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Conversion lexicale

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(Redirigé depuis Dérivation impropre)

La conversion (appelée aussi la dérivation impropre, la dérivation implicite, ou la dérivation zéro) est un procédé de formation de mot par lequel le mot change de catégorie grammaticale sans aucune modification formelle. Elle est considérée comme un des procédés les plus productifs en français moderne.

Concernant l’aspect sémantique, en passant dans une autre classe lexico-grammaticale, le mot change de sens et de fonction syntaxique, il change ainsi de place dans la proposition. En général, il y a trois types principaux de conversion : la substantivation, l’adjectivation, l’adverbialisation.

Comme le changement du mot ne laisse aucune trace de dérivé, il est difficile de savoir, entre deux mots, lequel est la base et lequel est le dérivé.

La recherche doit donc être basée sur des dictionnaires et des matériaux fiables.

Deux idées dans la compréhension du concept

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L’existence de deux termes “dérivation zéro” et “conversion” vient de deux implications théoriques différentes. Pour ceux qui prennent le terme “dérivation” (zéro ou non), le procédé constitue un passage d’un lexème A à un lexème B, et on obtient donc deux lexèmes, dont l’un est dérivé de l’autre. Cette approche relève alors, en ce sens, de la morphologie dérivationnelle. Quant à ceux qui utilisent le terme “conversion”, le processus vient d’une seule et unique notion convertie d’une catégorie grammaticale en une autre. Il relève donc de la sémantique et de la syntaxe[1].

Types de la conversion

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Conversion catégorielle

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Substantivation (* → nom)

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Toutes les parties du discours peuvent former un nom. La conversion peut se produire entre les noms, ou à partir d’autres catégories.

nom → nom
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nom propre → nom commun
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Les noms propres peuvent devenir facilement noms communs :

  • Des noms d’auteurs, d’inventeurs et de savants passent à leurs œuvres et inventions : J’ai lu Balzac./ Il joue du Mozart.
  • Des noms de lieux passent aux objets qui y sont produits : champagne, bordeaux, …
nom commun → nom commun
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Les noms communs forment de nouveaux noms communs grâce à un changement d’article ou de genre :

  • la jeunesseune jeunesse
  • la beautéune beauté
adjectif → nom
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L’adjectif devient facilement substantif : le beau, le vrai, le comique, un sourd,

participe présent → nom
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Les participes présents contribuent activement dans la formation de nom aujourd’hui : un étudiant, un débutant, un manifestant,

infinitif → nom
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Le passage des infinitifs aux substantifs est rare dans le français moderne : le manger, le boire, le diner, les vivres,

adverbe → nom
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On rencontre parfois les cas des adverbes substantivés, par exemple : le trop (de confiance), le peu (de connaissance), …

Autres → nom
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Enfin, des mots outils peuvent être substantivés : un oui, un non, le pour, le contre,

Adjectivation (* → adjectif)

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nom → adjectif
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Les adjectifs tirés d’un substantif par apposition sont actuellement d’un emploi très large, notamment les noms désignant la couleur : des jupes marron, des robes rose

D’un autre côté, il faut noter les cas de la langue populaire et de l’argot : un air canaille, un diner monstre 

participe → adjectif
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Les participes présents et passés deviennent facilement adjectifs : amusant, éclatant, poignant, perdu, résolu, gâté, dissipé

adverbe → adjectif
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Les adverbes peuvent s’employer comme adjectifs : étage au-dessus, chambre à côté

Adverbialisation (* → adverbe)

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On rencontre souvent les cas où les adjectifs sont employés comme les adverbes, surtout les adjectifs marquant la couleur : voir rouge, rêver rose, rire jaune, etc., et les adjectifs qualificatifs comme : parler fort, coûter cher, sentir bon

Conversion totale et partielle 

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Jean Tournier a divisé la conversion en deux types : la conversion totale et la conversion partielle. Selon lui, la conversion totale est “le cas où le mot transfert adopte totalement le statut de la classe d’arrivée” et la conversion partielle est “le cas où il (le mot transfert) ne l’adopte que partiellement.”, comme le boire, le manger, etc.[2]  Tandis que pour Valerie Adams dans son ouvrage “An Introduction to Modern English Word-Formation”, “la conversion totale est un procédé morphologique de formation d’unités lexicales, tandis que la conversion partielle est un type de comportement syntaxique.” [3]

La conversion orientée

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Elle classifie seulement quelques cas de conversion en français.

Selon les facteurs grammaticaux

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Grâce à la suffixation, on peut connaitre l’appartenance catégorielle d’un mot. Et si ce mot entre dans la conversion, la distinction entre la base et le dérivé deviendra facile. Prenons l’exemple du mot « portable » et du mot « barbu », dont le suffixe nous aide bien à connaitre sa catégorie de l’adjectif. Alors, quand ces mots subissent une conversion, le sens de ce changement demeure formellement net. On appelle ce cas la conversion orientée adj > nom.

On peut citer des autres exemples comme: toucher (v) > toucher (n), repentir (v) > repentir (n), etc.

Selon les facteurs pragmatiques

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Le cas de la métonymie dans la conversion 'adjectif > nom', par exemple: « des ronds » (« de l’argent »), « un bleu » (« une ecchymose », « un nouvel élève », « une nouvelle recrue » etc.), « de la carrée » (« la chambre »), etc., qui est, selon Denis Apothéloz, considéré comme « le rapport conceptuel » qui caractérise les substantivations[4].

Le cas des conversions 'nom > adjectif', généralement nombreuses dans le domaine des couleurs. Dans la plupart de ces cas, le caractère de l’origine de cet emploi adjectival est facilement perçu grâce à l’invariabilité du mot, lequel est considéré comme une règle de l’orthographe française.

Notes et références

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  1. Paillard Michel, Lexicologie contrastive anglais-français : formation des mots et construction du sens, Gap, Ophrys,
  2. Tournier Jean, La conversion : Problèmes théoriques et implications sémantiques, Paris, Les belles lettres, , p. 72-90
  3. Tribout Delphine, Les conversions de nom à verbe et de verbe à nom en français, Paris, Université Paris Diderot (Paris 7),
  4. Apothéloz Denis, La construction du lexique français, Paris, Ophrys

Bibliographie

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  1. Apothéloz, D. (2002). La construction du lexique français. Paris : Ophrys (L’essentiel français).
  2. Bally, C. (1944). Linguistique générale et linguistique française. 2e édit. Berne : Francke.
  3. Guiraud, P. (1967). Structures étymologiques du lexique français. Paris : Larousse (Langue et langage).
  4. Grevisse, M., Goosse, A. (1986). Le bon usage. 12e édit. Gembloux : Duculot.
  5. Nyrop, K. (1936). Grammaire historique de la langue française : Vol. 3. Formation des mots. Copenhague : Gyldendal. 
  6. Tournier J. (1980). « La conversion : Problèmes théoriques et implications sémantiques ». In Brunet G., Coggan M., Gill M., Grandcolas B., Schmidt G., Petit J., Tournier J., Van Bommel H. Recherche en linguistique étrangère, Université de Besançon. 1980. Paris : Les belles lettres, p. 72-90 (Annales littéraires de l'Université de Besançon). 
  7. Tribout D. «Les conversions de nom à verbe et de verbe à nom en français», Thèse de doctorat en sciences du langage, sous la direction de Fradin B., Paris, Université Paris Diderot (Paris 7), 2010, 347 p.

Articles connexes

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