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Utilisateur:Gaspy42/Brouillon4

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Gaspy42/Brouillon4
Section transverse du mésencéphale au niveau des colliculus supérieurs (tegmentum indiqué à droite).
Détails
Système
Identifiants
Nom latin
Area tegmentalis ventralis

L'aire tegmentale ventrale (ATV) ou aire tegmentaire ventrale (lat. tegmen, tegminis : couverture, calotte) désigne un groupe de neurones du système nerveux central localisé à la partie antérieure du mésencéphale, en haut du tronc cérébral. C'est une structure paire et symétrique à l'anatomie complexe et relativement méconnue. Les neurones de l'ATV sont en majorité dopaminergiques, c'est-à-dire que leur neurotransmetteur est la dopamine, mais cette aire comporte aussi des neurones GABAergiques et glutamatergiques.

L'ATV joue un rôle important dans le système de récompense car elle est le point de départ des deux circuits majeurs de ce système, la voie mésolimbique et la voie mésocorticale. Elle intervient ainsi dans des processus cognitifs basés sur la récompense (saillance motivationnelle, apprentissage par association, émotions à valence positive) mais aussi dans la physiologie du plaisir, ou encore dans la genèse de diverses addictions et de certains troubles psychiques.

L'ATV, auparavant confondue avec la substantia nigra, est individualisée pour la première fois en 1925 par C. Tsai sous le nom de « noyau tegmental ventral » (lat. nucleus tegmentalis ventralis) lors d'une étude consacrée aux voies et centres optiques d'une espèce d'opossum[1]. Cette aire est ensuite décrite chez le rat[2],[3], le chat[4],[5], le singe[5]. Son existence est bien établie chez l'être humain[6],[7].

Difficulté de l'étude anatomique

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Comme l'a souligné une revue détaillée de la littérature parue en 2019, il règne une certaine confusion au sujet des délimitations anatomiques de l'ATV chez l'humain[8]. Cela résulte en partie de sa nature diffuse puisqu'il s'agit d'une aire et non d'un noyau, et de la proximité avec la substantia nigra pars compacta dont les neurones dopaminergiques sont néanmoins distincts de ceux de l'ATV au plan morphologique et fonctionnel[9]. La disponibilité limitée des tissus humains intacts et l'impossibilité de pratiquer chez l'homme les approches invasives potentiellement lésionnelles font que la majorité des données proviennent de modèles animaux. Concernant les techniques non invasives, la résolution des IRM actuelles (en 2022) ne permet que difficilement d'imager l'ATV compte tenu de sa petite taille et de l'importance des variations anatomiques interindividuelles[10].

Les difficultés proviennent aussi d'incohérences voire de contradictions terminologiques dans les nombreuses études consacrées au sujet[8]. L'approche macroscopique de la neuro-imagerie consiste à repérer l'ATV par rapport à d'autres structures anatomiques


, non seulement entre celles de neuro-imagerie (qui situent l'ATV par rapport à d'autres repères anatomiques) et celles de cytoarchitectonie (qui distinguent différents types cellulaires) mais aussi à l'intérieur de ces deux groupes. Alors qu'une définition restrictive pourrait réduire cette aire à un unique noyau tegmental ventral interposé médialement entre la substantia nigra et le noyau rouge, il est probablement plus pertinent de désigner sous le nom d'ATV une zone anatomique plus étendue, elle-même subdivisée en différents noyaux[8]. C'est ce dernier point de vue qui est adopté dans la suite de l'article.

Localisation

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L'ATV, paire et symétrique, est localisée dans le mésencéphale c'est-à-dire dans la partie du tronc cérébral située entre le pont caudalement (en dessous) et le diencéphale rostralement (au-dessus). Du côté du diencéphale les structures les plus proches sont les corps mamillaires de l'hypothalamus postérieur. Une section transverse du mésencéphale montre que l'ATV se situe, comme son nom l'indique, dans la partie appelée tegmentum qui s'étend de l'aqueduc cérébral dorsalement (en arrière) au pédoncule cérébral ventralement (en avant). Latéralement elle est limitée par le noyau rouge et plus en avant par la substantia nigra. Médialement elle répond à l'ATV controlatérale. Sur une coupe pratiquée à la hauteur des colliculus supérieurs, les fibres du nerf oculomoteur (IIIème paire crânienne) passent ventromédialement à l'ATV ou la traversent[11].

Cytoarchitectonie et subdivisions

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Les travaux de Dahlström & Fuxe sur l'animal (rat principalement) ont permis de subdiviser les neurones dopaminergiques du tronc cérébral en une quinzaine de groupes[12]. Le plus volumineux, le groupe A10, contient les neurones dopaminergiques de l'ATV, mais les techniques d'immunohistochimie employées par ces auteurs ne permettent pas de le démarquer nettement des groupes A8 (formation réticulée) et A9 (substantia nigra) situés plus latéralement.


Une étude de neuro-imagerie a montré l'implication de l'ATV dans la physiologie de l'éjaculation chez l'homme[13].

La diminution du nombre de neurones dopaminergiques dans l'ATV joue un rôle dans la physiopathologie de la maladie de Parkinson[14],[15],[16]. Ces constatations sont peut-être à mettre en lien avec la survenue de syndromes dépressifs chez certains patients parkinsoniens[17]. La même anomalie a été retrouvée post mortem dans une petite série (n = 6) de patients présentant des syndromes parkinsoniens associés à une démence[18].


Certains des neurones dopaminergiques libèrent aussi du glutamate ou du GABA, un phénomène appelé "cotransmission".

Articles connexes

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Notes et références

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  1. Tsai C « The optic tracts and centers of the opossum. Didelphis virginiana » J Comp Neurol. 1925;39(2):173-216. https://doi.org/10.1002/cne.900390202
  2. Fallon JH & Moore RY « Catecholamine innervation of the basal forebrain IV. Topography of the dopamine projection to the basal forebrain and neostriatum » J Comp Neurol. 1978;180(3):545-579. https://doi.org/10.1002/cne.901800310
  3. German DC & Manaye KF « Midbrain dopaminergic neurons (nuclei A8, A9, and A10): Three-dimensional reconstruction in the rat » J Comp Neurol. 1993;331(3):297-309. https://doi.org/10.1002/cne.903310302
  4. Taber E « The cytoarchitecture of the brain stem of the cat. I. Brain stem nuclei of cat » J Comp Neurol 1961;116:27-69. https://doi.org/10.1002/cne.901160104
  5. a et b Poirier LJ et al. « Comparative morphology of the substantia nigra and ventral tegmental area in the monkey, cat and rat » Brain Res Bull. 1983;11(3):371-397. https://doi.org/10.1016/0361-9230(83)90173-9
  6. Halliday G & Törk I « Comparative anatomy of the ventromedial mesencephalic tegmentum in the rat, cat, monkey and human » J Comp Neurol. 1986;252(4):423-445. https://doi.org/10.1002/cne.902520402
  7. Halliday G et al. (2012) « Substantia Nigra, Ventral Tegmental Area, and Retrorubral Fields » In Mai JK & Paxinos G : The Human Nervous System, 3rd edition (Academic Press, Elsevier). ISBN: 978-0-12-374236-0. https://doi.org/10.1016/B978-0-12-374236-0.10013-6
  8. a b et c Trutti AC et al. « Functional neuroanatomical review of the ventral tegmental area » Neuroimage 2019;191:258-268. https://doi.org/10.1016/j.neuroimage.2019.01.062
  9. Murty VP « Resting state networks distinguish human ventral tegmental area from substantia nigra »
  10. Trutti A et al. « A probabilistic atlas of the human ventral tegmental area (VTA) based on 7 Tesla MRI data » Brain Struct Funct. 2021;226(4):1155–1167. Accès direct.
  11. Vitošević Z et al. « Intramesencephalic course of the oculomotor nerve fibers: microanatomy and possible clinical significance » Anat Sci Int. 2013;88(2):70-82. https://doi.org/10.1007/s12565-012-0166-6
  12. Dahlström A & Fuxe K « Evidence for the existence of monoamine-containing neurons in the central nervous system » Acta Physiol Scand. 1964;62(s232):1-55.
  13. Holstege G et al. « Brain activation during human male ejaculation » J Neurosci. 2003;23(27): 9185–9193. https://dx.doi.org/10.1523%2FJNEUROSCI.23-27-09185.2003. Accès direct.
  14. Javoy-Agid F & Agid Y « Is the mesocortical dopaminergic system involved in Parkinson disease? » Neurology 1980;30(12):1326-1330. https://doi.org/10.1212/WNL.30.12.1326
  15. Javoy-Agid F et al. « Microtopography of tyrosine hydroxylase, glutamic acid decarboxylase, and choline acetyltransferase in the substantia nigra and ventral tegmental area of control and Parkinsonian brains » J Neurochem 1981;37(5):1218-1227. https://doi.org/10.1111/j.1471-4159.1981.tb04672.x
  16. Uhl GR et al. « Parkinson's disease: loss of neurons from the ventral tegmental area contralateral to therapeutic surgical lesions » Neurology 1985;35(8):1215-1218. https://doi.org/10.1212/WNL.35.8.1215
  17. Cantello R et al. « Major depression in Parkinson's disease and the mood response to intravenous methylphenidate: possible role of the "hedonic" dopamine synapse » J Neurol Neurosurg Psychiatry 1989;52(6):724-731. Accès direct.
  18. Torack RM & Morris JC « The association of ventral tegmental area histopathology with adult dementia » Arch Neurol. 1988;45(5):497-501. https://doi.org/10.1001/archneur.1988.00520290025008


Catégorie:Neurosciences Catégorie:Anatomie du tronc cérébral