Contemporaine de Léonard de Vinci, de Christophe Colomb et de Gutenberg, Anne de Bretagne a vécu à l’époque du renouveau. Voyons quel héritage a laissé celle qui fut l’une des reines les plus emblématiques de l’histoire de France.
Une héritière très convoitée
Née à Nantes, Anne de Bretagne (1477-1514) est la fille aînée de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix. Elle reçoit une éducation très soignée, est initiée au latin, fait exceptionnel pour une femme de l’époque, ainsi qu’à la chasse au faucon et aux jeux stratégiques.
Très tôt, la vie de la jeune héritière est liée aux enjeux politiques dus à son rang. Son père François II, farouche défenseur du duché de Bretagne au nom de calculs stratégiques promet la main de sa fille à plusieurs souverains. Ainsi donc dès l’âge de quatre ans la future duchesse se voit promise en mariage au prince de Galles, puis à neuf ans à Maximilien 1er d’Autriche, à dix ans au duc d’Orléans, futur roi de France, le prince d’Orange… À la mort de François II en septembre 1488, en l’absence d’héritier mâle, elle succède à son père et devient duchesse de Bretagne.
Deux fois reine de France
Anne de Bretagne, âgée de onze ans seulement et déjà fin stratège, consent à épouser par procuration Maximilien d’Autriche afin de protéger le duché de Bretagne, source de convoitise. Le roi de France, l’éternel rival désapprouve ce mariage qui à ses dires s’est fait en violation du traité selon lequel elle ne peut se marier sans l’accord du roi de France. Il s’agit du traité du Verger signé le 19 août 1488 par le roi de France et le duc de Bretagne. Charles VIII furieux face à cette « provocation » assiège Rennes. Anne de Bretagne, acculée, doit se rendre et épouser le roi de France le 6 décembre 1491 au château de Langeais. Le pape a en effet annulé son premier mariage avec Maximilien de Habsbourg. Anne de Bretagne devient reine de France et son contrat de mariage stipule que cette union constitue un traité « pour assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France ». En revanche elle perd son titre de duchesse de Bretagne. Le duché de Bretagne est dirigé par le roi de France en personne. Anne de Bretagne ne joue aucun rôle sur le plan politique. Dans le même temps sur le plan humain, elle doit vivre un drame terrible : la perte successive de ses six enfants nés du mariage royal.
Un an après la mort accidentelle du roi Charles VIII survenue le 7 avril 1498, Anne de Bretagne épouse son successeur Louis XII comme le prévoyait une clause maritale dans le contrat précédent. Pour la deuxième fois, Anne de Bretagne est consacrée reine de France. Aucune autre femme dans le royaume de France ne portera deux fois la couronne.
Femme de pouvoir, à la fois reine et duchesse
Le contrat de mariage entre Anne de Bretagne et le roi Louis XII sera cette fois beaucoup plus favorable à la reine. En vertu des droits des souverains de France sur la Bretagne, elle reprend son titre de duchesse de Bretagne et retrouve les pleins pouvoirs sur le duché de Bretagne dont elle défendra farouchement l’indépendance. Femme de caractère, elle assume dignement sa double fonction de reine et de duchesse. Elle embellit le château ducal et administre le duché d’une main de fer. « Plutôt mourir que de se déshonorer », telle était sa devise. Elle va jusqu’à frapper monnaie avec son effigie et son nom, mesure saluée comme fort audacieuse. Elle eut deux filles : Claude de France, future femme de François 1er et Renée de France.
Très cultivée, Anne de Bretagne fut la première reine de France à exercer un rôle de mécène. À la cour de France, elle s’ingénia à s’entourer de musiciens, d’écrivains et de peintres. Sa bibliothèque personnelle comptait des titres tels que Les Vies de femmes célèbres, commandé à son confesseur Antoine Dufour. La reine-duchesse se distinguait à la fois par sa piété, son humanisme et son esprit d’indépendance.
De santé fragile, épuisée par les nombreuses maternités, Anne de Bretagne s’éteint à l’âge de 37 ans. Ses funérailles auront une ampleur exceptionnelle. Ils dureront quarante jours. Son corps est inhumé dans la basilique de Saint-Denis. Selon ses dernières volontés son cœur repose dans un écrin d’or conservé précieusement au musée Thomas Dobrée à Nantes. Ce geste symbolique marque l’attachement indéfectible de la reine à son identité bretonne.
Personnalité hors du commun, grande femme d’État au destin fabuleux, Anne de Bretagne a rejoint le cercle des figures mythiques de l’Histoire.
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