taormine, Catane, Syracuse, Malte, Corfou, Patras, Delphes, Zante, Athènes, Smyrne et Constantinople enchantant ses passagers avec des excursions et visites guidées, de la danse, cartes de tables sur le pont et des soirées à bord.
Au milieu des années 1920, avec l'apparition du transport aérien, le nombre de passagers des compagnies maritimes commença à diminuer. Pour compenser cette baisse, ces compagnies se sont de plus en plus tournées vers les croisières.
Jusque dans les années 1970, les navires de croisière étaient surtout des paquebots reconvertis. Les navires actuels, sont essentiellement des navires de croisière construits pour cet usage. Les paquebots classiques n'occupent plus qu'un petit créneau (par exemple le Queen Mary 2 de la compagnie maritime Cunard Line, qui est l'un des plus beaux et luxueux paquebots construits jusqu'à ce jour, propose des voyages transatlantiques saisonnièrement entre New York et Southampton). Le premier paquebot spécifiquement conçu pour la croisière, le Tropicale, est lancé en 1981 par le groupe Carnival.
Quantité de passagers
[modifier | modifier le code]Au Royaume-Uni, environ 1,35 million d'insulaires anglais avaient fait une traversée en paquebot en 2007, puis 1,55 million en 2008, grâce à l'entrée en service de nouveaux paquebots : Queen Victoria de la compagnie Cunard, inauguré le et le Ventura, de P&O en 2008[1].
Historique
[modifier | modifier le code]Année | Nombre de passagers français |
Évolution (%) |
---|---|---|
2003 | 212 000 | |
2004 | 222 000 | +5 |
2005 | 233 000 | +5 |
2006 | 242 000 | +4 |
2007 | 280 000 | +16 |
2008 | 310 000 | +11 |
2009 | 347 000 | +12 |
2010 | 387 000 | +12 |
2011 | 441 000 | +14 |
2012 | 481 000 | +9 |
2013 | 522 000 | +8 |
2014 | 593 000 | +14 |
2015 | 615 000 | +3,6 |
2016 | 574 000 | −6,2 |
Classification
[modifier | modifier le code]Les navires de croisière peuvent être regroupés en plusieurs catégories. D'une part selon la taille, d'autre part selon le niveau de confort classé par des étoiles. Théoriquement, chaque compagnie maritime peut s'attribuer elle-même ses étoiles, mais le plus souvent les compagnies utilisent le classement de Douglas Ward, qui publie chaque année un livre (Berlitz complete guide to cruising & cruise ships) ; en quelque sorte un Guide Michelin des hôtels flottants.
Certification
[modifier | modifier le code]Comme tout navire marchand, un navire de croisière avant d'être mis en service, doit satisfaire aux critères de la SOLAS, il doit surtout obtenir un certificat de classe d'une société de classification reconnue[2]. Malgré tout, la taille des navires ainsi que le nombre de passagers augmentant très vite, les réglementations qui sont souvent des adaptations rédigées à la suite d'accidents ou de presque-accidents, évoluent en permanence mais avec un décalage dans le temps[3]. Le poste d'abandon est un problème qui doit gérer le nombre de passagers mais aussi la rapidité d'évacuation en tenant compte de l'âge et de la mobilité des passagers. Sont également soulevés les problèmes de santé à bord, en particulier les risques de contagion par l'eau comme la légionellose[4].
Différents types de croisières
[modifier | modifier le code]Généralement, on différencie les croisières en deux secteurs :
- les croisières fluviales pratiquées sur fleuve ou sur lac ;
- les croisières maritimes pratiquées en mer.
Selon le caractère, l'âge des passagers et leurs centres d'intérêt, les thèmes de croisières peuvent être assez diversifiés : croisière de luxe, croisière d'aventure, croisière culturelle, croisière de divertissement ou encore croisière de repos. La taille et l'équipement du navire s'adaptent au public visé. Les navires de croisière peuvent être très divers : du voilier ou yacht pour les petits groupes jusqu'au paquebot de croisière avec des centaines ou des milliers de passagers.
Impact environnemental
[modifier | modifier le code]Ces navires consomment entre 60 tonnes (selon Clia France) et 150 tonnes (selon The Guardian) de fioul par jour, en raison de l'énorme masse à déplacer et surtout de la consommation d'électricité générée à bord nécessaire à leurs prestations (hôtellerie, restauration, climatisation, loisirs), soit l'équivalent d'une station balnéaire « flottante » de plusieurs milliers d'habitants. De plus, ces navires utilisent un carburant extrêmement polluant (du fioul lourd, un pétrole quasiment brut), qui contient notamment trois mille fois plus de soufre que le diesel automobile[5]. Chaque navire à l'arrêt pollue autant qu'un million de voitures selon un rapport de France Nature Environnement de 2015, en termes d'émission de particules fines et de dioxyde d'azote[6],[7] ; le taux de particules ultrafines y avoisine celui présent dans les villes les plus polluées de la planète. La pollution persiste à quai car l'entretien du bateau de croisière nécessite de faire tourner les moteurs pour alimenter de nombreux équipements[8],[9],[10].
La pollution de l'air du transport maritime, dont font partie les navires de croisière, est responsable[11] de 50 000[12] à 60 000[13] morts par an en Europe selon les études.
Cependant, certains ports prévoient l'installation de branchements électriques permettant d'alimenter les navires en énergie pendant leurs escales. Il en est ainsi, par exemple, de Marseille — un des ports les plus concernés par cette pollution — qui doit être équipée à l'horizon 2025[14].
Par ailleurs, sous la pression des opinions publiques et des groupes écologistes, les compagnies de croisières et les chantiers navals sont amenés à étudier de nouveaux modes de propulsion, comme le gaz naturel liquéfié (GNL) mis en œuvre sur les paquebots les plus récents, tels l'AIDAnova et le Costa Smeralda lancés en 2018 et 2019, qui limite de façon très importante les émissions de CO2 pour ce qui est de la consommation, les phases d'extraction, de liquéfaction, de transport du GNL n'étant pas prises en compte[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Newsletter Mer et Marine (3 décembre 2007)
- Certification BV
- Classification BV
- Dossier sur le gigantisme sur le site de l'association française des capitaines de navire
- « Les paquebots géants sont une source géante de pollution marine », Reporterre, le quotidien de l'écologie, (lire en ligne, consulté le )
- « La croisière abuse ! », sur France Nature Environnement, (consulté le )
- « Un navire de croisière à l'arrêt pollue autant qu'un million de voitures », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Les paquebots géants sont une source géante de pollution marine », Reporterre, le quotidien de l'écologie, , voir à 19 min 30 (lire en ligne, consulté le )
- « [Série d'Été] Pollution : la croisière ne s'amuse plus », sur novethic.fr (consulté le )
- AFP, « Les bateaux de croisière, géants des mers polluants pour l’air », sur Libération (consulté le )
- « L'insoutenable pollution de l'air du transport maritime », sur France Nature Environnement (consulté le )
- « Ship pollution causes 50,000 deaths per year | Airclim », sur www.airclim.org (consulté le )
- (en) McClatchy newspapers, « US study warns of pollution from merchant ships off Florida coast », sur the Guardian, (consulté le )
- Sur France-3 Régions
- « Bon pour l'air mais mauvais pour le climat : le GNL est-il vraiment l'avenir des bateaux de croisière ? », sur TF1 INFO, (consulté le )
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Kreuzfahrtschiff » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Alain A. Grenier, « Le tourisme de croisière », dans Téoros, no 27-2, 2008, consulter en ligne
- Olivier Dehoorne et Nathalie Petit-Charles, « Tourisme de croisière et industrie de la croisière », Études caribéennes, no 18, 2011, consulter en ligne
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :