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Denise Bastide

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Denise Bastide
Illustration.
Fonctions
Députée française

(6 ans, 3 mois et 24 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
17 juin 1951
Circonscription Loire
Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire et IIe (Quatrième République)
Groupe politique COM
Biographie
Nom de naissance Eva Marie Denise Simon
Date de naissance
Lieu de naissance Aurillac (Cantal)
Date de décès (à 35 ans)
Lieu de décès 5e arrondissement de Paris
Nature du décès Suicide
Nationalité Française
Parti politique PCF
Père Étienne Simon
Mère Juliette Duvauchel
Conjoint Joseph Bastide (divorcée)
Georges Gosnat
Enfants Simone Bastide
André Gosnat
Pierre Gosnat

Denise Bastide, née Eva Marie Denise Simon[1] le à Aurillac et morte le à Paris, est une femme politique française. Membre du Parti communiste français, elle est députée de la Loire de 1945 à 1952.

Denise Simon est issue d'une famille de syndicalistes militants, elle est la fille de Juliette Duvauchel (1890-1964), couturière et d'Étienne Simon (1886-1960), employé de commerce et un des responsables d'une coopérative appelée L’Union des travailleurs[2].

Denise Simon commence des études pour être infirmière puis les interrompt[2] pour entrer comme militante active au PCF en 1936[2], pour lequel elle effectue des tournées de conférences.

Seconde Guerre mondiale

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Pendant la Seconde Guerre mondiale, Denise Bastide participe à partir de 1941 au Secours populaire français et au Front national de lutte pour l'indépendance[2] dans le département de la Loire. Elle évite l'emprisonnement par la police de Vichy le 18 juin 1942[2].

En 1943, elle fait partie des Francs-tireurs et partisans de l'Allier[3]. Arrêtée le à Montluçon par la police, elle subit la torture et reste emprisonnée jusqu’au . Elle est transférée ensuite à Saint-Étienne jusqu’au , puis à Lyon jusqu’en avril 1944[2]. Elle est condamnée à six ans de réclusion le par le tribunal de Lyon[2]. Envoyée à la prison de Châlons-sur-Marne, elle passe sous la responsabilité des SS, qui la transfèrent au fort de Romainville, avant d'être déportée à Ravensbrück puis à Zwodau, d'où les Alliés la libèrent[2],[3]. Ces épreuves de la déportation altèrent profondément sa santé[4].

Engagement politique

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Denise Bastide est désignée comme candidate en seconde place sur la liste du PCF aux élections pour la première Assemblée constituante et est élue députée de la Loire le aux côtés de Marius Patinaud et Albert Masson[2]. Elle fait partie des 33 premières femmes françaises à obtenir ce mandat[5], sa liste rassemblant 88 900 voix sur 298 134 suffrages exprimés. Denise Bastide est nommée membre de la commission de la famille, de la population et de la santé publique, et dépose notamment une proposition de loi relative à l'amélioration du contrôle médical dans les écoles[1].

Figurant toujours en seconde place sur la liste communiste dans la Loire, elle est réélue députée à la seconde Assemblée constituante le [2], la liste rassemblant 85 292 voix sur 307 075 suffrages exprimés. Elle est à nouveau nommée membre de la commission de la famille, de la population et de la santé publique[1].

En seconde position sur la Liste communiste et d'union républicaine et résistante, Denise Bastide est à nouveau réélue députée de la Loire à la Ire législature de la IVe République, le 10 novembre 1946 (85 143 voix sur 287 320 suffrages exprimés). Députée très active, elle est membre de plusieurs commissions parlementaires : famille, population et santé publique (de 1946 à 1949), travail et sécurité sociale (dont elle est élue secrétaire), enfin, justice et législation (de 1948 à 1951)[6]. Élue secrétaire de l'Assemblée nationale le , elle est à nouveau réélue à ce dernier poste, le après avoir donné sa démission le .

Elle est à l'origine de nombreuses propositions de loi, dont l'une vise à modifier l'assiette du calcul des allocations familiales ()[1].

À l'Assemblée, elle évoque plusieurs fois les grèves de 1947 à Saint-Étienne. Menacée de censure en , « pour tapage en séance publique », elle y échappe en rappelant son serment fait à Ravensbrück[2],[7]. Le , elle vote contre la loi sur la protection de la liberté du travail. Elle intervient fréquemment dans les discussions parlementaires, concernant notamment la protection sociale, le statut de la famille, la situation à Saint-Étienne et dans la Loire. Le , elle dépose une demande d'interpellation sur le régime d'exception imposé dans le département de la Loire, et l'interdiction de tenue de réunions, puis, le , à propos du chômage qui sévit à la Manufacture d'armes et de cycles de Saint-Étienne[1].

En seconde position sur la Liste d'Union républicaine, résistante et antifasciste, elle est à nouveau réélue députée de la Loire à la IIe législature de la IVe République, le 17 juin 1951, avec 81 517 voix sur 292 398 suffrages exprimés, derrière Marius Patinaud et Albert Masson[2]. Elle fait partie de la commission de la justice et de la législation[1].

Denise Bastide se suicide le [2] chez elle au 13 rue Guy-de-La-Brosse à Paris[6]. La Bourse du travail de Saint-Étienne tient lieu de chapelle ardente[2]. Ses obsèques ont lieu le à Saint-Étienne et 50 000 personnes sont présentes[4]. Elle est inhumée au cimetière du Crêt-de-Roc[3].

Autres engagements

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Denise Bastide écrit pour le journal du Secours populaire La Défense, afin de défendre les mineurs des grèves de 1947, Henri Martin[2] ou Níkos Beloyánnis[4]. De 1945 à 1950 elle est membre de l’Union des femmes françaises et représente la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF) en Grèce en 1949[2],[4].

Vie privée

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Elle se marie le à Saint-Étienne avec Joseph Bastide (1910-2000), ébéniste ; le couple a trois enfants. Ils divorcent en 1946[2].

De 1946 à 1948, elle partage la vie de Georges Gosnat, député communiste, avec qui elle a deux enfants, André Gosnat et Pierre Gosnat[2], qui deviendra homme politique, député de 2007 à 2012 et maire d'Ivry-sur-Seine de 1998 à 2015.

Mandats parlementaires

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  • - : Députée de la Loire
  • -  : Députée de la Loire (réélue)
  • -  : Députée de la Loire (réélue)
  •  : Députée de la Loire (réélue)

Publication

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  • Michèle Domenech, Une femme, une mère, une grande Française, Paris, 1951, Secours populaire français, 32 p. lire en ligne sur Gallica.
  • Rue Denise-Bastide à Saint-Étienne (depuis 1978)[3].

Notes et références

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  1. a b c d e et f Assemblée nationale, « Denise, Eva, Marie Bastide - Base de données des députés français depuis 1789 », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Dominique Loiseau et Jean Lorcin, « BASTIDE Denise [née SIMON Éva, Marie, Denise]. Pseudon », dans née SIMON Éva, Marie, Denise, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  3. a b c et d « Denise Bastide », sur noms.rues.st.etienne.free.fr (consulté le ).
  4. a b c et d Marianne Milhaud, Union des femmes françaises, « La vie d'une femme de cœur : Denise Bastide » Accès libre, sur Gallica, Femmes françaises, France d'abord, (consulté le ), p. 17
  5. (en) Roger Martelli, Jean Vigreux et Serge Wolikow, One Hundred Years of History of the French Communist Party: The Red Party, Springer Nature, (ISBN 978-3-031-07827-9, lire en ligne).
  6. a et b L’Aurore, Le suicide de Mme Bastide, député communiste de la Loire, (lire en ligne)
  7. JORF : séance du 29 novembre 1947 (lire en ligne), p. 169.

Article connexe

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Liens externes

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