portière
Étymologie
modifier- Attesté en 1190 au sens de « celle qui garde une porte », en 1606 au sens d’une religieuse[1], en 1326 au sens de l’adjectif, en 1587 au sens d’une tenture, en 1611 au sens de l’ouverture de chaque côté d’un carosse[2]. Dérivé de porte, avec le suffixe -ière.
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
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portière | portières |
\pɔʁ.tjɛʁ\ |
portière \pɔʁ.tjɛʁ\ féminin
- (Vieilli) Femme dont la profession est de garder une porte d’entrée (pour un homme, on dit : portier).
Puis il y a le piéton causeur qui se plaint, et converse avec la portière, quand elle se pose sur son balai comme un grenadier sur son fusil ;
— (Honoré de Balzac, Ferragus, chef des Dévorants, A. Houssiaux, Paris, 1855 (1re édition 1837), page 26)Avez-vous jamais vu une portière qui ait un père ou une mère ?
— (James Rousseau, Physiologie de la portière, 1841)— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Gazonal.
— (Honoré de Balzac, Les Comédiens sans le savoir, 1846)
Ça était une vieille femme à chapeau resté six mois à l’étalage, à robe très-prétentieuse, à châle en tartan déteint, dont la figure était restée vingt ans dans une loge humide, dont le cabas très-enflé n’annonçait pas une meilleure position sociale que celle d’ex-portière.Elle fut accusée d’être brutale, commune, dénuée de goût, de vouloir importer sur le théâtre des habitudes d’outre-Rhin et d’outre-Pyrénées, des castagnettes, des éperons, des talons de bottes, — sans compter qu’elle buvait comme un grenadier, qu’elle aimait trop les petits chiens et la fille de sa portière, — et autres linges sales de la vie privée, qui sont la pâture et la friandise journalière de certains petits journaux.
— (Charles Baudelaire, La Fanfarlo, 1847 ; réédition Gallimard, Folio, 2012, page 50.)La bourgeoisie et ses domestiques, les portières et les cuisinières, ont fourni la grande masse de la clientèle.
— (Paul Lafargue, Sapho, paru dans Le Socialiste, 2 janvier 1886)Il était trop honnête homme, respectait trop son état et gardait trop de discrétion pour avoir jamais pris aucune liberté avec la jeune portière de la bibliothèque.
— (Anatole France, Le Mannequin d’osier, Calmann Lévy, 1897, réédition Bibliothèque de la Pléiade, 1987, page 1006)Bouvard, rentré chez lui, aspira sur son balcon une large bouffée d’air en se disant : « Enfin. » Les lumières des quais tremblaient dans l’eau, le roulement des omnibus au loin s’apaisait. Il se rappela des jours heureux passés dans cette grande ville, des pique-niques au restaurant, des soirs au théâtre, les commérages de sa portière, toutes ses habitudes ; et il sentit une défaillance de cœur, une tristesse qu’il n’osait pas s’avouer.
— (Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, L. Conard, 1910, page 20)Dans l’esprit de la brave portière […] il lui apparaissait que le fait de son habit noir devait coïncider avec des projets d’épousailles.
— (Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas, Les Souliers du mort, tome 5, Bouquins, Éditions Robert Laffont, 1912, page 974)
- (Désuet) Épouse d’un portier.
Pas de monsieur Fabre, rue Saint-Dominique ! et ventre à terre, et pourboire au cocher, et tout ! J’ai parlé au portier et à la portière, qui est une belle forte femme, ils ne connaissent pas ça !
— (Victor Hugo, Les Misérables, Émile Testard, Paris, 1890 (1re édition 1862), page 426)
- (Par métonymie) Personne bavarde, souvent médisante (pour un homme, on dit : portier).
— Mademoiselle Fischer vivre avec un jeune homme !… répéta l’employé. C’est des cancans de portière, ne parlons pas si légèrement de la cousine d’un Conseiller-d’État qui fait la pluie et le beau temps au Ministère.
— (Honoré de Balzac, La cousine Bette, Vve A. Houssiaux, Paris, 1863, page 47)
- (Religion) (Par apposition) Religieuse qui a le soin d’ouvrir et de fermer la porte d’un couvent (pour un homme, on dit : portier).
Cependant, sa rivale n’était pas oisive ; car, étant d’intelligence avec la mère portière, elle venait d’apprendre l’arrivée du jésuite, et ne doutant point qu’après un si long intervalle.
— (Abbé du Prat, Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, Bibliothèque des curieux, Paris, 1920, page 37)
- (Automobile, Transport) Ouverture de la voiture, du wagon ou de l’avion par où l’on monte et l’on descend.
Ça va ! grommela Bob impatienté. L’autre n’insista pas et se mit à regarder par la portière.
— (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)En passant par la portière,
— (En passant par la portière sur musicanet.org.)
Parachutiste souviens-toi, Oui souviens-toi.
Qu’un jour il pourrait se faire.
Que ton pépin ne s’ouvre pas.L’intelligence avec laquelle ce Tourangeau raccommodait le trait cassé rassura le colonel comte d’Aiglemont, qui revint vers la portière en étendant ses bras comme pour détirer ses muscles endormis ; il bâilla, regarda le paysage, et posa la main sur le bras d’une jeune femme soigneusement enveloppée dans un vitchoura.
— (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, 1842, chapitre premier)La mienne avec son intérieur cuir et ses modifications a autant de succès que la German, qui n’a que des portières papillon et des jantes larges.
— (Stéphanie Maurice, La passion du tuning, Seuil, 2015, coll. Raconter la vie, page 55)
- (Automobile, Transport) Sorte de porte qui sert à fermer cette ouverture.
La clameur fut si forte et si unanimement vocifératrice, qu’il fallut, malgré le froid, ouvrir les portières, car on ne s’entendait plus, et on pouvait craindre que les cloisons du wagon ne résistassent pas à un pareil cyclone de colère.
— (Octave Mirbeau, « Paysage d’hiver », dans La Vache tachetée, 1918)Les portières sont refermées, après la visite du contrôleur. Un dernier coup de sifflet annonce que le train va se mettre en marche…
— (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre I, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
- Tenture qu’on met devant une porte, pour empêcher le vent ou par ornement.
Et en même temps une portière de velours violet fleurdelisé d’or se soulevant, le duc distingua dans l’ombre la reine elle-même […]
— (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre II)Ce ne sont que menuiseries sculptées de noyer ou de chêne noir, portières de tapisserie ou de damas des Indes, rideaux de brocatelle à plis larges et puissants, tentures historiées, tapis de Perse, peintures à fresque.
— (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, 1840, édition Charpentier, 1859)En disant ces mots, le duc de Vallombreuse salua avec une courtoisie étudiée le marquis de Bruyères, souleva une lourde portière de tapisserie et disparut.
— (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)Solange lisait et elle ne leva pas les yeux lorsque son prétendu écarta la portière du petit salon.
— (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, page 71)En le voyant dans l’encadrement de la porte, Sainte-Austreberthe voulut aller au-devant de lui ; mais vivement M. de Cheylus laissa retomber la portière et se plaça, devant, un doigt sur ses lèvres.
— (Hector Malot, Un mariage sous le Second Empire, 1873)Dans le fumoir, une pièce qui ouvrait directement sur le vestibule par une baie, dont la portière était relevée, Pierre, debout, attendait avec son compagnon, en regardant curieusement autour de lui.
— (Émile Zola, Les Trois Villes : Paris, 1897)
Synonymes
modifier- Religieuse
Quasi-synonymes
modifier- Profession
- Sorte de porte
Dérivés
modifier- Sorte de porte
- carrosse à trente-six portières
- emportiérage
- emportièrement
- emportiérer
- voiture à trente-six portières
- vol à la portière
Vocabulaire apparenté par le sens
modifier- portière figure dans les recueils de vocabulaire en français ayant pour thème : couvent, entrée, porte, wagon.
Traductions
modifierProfession (1)
- Allemand : Pförtnerin (de) féminin, Portierfrau (de) féminin, Portierin (de), Portiersfrau (de) féminin, Türsteherin (de) féminin
- Anglais : doorwoman (en), doormaid (en), doorkeeper (en), gatekeeper (en), bouncer (en), hall porter (en)
- Catalan : portera (ca) féminin
- Espagnol : portera (es) féminin
- Grec : πορτιέρισσα (el) portiérissa féminin
- Italien : portiera (it) féminin
- Portugais : porteira (pt) féminin
- Roumain : portăreasă (ro) féminin
Épouse d’un portier (2)
Bavarde (3)
Ouverture de la voiture, du wagon ou de l’avion par où l’on monte et l’on descend (5)
- Allemand : Wagentür (de) ; Autotür (de)
- Anglais : car door (en) ; door (en)
- Danois : bildør (da) commun, vogndør (da) commun
- Espagnol : portezuela (es)
- Espéranto : aŭtopordo (eo)
- Ido : pordo (io)
- Italien : portiera (it)
- Néerlandais : autodeur (nl), portier (nl)
- Polonais : drzwi (pl)
- Portugais : porta (pt) féminin
- Roumain : portieră (ro) féminin
Sorte de porte qui sert à fermer cette ouverture (6)
Tenture qu’on met devant une porte, pour empêcher le vent ou par ornement (7)
- Anglais : door curtain (en), hanging (en)
Adjectif
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
portière | portières |
\pɔʁ.tjɛʁ\ |
portière \pɔʁ.tjɛʁ\ féminin
- (Élevage) (Vieilli) Qui est en âge de porter des petits ou qui en a déjà porté.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
Notes
modifier- Cet adjectif n’est plus usité que dans les locutions : Vache portière, brebis, jument, truie portière.
Prononciation
modifier- La prononciation \pɔʁ.tjɛʁ\ rime avec les mots qui finissent en \ɛʁ\.
- [pɔʁ.tjɛʁ] (France)
- [pɔʁ.t͡sjaɛ̯ʁ] (Canada)
- France : écouter « une portière [yn pɔʁ.tjɛʁ] »
- France (Vosges) : écouter « portière [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « portière [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « portière [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifier- Portière sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
modifierSources
modifier- ↑ « portière », dans le FEW (Französisches Etymologisches Wörterbuch), 1922-2002 → consulter cet ouvrage
- ↑ « portière », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
Bibliographie
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (portière), mais l’article a pu être modifié depuis.
- « portière », dans Dictionnaire du moyen français (1330-1500), 2010, 4e édition → consulter cet ouvrage
- « portier », dans Edmond Huguet, Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, 1925-1967, p. 86, tome VI → consulter cet ouvrage
- « portiere », dans Edmond Huguet, Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, 1925-1967, p. 86-87, tome VI → consulter cet ouvrage
- « portier », dans Dictionnaire de l’Académie française, première édition, 1694 → consulter cet ouvrage
- « portière », dans Dictionnaire de l’Académie française, première édition, 1694 → consulter cet ouvrage
- « portière », dans Dictionnaire de l’Académie française, quatrième édition, 1762 → consulter cet ouvrage
- « portier », dans Dictionnaire de l’Académie française, sixième édition, 1832-1835 → consulter cet ouvrage
- « portière », dans Dictionnaire de l’Académie française, sixième édition, 1832-1835 → consulter cet ouvrage