Littérature wallonne
La littérature wallonne existe depuis le XVIe siècle ou le début du XVIIe siècle et a connu son « âge d'or », à la fin du XIXe siècle[1].
Cette période a vu l'efflorescence d’œuvres littéraires, de pièces de théâtre et d’œuvres poétiques, ainsi que la création de nombreuses troupes de théâtre et de périodiques.
Histoire
[modifier | modifier le code]Les premiers textes écrits en territoire wallon l'ont été, en latin, du fait d'ecclésiastiques (moines, évêques) : Vita Sanctae Gertrudis (670), Vitae Landiberti (727), Liber de rectoribus christianis (vers 900).
Des siècles suivants demeurent (pas en wallon) :
- Xe : Séquence de Sainte Eulalie, Rithmus Teutonicus de piae memoriae Hludovico rege filio Hludvici aeque regis,
- XIe : Fecunda ratis (compilation de maximes et d'histoires, distiques),
- XIIe : Poème Moral,
- XIIIe : Godefroid de Fontaines,
- XIVe : Jean Froissart, Adenet le Roi,
- XVe : Jean Lemaire de Belges, Ystoire de Madame sainte Waudru (1433), Mystère de la Nativité (1478-1484),
- XVIe : Enffans du prince d’Amour, Le livre de conduite du Réggiseur, Compte des dépenses pour le Mystère de la Passion joué à Mons.
Le premier texte daté et conservé en original de la littérature en langue wallonne est le Sonèt lîdjwès â minisse du frère Hubert Ora, ou d’Heure, Mineur de Liège. Publié en 1622, il constitue la conclusion d’un débat théologique écrit, ayant opposé le théologien catholique, Louis du Château, au pasteur wallon, Daniel Hochedé de la Vigne, entre et [2]. Parmi les thèmes récurrents de la littérature du début de la littérature wallonne du XVIIe siècle, on retrouve notamment des lamentations décrivant les horreurs de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui affecta particulièrement les populations romanes des Pays-Bas méridionaux, comme dans l'extrait ci-dessous qui vitupère les exactions du seigneur de guerre Ernst von Mansfeld
Wallon | Français |
---|---|
Dji n'sai si l'diâle n'èvolrè nin, |
J'ignore si le Diable emportera, |
En 1863, la Société liégeoise de littérature wallonne réalise une traduction de l’Évangile de Saint-Mathieu, à la demande du prince Louis-Lucien Bonaparte qui regarde le dialecte liégeois comme le premier ou du moins comme devant être mis en tète de tous les patois de la langue d’oïl[4]. La New York Public Library détient une importante collection d'œuvres littéraires en wallon, probablement la plus importante hors de la Belgique. Sur près de mille œuvres, vingt-six ont été publiées avant 1880. Ce chiffre augmente ensuite chaque année pour atteindre un pic de soixante-neuf en 1903. Après cela, les publications en wallon diminuent à onze en 1913.
Au XIXe siècle, des traductions des Fables d'Ésope sont réalisées, en liégeois, par Charles Duvivier (en 1842), Joseph Lamaye (1845), l'équipe de Jean-Joseph Dehin (1847, 1851-1852) et François Bailleux (1851-1867)[5]. D'autres adaptations sont réalisées par Charles Wérotte (Namur, 1844). Léon Bernus publie une centaine de fables de La Fontaine traduites dans le dialecte de Charleroi (1872). Au XXe siècle, Joseph Houziaux (1946) publie une sélection de cinquante fables dans le dialecte du Condroz.
Il existe des liens entre la littérature française et la littérature wallonne. Par exemple, l'écrivain Raymond Queneau a publié l'anthologie de la poésie wallonne de Maurice Piron aux éditions Gallimard. Ubu roi a été traduit par André Blavier, important pataphysicien de Verviers, et ami de Queneau, pour le nouveau théâtre de marionnettes de Liège de Jacques Ancion. Le Petit Prince a été traduit en wallon de Châtelet, par Jean-Luc Fauconnier, en 2008, en liégeois, par Guy Fontaine, en 2012, et en namurois, par Bernard Louis, en 2013.
Auteurs de langue wallonne
[modifier | modifier le code]- Joseph Mousset (1799-1870), auteur de pasquilles à caractère satyrique contre l'Eglise
- Joseph Dejardin (1819-1895)
- Nicolas Defrêcheux (1825-1874)
- Léon Bernus (1834-1881)
- Édouard Remouchamps (1836-1900)
- Henri Simon (1856-1939)
- Eugène Gillain (1882-1955)
- Jean Bosly (wa) (1883-1964)
- Gabrielle Bernard (1893-1963)
- Joseph Mignolet (1893-1973)
- Arthur Masson (1896-1970)
- Auguste Laloux (wa) (1906-1976)
- Willy Bal (1916-2013)
- André Henin (wa) (1924-1993)
- Roger Viroux (wa) (1927-2005)
- Lucien Somme (wa) (1932-2012)
- Joseph Bily (1940-)
- Chantal Denis (wa) (1952-)
- Lucien Mahin (1953-)
- Joël Thiry (wa) (1957-)[6]
- Laurent Hendschel (wa) (1966-)
-
Charles-Nicolas Simonon
-
Chantal Denis (2002)
-
Roger Viroux (2002)
-
Émile Gilliard (2008)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Maurice Wilmotte, Le Wallon : histoire et littérature dès origines à la fin du XVIIIe siècle, 1893.
- Maurice Piron, Les lettres wallonnes contemporaines, Éd. Casterman, Tournai, 1944
- Maurice Piron, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, Éd. Mardaga, Liège, 1978.
- Hervé Hasquin, La Wallonie, son histoire, Éd. Luc Pire, Bruxelles, 1999 (ISBN 2-930240-18-0)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Anthologie de la littérature wallonne, Mardaga, Liège, 1978, (ISBN 2-8021-0024-6)
- Marie-Guy Boutier, La Littérature wallonne, Chap. VII. Université de Liège, 2009, p. 247
- Quatre dialogues de paysans (1631-1636), III, 73-82, textes rassemblés et commentés par Jean Haust (1868-1946) Liège, Imprimerie H. Vaillant-Carmane, 1939.
- Bulletin de la Société Liégeoise de Littérature Wallonne, 3è année, Liège, 1860
- Anthologie de la littérature wallonne, Mardaga, Liège, 1978
- https://www.museedelaparole.be/fr/thiry-joeel.html?cmp_id=35&news_id=15
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Wallon
- Théâtre wallon
- Histoire de la langue wallonne
- Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie (Maurice Piron, 1979)
- Belgique romane = Région wallonne = Wallonie
- Société de langue et de littérature wallonnes
- Liste de chansons wallonnes