Vision Times https://www.visiontimes.fr/ Un autre regard sur le monde Thu, 06 Mar 2025 16:10:02 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 https://www.visiontimes.fr/wp-content/uploads/2021/04/cropped-favicon-vision-times-france-32x32.png Vision Times https://www.visiontimes.fr/ 32 32 L’alimentation consciente : améliorer la santé et la relation avec la nourriture https://www.visiontimes.fr/sante/bien-etre/lalimentation-consciente-ameliorer-la-sante-et-la-relation-avec-la-nourriture Thu, 06 Mar 2025 16:04:54 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92901 Avec l’accélération de notre rythme de vie, la prise des repas est de plus en plus négligée. L’alimentation consciente est une technique qui consiste à être plus…

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Avec l’accélération de notre rythme de vie, la prise des repas est de plus en plus négligée. L’alimentation consciente est une technique qui consiste à être plus conscient et à l’écoute de nos besoins. Elle favorise une relation plus saine avec la nourriture tout en améliorant à la fois la santé physique et le bien-être émotionnel.

Comment l’alimentation consciente favorise la gestion du poids

L’alimentation consciente peut favoriser la perte de poids, mais pas au sens restrictif du terme. Plutôt que de se concentrer sur les calories ou sur un régime alimentaire rigide, elle implique d’écouter les signaux naturels de faim et de satiété du corps. Cette approche permet de réduire la suralimentation et l’alimentation émotionnelle, rendant la gestion du poids plus intuitive et durable.

Les recherches suggèrent qu’une alimentation consciente facilite la perte de poids en favorisant un rythme alimentaire plus lent, en réduisant les habitudes alimentaires liées au stress et en aidant à faire la distinction entre la véritable faim et les envies émotionnelles.

1. Manger plus lentement

L’un des principaux avantages de l’alimentation consciente est l’importance de ralentir le rythme et de manger avec intention. Lorsque les repas sont pris à la va-vite ou devant un écran, il devient facile d’ignorer les signaux naturels de satiété envoyés par le corps. Manger lentement donne au cerveau le temps de reconnaître la satiété, ce qui évite de trop manger avant qu’elle ne se manifeste.

En savourant chaque bouchée et en prêtant attention aux saveurs, aux textures et aux sensations, il est possible d’être rassasié avec moins de nourriture. Imaginez que vous dégustez un morceau de gâteau au chocolat avec tant d’attention que vous appréciez chaque bouchée et chaque saveur.

2. Réduire les habitudes alimentaires liées au stress

Le stress a un impact direct sur les habitudes alimentaires. Lorsque le corps est soumis au stress, il libère du cortisol, une hormone qui peut déclencher des envies de nourritures riches en calories, sucrées ou grasses. Cette réponse fait partie du mécanisme naturel de lutte ou de fuite du corps, mais elle conduit souvent à grignoter sans réfléchir plutôt qu’à se nourrir réellement.

L’alimentation consciente : améliorer la santé et la relation avec la nourriture
Lorsque le stress déclenche des envies de nourriture, il est facile de se tourner vers des aliments réconfortants.(Image : dmytros9 / envato)

L’alimentation consciente permet de rompre ce cycle en incluant de faire une pause avant de manger. Il existe d’autres moyens de gérer la tension, comme la respiration profonde, une petite marche ou une activité apaisante. Au fil du temps, cette pratique réduit la dépendance à la nourriture comme mécanisme d’adaptation au stress.

3. Reconnaître la véritable faim par rapport aux envies émotionnelles

Bien que le fait de manger sous l’effet du stress soit une forme d’alimentation émotionnelle, de nombreuses autres émotions, comme l’ennui, la tristesse ou même la joie, peuvent également provoquer des envies de nourriture. La véritable faim apparaît progressivement et s’accompagne de signes physiques comme un estomac qui gargouille ou une baisse d’énergie. Les envies émotionnelles, en revanche, ont tendance à apparaître soudainement et sont souvent dirigées vers des aliments réconfortants spécifiques.

Pratiquer la pleine conscience peut aider à différencier ces deux envies. Lorsqu’une envie survient, évaluer si elle provient de la faim physique ou de l’émotion peut conduire à des choix plus intentionnels. Si l’envie n’est pas due à la faim réelle, trouver d’autres moyens de répondre aux besoins émotionnels (par exemple appeler un ami, tenir un journal ou s’adonner à un passe-temps) peut aider à rompre avec l’habitude de manger pour se réconforter.

Une pratique simple de pleine conscience 

La technique dite de la « règle 3-3-3 » permet d’intégrer facilement la pleine conscience dans les repas. Avant de manger, prendre trois respirations profondes permet de calmer le système nerveux et de porter l’attention sur le moment présent. Ensuite, reconnaître trois aspects de la gratitude liés au repas comme sa valeur nutritive, son goût ou son origine renforce l’appréciation. Enfin, faire trois pauses pendant le repas pour vérifier les niveaux de faim et de satiété favorise une plus grande prise de conscience, ce qui permet d’arrêter de manger lorsqu’on est rassasié.

Comment l’alimentation intuitive est liée à la perte de poids

L’alimentation intuitive, une pratique étroitement liée à l’alimentation consciente, encourage à écouter les signaux de faim et de satiété du corps tout en éliminant la culpabilité et les restrictions liées à la nourriture. Plutôt que de suivre un régime, l’alimentation intuitive favorise la satisfaction et une approche équilibrée de l’alimentation.

L’alimentation consciente : améliorer la santé et la relation avec la nourriture
En apprenant à faire confiance à notre corps et à manger en pleine conscience, nous pouvons construire une relation durable et saine avec la nourriture, sans culpabilité ni restriction. (Image : dmytros9 / envato)

Les recherches indiquent que les approches basées sur la pleine conscience peuvent favoriser la guérison des troubles de l’alimentation et la gestion du poids. Cependant, l’objectif de l’alimentation intuitive n’est pas une perte de poids rapide, mais plutôt une relation saine, à long terme, avec la nourriture. En améliorant les habitudes alimentaires et en réduisant le stress, une amélioration de poids peut survenir de manière naturelle plutôt que comme un objectif principal.

Appliquer la pleine conscience aux habitudes alimentaires

Intégrer la pleine conscience dans les habitudes alimentaires quotidiennes peut être un outil puissant pour améliorer le bien-être général. Manger lentement permet de prendre conscience des quantités ingurgitées et d’avoir une meilleure sensation de satiété. En mangeant trop vite, le cerveau n’a pas le temps de recevoir le signal de satiété. Éliminer les distractions comme la télévision ou le téléphone améliore la perception des saveurs et des textures, rendant le repas plus satisfaisant.

Faire la distinction entre la faim émotionnelle et la faim physique peut également conduire à des choix plus sains. Avant de manger, se demander si la faim est réelle ou motivée par le stress ou l’ennui peut éviter de grignoter inutilement. Au lieu d’un contrôle restrictif des portions, l’alimentation consciente encourage à servir des quantités raisonnables de nourriture tout en restant à l’écoute des signaux du corps avant de décider de manger plus.

Les pratiques de pleine conscience telles que la méditation, le yoga ou la respiration profonde peuvent également aider à réduire le stress et à soutenir l’équilibre émotionnel général, améliorant ainsi indirectement les habitudes alimentaires.

Une approche durable pour une alimentation saine

L’alimentation consciente n’implique pas de suivre un régime, mais de développer une relation saine et durable avec la nourriture. En écoutant les signaux corporels, en réduisant l’alimentation émotionnelle et en mangeant avec intention, des bienfaits à la fois physiques et mentaux peuvent se faire ressentir.

L’alimentation consciente offre une alternative pratique et agréable à ceux qui recherchent un moyen durable d’améliorer leur santé sans régime restrictif. De petits changements, comme prendre une grande respiration avant les repas, mâcher lentement et apprécier chaque bouchée, peuvent progressivement transformer notre approche de la nourriture. Au fil du temps, ces habitudes conscientes contribuent à un bien-être durable et à un mode de vie plus équilibré.

Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

Source : The Art of Mindful Eating: Enhancing Health and Relationship with Food
www.nspirement.com

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France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail ? (2/2) https://www.visiontimes.fr/france-2/france-tradition/france-meru-petite-ville-de-loise-capitale-mondiale-de-la-nacre-futur-musee-europeen-de-leventail-2-2 Thu, 06 Mar 2025 07:00:00 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92848 Le métier des tabletiers, une ode à la patience : rencontre avec Stéphanie Millet, Maxime Desirest et Fabrice Soyez Il est des destins insoupçonnés qui mènent…

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Le métier des tabletiers, une ode à la patience : rencontre avec Stéphanie Millet, Maxime Desirest et Fabrice Soyez

Il est des destins insoupçonnés qui mènent tous sur le chemin de la nacre. Des destins discrets qui œuvrent tous ensemble pour faire perdurer et transmettre un savoir-faire traditionnel, immatériel, si précieux pour le futur : le savoir-faire des tabletiers. L’équipe de Vision Times est donc allée à la rencontre de ces artisans d’art, travaillant des matières nobles et luxueuses, avec une infinie patience et un grand respect au sein même du Musée de la Nacre. 

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail 
Stéphanie Millet, tabletière, créatrice de bijoux, restauratrice spécialiste de la nacre. Atelier du Musée de la Nacre. Méru (Oise), le mercredi 12 février 2025. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Stéphanie Millet, tabletière, créatrice de bijoux, restauratrice, spécialiste de la nacre... 

Un destin sur le chemin de la nacre...

Suivez-nous, chers lecteurs, dans les ateliers secrets du Musée de la Nacre, où nous rencontrons Stéphanie Millet, tabletière de profession, spécialiste de la nacre et des bijoux. Stéphanie travaille ici depuis plus de 10 ans déjà. Elle produit, crée, restaure tous types d’objets en matière naturelle et principalement la nacre, matière noble qu’elle affectionne tout particulièrement. 

C’est une autodidacte au parcours atypique avec des « mains en or », sans mauvais jeux de mots, vous allez comprendre très vite pourquoi. Stéphanie nous livre son histoire, touchante... Emprunt d’une grande humilité, Stéphanie nous explique qu’elle se forme au quotidien, au fil des jours, au fil des expériences, qu’elle a énormément appris auprès des anciens et que si elle en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce en partie à sa grand-mère. Stéphanie se remémore...

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Dominos dont les points sont percés et mouchetés au noir de fumée. Pivot central en laiton. Plaques de nacre naturellement bleutées et d’ébène. Réalisés par les artisans tabletiers du Musée de la Nacre à Méru (Oise). (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie)Screenshot

Tout d’abord esthéticienne, il y a plus de dix ans, Stéphanie se retrouve en recherche d’emploi, seule, traversant des épreuves éprouvantes de la vie. Elle perd également sa grand-mère adorée. Stéphanie est désemparée, demande de l’aide avec force, dans son cœur à sa grand-mère...C’est alors qu’elle tombe sur une petite annonce de Pôle Emploi proposant une offre d’emploi dans le domaine de fabrication de ...dominos. Stéphanie y voit comme un signe du destin, pour elle, ce n’est pas un hasard...En effet, Stéphanie était la seule à jouer énormément aux dominos avec sa grand-mère. Stéphanie s’est alors dit : « C’est un signe. Ce n’est pas grave, je ne sais pas faire de dominos, mais je vais essayer. » Arrivée au musée, Stéphanie satisfait à un test de création qui lui est demandé. Une semaine plus tard, elle débutait au Musée de la Nacre. À chaque fois qu’elle crée des dominos, Stéphanie pense à sa grand-mère. Elle possède désormais, un petit porte-clefs domino qui ne la quitte plus. Un destin pavé de dominos nacrés pourrait-on dire, quel beau symbole.

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
À gauche : Portrait assis de l’Empereur Ming Chengzu se faisant appeler Yongle, signifiant « Joie éternelle », (1360-1424), troisième Empereur de la dynastie Ming et l’un des plus célèbres empereurs chinois. Il est l’initiateur de la construction de la Cité interdite. 
À droite : La Tour de Porcelaine, ou encore appelée le Temple de la gratitude à Nankin en Chine, dans une illustration de Fischer von Erlach (1721). (Image : National Palace Museum / Domaine public)

Un projet tombé du ciel : La restauration de la Tour de Nankin, une maquette d’architecture en nacre, originaire de Chine, par Stéphanie Millet et Jean-François Barthélémy

Qui connaît la Tour de Nankin ? Peu de monde me direz-vous. Et vous ? La connaissez-vous chers amis lecteurs ? En nous intéressant à la restauration de sa maquette, l’équipe de Vision Times a elle-aussi découvert son histoire... La Tour de Nankin aurait été construite en 1431, sous la dynastie Ming, en Chine sur les bords du Yanzi Jiang, à Nankin même. Elle aurait été détruite dans les années 1850 par les rebelles Taiping. Ceux-ci occupent alors Nankin, qu’ils renommeront Tianjing ou « La Capitale céleste », leur but étant d’éviter que la Tour ne tombe aux mains des Qing. Cette tour chinoise, connue également sous le joli nom de « Tour de Porcelaine » ou de « Temple de la Gratitude » aurait été pensée et dessinée par l’Empereur chinois Yongle au XVe siècle. Considérée comme une nouvelle merveille du monde par les occidentaux, elle aurait été décrite par un colonel anglais du nom d’Arthur Cunnynghame dans son compte rendu d’août 1842, après une visite à Nankin. Il l’a décrite comme l’un des plus grands et des plus beaux édifices de Chine de l’époque. La tour aurait eu une hauteur d’environ 80 mètres, formée de huit étages, et ce, sur des bases octogonales. Chaque étage aurait été consacré à une divinité bouddhiste, les murs extérieurs de la Tour recouverts de tuiles de porcelaine, et la nuit illuminée par plus de 140 lampes à huile. Des maquettes d’architecture de cette tour auraient été réalisées en Chine, l’une de 93 centimètres de haut et une un peu plus petite à notre connaissance. Ce serait Christophe-Paul Céleste, (tiens, Céleste comme la « Capitale céleste »...) de Robien (1698-1756 ?), collectionneur d’art français, alors président du Parlement de Bretagne, possédant un cabinet de curiosités, passionné par les beaux objets, la richesse culturelle et surtout la diversité des divinités, qui aurait été en possession de la maquette d’architecture de la Tour de Nankin, achetée en 1740 à Nankin même. Ce sera cette tour précisément qui sera restaurée ici à Méru par Stéphanie Millet et Jean-François Barthélémy. En 1789, les biens de M. de Robien seront saisis, déménagés sans ménagement, ayant pour conséquence, la dégradation de la Tour. Celle-ci sera retrouvée un peu par hasard, de nos jours, dans une boîte à chaussures, les huit étages séparés, toute la nacre tombée...

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Photos réalisées en interne autour de la restauration de la Tour de Nankin, datant du XVIIe siècle et venant de Chine. Tour exposée actuellement au musée des Beaux- Arts de Rennes. (Image : Avec l’aimable collaboration de Stéphanie Millet du Musée de la Nacre)

C’est là qu’interviennent donc les tabletiers du Musée de la Nacre de Méru dans l’Oise...

Stéphanie nous explique que c’est un projet qui leur est tombé « dessus ». Le Musée des Beaux-arts de Rennes cherchait quelqu’un ayant les compétences en nacre pour restaurer cette tour. 

Elle souligne : « À l’époque de leurs recherches, je n’étais pas encore arrivée au musée. C’est assez drôle pour la petite histoire. Et à force de chercher, ils sont tombés sur le Musée de la Nacre de Méru. Quand ils m’ont proposé ce projet, j’ai tout de suite accepté. C’était un très gros challenge, étant donné qu’à l’époque, je n’avais pas encore assez d’expérience. C’était tout nouveau et je me suis dit : " Pourquoi pas ? " » 

Restauration de la Tour de Nankin, fin XVIIe siècle, du Musée des Beaux-Arts de Rennes en collaboration avec les artisans du Musée de la Nacre de Méru (Oise).

Une belle coopération entre artisans d’art pour cette restauration

Tout ce que Stéphanie connaît de cette maquette d’architecture, c’est qu’elle a une jumelle plus petite, exposée, semble-t-il, dans un château du Lincolnshire en Angleterre, au nord-est de Londres, entièrement nacrée également. Celle-ci sera précieuse, car elle permettra la restauration de sa grande « sœur » en France par les informations transmises par les confrères anglais. C’est ainsi qu’a démarré cette belle aventure de restauration avec une vraie coopération de corps de métiers si différents.

Un protocole de restauration est alors établi par un atelier régional situé en Bretagne, à Kerguéhennec (Morbihan), aussi Stéphanie et Jean-François doivent s’y conformer. La nacre utilisée est blanche, et provient d’une huître perlière blanche. En effet, avec le temps, la nacre de la Tour de Nankin a jauni, il faut tout remplacer.

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Découpe des balustrades de la Tour de Nankin, en nacre blanche, par Stéphanie Millet, tabletière, restauratrice, spécialiste de la nacre, au Musée de la Nacre de Méru (Oise). (Image : Avec l’aimable collaboration de Stéphanie Millet du Musée de la Nacre)

Stéphanie parle d’un vrai défi : « Il a fallu énormément de patience...Le plus difficile, ce fut d’ajuster les plaques de nacre, car le bois avait beaucoup travaillé avec le temps. Chaque face paraissait identique, mais en réalité, rien ne l’était...Nous avons dû nous adapter au support. C’était très compliqué. Avec Jean-François Barthélémy, nous avons passé entre 500 et 600 heures de travail dessus, entre la pose des balustrades (des pièces pleines ont été ajourées pour réaliser le treillage...), les petites fenêtres à découper, les gravures... » Plus de six mois auront été nécessaires ainsi que 300 plaques de nacre afin de restaurer la Tour de Nankin. Le niveau de restauration est vraiment élevé. Et le résultat est impressionnant de finesse. C’est sublime.

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Éléments de gravure fleurie, et découpe de plaquettes de nacre par Stéphanie Millet. (Image : Avec l’aimable collaboration de Stéphanie Millet du Musée de la Nacre)

Victor Hugo disait : « L’art, c’est le reflet que renvoie l’âme humaine éblouie de la splendeur du beau. »

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Création de Stéphanie Millet, inspiration du poisson-combattant, à la recherche de légèreté et drapé. Atelier du Musée de la Nacre. Le mercredi 12 février 2025. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Un défi créatif : le poisson combattant de nacre blanc de Stéphanie Millet

Fabrice Soyez, tabletier-dominotier, collègue d’atelier de Stéphanie, est ébloui par le travail de notre discrète Stéphanie, c’est pourquoi, du coin de l’œil, il nous guide vers une mystérieuse boîte, posée sur l’établi de cette dernière...Il l’ouvre et nous dit : « Regardez ce qu’elle sait faire...C’est magnifique ». En effet, une vraie splendeur, chers lecteurs. Platon ne disait-il pas que : « Le beau, c’est la splendeur du vrai » ? C’est un travail unique, une pièce rare et unique...vraie, tangible. À notre tour, nous sommes subjuguées par le magnifique poisson de nacre que nous découvrons… Stéphanie n’aime pas la routine et pousse toujours plus loin ses limites. Elle a un besoin vital d’apprendre encore et encore de la matière.

« Plus on travaille la matière, plus on l’aime. » nous souffle-t-elle.

Elle s’évade aussi en créant ces objets toujours de plus en plus créatifs. Ce magnifique poisson-combattant aura pris 100 à 150 heures. Il y a bien longtemps que Stéphanie ne compte plus vraiment ses heures tant elle est passionnée. Elle l’aime son métier, c’est sûr, elle l’aime…

Ce poisson-combattant naît lorsque Stéphanie est à la recherche de légèreté avec la nacre, ce sont les nageoires du poisson-combattant qui lui évoquent alors cette légèreté. Stéphanie trouve que la coquille dans laquelle on vient chercher la nacre est quelque chose de rigide, toujours d’une même forme, elle voulait obtenir un effet drapé, plus léger. Et voilà, ce magnifique poisson qui prend naissance entre ses mains. La nacre peut retourner à l’océan avec lui… Stéphanie précise que la difficulté dans ce travail d’art créatif résidait dans le fait qu’il faut retirer de la matière, mais...pas trop ! C’est compliqué de savoir jusqu’où l’artisan peut aller pour en retirer. Ainsi, y-a-t-il eu de nombreux loupés. Mais c’est en se trompant que l’on apprend, n’est-ce pas ? Stéphanie apprend plus de ses erreurs, c’est ce qu’elle nous confie.

Ainsi, comme le dit le vieil adage, « C’est bien en forgeant que l’on devient forgeron ». Stéphanie l’a très bien compris, intégré et n’hésite pas à faire et refaire, maintes et maintes fois. Le sens de l’effort est ancré en elle. « Nacré » en elle, oserai-je dire ?

Stéphanie essaie souvent de satisfaire les demandes de ses clients, des personnes qui cherchent à faire des cadeaux plus personnalisés ou à marquer un événement. Elle a par exemple réalisé des ailes d’anges, un pendentif en forme de guitare...Si vous cherchez, chers lecteurs, un cadeau spécial pour une personne spéciale, eh bien, rendez-vous au Musée de la Nacre de Méru, vous y trouverez une personne spéciale pour réaliser votre vœu. Demandez Stéphanie !  

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Ossature d’un éventail à nu. Support en nacre. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Stéphanie adore également travailler sur les éventails, cela lui est venu suite à une demande d’un particulier. Bientôt ce nouvel amour sera comblé, car Stéphanie aura fort à faire avec le Musée de l’Éventail qui arrive... 

Conseils de Stéphanie Millet aux jeunes générations : « Suivre les signes... »

De plus en plus de stagiaires viennent au Musée de la Nacre. L’atelier est de plus en plus connu, notamment grâce à la notoriété de la restauration acquise par la Tour de Nankin. Stéphanie rappelle aux jeunes et leur conseille de foncer, même s’ils ne sont pas initialement préparés à un type de métier. Pour elle, chaque expérience est bonne à prendre et est prétexte à apprendre. Elle rappelle qu’au départ, elle était esthéticienne avant d’arriver au Musée de la Nacre, et qu’elle a gardé des compétences, des réflexes, qu’elle avait acquis durant son précédent métier.

Elle redécouvre des gestes qu’elle utilisait, qui lui sont utiles. La nacre ressemble un peu à de l’ongle. Donc, il ne faut pas hésiter à changer de voie si on en éprouve le besoin profond. Stéphanie part du principe que chacun a son propre destin, que le chemin de nos vies est déjà tracé, que nous avons juste à le suivre... « Suivre les signes » conclut-elle, « Suivre les signes » et écouter son cœur, sans nul doute. 

Albert Einstein a dit : « La plus belle chose que nous puissions éprouver, c’est le côté mystérieux de la vie. C’est le sentiment profond qui se trouve au berceau de l’art et de la science véritables. »

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Maxime Desirest, tabletier, restaurateur. Atelier du Musée de la Nacre. Le mercredi 12 février 2025. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Maxime Desirest, tabletier-boutonnier au Musée de la Nacre...

Maxime nous reçoit à son tour dans l’atelier du Musée de la Nacre de Méru. Il nous explique qu’il produit pour la boutique du musée des objets et qu’il entretient également les machines. Il s’occupe, de plus, de restaurations exceptionnelles, comme par exemple, celle du miroir de l’ensemble du célèbre tabletier Aimé Jean-Baptiste Troisœufs, qui se trouve exposé actuellement au Musée de la Nacre du 25 janvier 2025 jusqu’au 30 juin 2025, l’exposition exceptionnelle étant intitulée : « Troisoeufs, l’histoire d’un ensemble unique. »

Maxime possède un brevet des métiers d’art en ébénisterie et un CAP de sculpteur sur bois. Le chemin de Maxime semblait naturellement se diriger vers celui du Musée de la Nacre... En effet, à l’époque, Maxime devait réaliser un stage dans un métier d’art « autre » que celui du bois. Le Musée de la Nacre étant proche de chez lui, c’est ici tout naturellement qu’il a décidé d’effectuer son stage lors de ses études d’ébénisterie. 

Maxime aime surtout l’aspect technique, la matière en elle-même, la nacre est une belle matière à ses yeux. Il aime les bois exotiques, l’os...Ce sont des matières agréables à travailler, luxueuses. « Cela fait plaisir de travailler de telles matières. », nous explique-t-il. 

Maxime nous confie qu’il ne faut pas que tout ce savoir-faire se perde, notamment concernant la fabrication des boutons en nacre, avec les machines d’époque et les méthodes de l’époque. Aujourd’hui, par exemple, concernant les boutons, les dominos, ils ne sont plus que deux tabletiers-dominotiers à les travailler ici, à Méru. 

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Ensemble exceptionnel monumental d’Aimé Jean-Baptiste Troisœufs, offert à la ville de Méru en 1878, comprenant : Un miroir, deux candélabres et une horloge, recouverts de milliers de plaquettes de nacre. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Restauration d’un ensemble exceptionnel en nacre, d’Aimé Jean-Baptiste Troisœufs, tabletier-éventailliste

Maxime Désirest, Stéphanie Millet en partenariat avec Marie-Cécile Cusson de l’atelier régional de restauration de Bretagne ainsi que Marc Voisot de l’atelier Chronos pour le mécanisme ont participé à la restauration de l’ensemble Troisœufs qui comprend une horloge, un miroir monumental et deux candélabres. Cet ensemble ayant été offert à la mairie de Méru par la grande famille du célèbre tabletier-éventailliste Aimé Jean-Baptiste Troisœufs, le 14 novembre 1878, afin de démontrer leur savoir-faire traditionnel. Cet ensemble incroyable et colossal restera exposé à la mairie de Méru jusqu’en 1999, puis sera ensuite déposé au Musée. L’ensemble est recouvert de milliers de morceaux de nacre, imaginez, chers amis lecteurs, la patience infinie qu’il aura fallu pour le créer et le restaurer...

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Une partie de la restauration de l’ensemble Troisoeufs par Stéphanie Millet. (Image : Avec l’aimable collaboration de Stéphanie Millet du Musée de la Nacre)

Notons également, chers amis lecteurs, qu’il paraît évident que l’industrie de la nacre est intrinsèquement liée à la vie des grandes familles de tabletiers de la région et de l’époque. En effet, par le biais des rachats d’usines, des fusions, des alliances diverses et variées, la nacre vit et évolue au travers d’elles...

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Fabrice Soyez, tabletier-dominotier et médiateur au Musée de la Nacre, lors de la visite guidée du mercredi 12 février 2025, devant la fameuse « machine à vapeur » qui fait tourner toutes les machines de l’atelier. (Image : L. Lefebvre / VisionTimes)

Fabrice Soyez, tabletier-dominotier et médiateur au Musée de la Nacre...

C’est en compagnie de Fabrice Soyez, endossant la casquette, à présent, de guide-conférencier que nous allons découvrir les grands ateliers du musée. Fabrice Soyez est l’un des deux dominotiers avec Jean-Christophe Dunil qui perpétuent le savoir-faire traditionnel de fabrication des dominos, ici à Méru, voire les deux derniers en Europe avec ces méthodes traditionnelles-ci. Fabrice va ainsi faire tourner les machines dès notre arrivée, et c’est Jean-Christophe qui en assure la maintenance. 

Fabrice avait, semble-t-il, un destin tout tracé sur le chemin de la nacre, tout comme ses acolytes. En effet, Fabrice est né dans un quartier qui ne portait pas encore de nom...Et nous vous le donnons entre mille, chers lecteurs, à votre avis quel a été le nom futur de ce quartier ? Et oui ! Le quartier de la Nacre ! Et bien sûr, quand Fabrice part en vacances, c’est bien sûr, sur les côtes de la Nacre au camping de la Nacre ! Et lorsque la petite sœur de Fabrice se plonge dans l’arbre généalogique de la famille et qu’elle remonte jusqu’à la cinquième génération, que trouve-t-elle ? Et oui des ancêtres tabletiers ! Fabrice Soyez était donc vraiment destiné aux métiers de la tabletterie. 

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Missel en nacre ; coquille de baptême ou « Nativité », boules de billard, collier en haliotide, nécessaire de voyage, photos de Franck Boucourt et Jean-Baptiste Quillien. (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie & Jade Lee / Vision Times)

La tabletterie

Mais qu’est-ce que la tabletterie en fait ? Il s’agit de la fabrication artisanale de tous les petits objets du quotidien comme les boutons, les nécessaires d’hygiène, de toilette comme les peignes, les brosses, les poudriers, la manucure, les nécessaires en coutellerie, les nécessaires d’écriture (coupe-papier, presse-papier...), les nécessaires de couture, les accessoires de mode, les ombrelles, les cannes, les boîtes, les bijoux, les petits outils de sciences, les jeux, les éventails, en musique pour la décoration des instruments, le mobilier, la table, les lunettes, les jumelles pour le théâtre, des petits objets religieux (chapelets), etc.

Fabrice Soyez nous explique qu’au départ, à Paris, la tabletterie ne fabriquait pas tout cela. En effet, au XIIIe siècle, les tabletiers commencent par fabriquer des tablettes à écrire, luxueuses parfois en ivoire, puisqu’au départ elles sont destinées aux personnes qui savent lire, comme le pape, les cardinaux, les évêques, puis, au fil du temps, ce seront les prêtres des régions qui utiliseront petit à petit des tablettes en bois. Les surfaces sont alors creusées et, à l’intérieur, le tabletier fait couler la cire liquide qui durcit, et c’est à l’aide d’un stylet que les religieux « écriront » dessus, graveront des écrits pour s’échanger des messages ou conserver leurs pensées religieuses.

À l’époque, les jeux de plateaux s’appelaient des « tables de jeux ». On parle de tablettes à écrire également, le mot « tabletier » est ainsi né. Et puis, après la Révolution française, les tabletiers ont décidé de s’associer avec d’autres corporations de métiers, une corporation étant un groupe de personnes qui fabriquent les mêmes objets. En 1640, les déciers (fabricants de dés à jouer) s’associent par exemple, puis les peigners (fabricants de peignes), les paternostriers (fabricants de chapelets) et ainsi de suite, ce qui formera un groupe énorme, une seule et même grande corporation : celle des tabletiers, mais chaque corps de métier conservera son nom de départ : les fabricants de dés seront des tabletier-déciers, les fabricants de dominos, des tabletier-dominotiers, etc. Les tabletiers travaillent essentiellement des matières premières animales ou végétales naturelles comme : l’os, le bois, la corne, l’ivoire, les écailles de tortues, la nacre… Ainsi, on trouvait des personnes spécialisées dans un seul domaine, une seule matière. Par exemple, les ivoiriers ne travaillaient que sur l’ivoire, les cornetiers que la corne, etc. Et d’autres personnes étaient plutôt spécialisées sur une certaine typologie d’objets. Par exemple, les boutonniers ne fabriquaient que des boutons, les couteliers que des manches de couteaux, etc. Et parfois, il pouvait y avoir des spécialités, à la fois typologiques et de matière, par exemple, des personnes ne fabriquaient que des couverts à salade en corne.

La tabletterie arrive à Méru...

C’est sous Louis XIV que Colbert, alors Premier ministre, parlera de décentralisation. Il aurait demandé aux entreprises qui se trouvaient au cœur de Paris d’emmener les machines en province. Selon des recherches sourcées, une famille de damiers de Paris aurait noué des liens avec la région méruvienne, région où il y avait à l’époque une main-d’œuvre bon marché qui incluait les paysans de la région.

Cependant, les estampilles de l’époque restent celles de Paris, plus vendeuses que celles de Méru. En effet, à l’époque, Paris est déjà renommée pour la haute couture, la joaillerie, le parfum, la tabletterie.

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Dominos des Ateliers d’Art de France, photo de cadre dans l’atelier de Fabrice Soyez et photo de mouchetage au noir de fumée du Musée de la Nacre. (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie & Jade Lee / Vision Times)

La fabrication des dominos 

Fabrice Soyez nous explique que la fabrication des dominos nécessite une grande dose de patience, car le processus est très long. Pour un jeu simple de dominos composé de 28 pièces, il y a 28 étapes, allant du « découpage » au « biseautage », en passant par le « polissage », au « perçage », au « mouchetage » entre autres étapes. 

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Dominos en ébène, en os et en haliotide, rivets, pivot central en laiton, incrustations de nacre blanche. (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie & Jade Lee / Vision Times)

Les dominos de Méru sont réalisés depuis 1910 avec des os de bœufs originaires d’Amérique du Nord ou d’Argentine. Fabrice Soyez nous interpelle : « Mais pourquoi aller si loin ? » La 1ère raison : il faut savoir que l’âge d’abattage des bœufs dans ces pays est de 7 à 8 ans, alors qu’en France, il est de l’ordre de 3 à 4 ans. Ainsi, les bœufs vivant plus longtemps, l’os outre-Atlantique est beaucoup plus dur, plus dense, plus « costaud ».

La seconde raison, c’est que dans ces pays les troupeaux sont de l’ordre de 20 000 à 30 000 têtes de bétail, alors qu’en France les troupeaux sont beaucoup plus petits ! Cependant, lorsque les os arrivent en France, il y a encore la chair, c’est plus économique pour les exportateurs outre-Atlantique. Il faudra alors cuire les os, enlever les chairs, vider la moelle osseuse après avoir coupé les extrémités des os et les avoir immergés dans de gros tonneaux remplis d’eau de pluie. Ce processus prend plusieurs semaines avant que la moelle osseuse tombe au fond du tonneau. Les os nettoyés seront alors divisés en deux gros morceaux, et chacun sera découpé en trois petits morceaux. Dans un os, six plaquettes seront ainsi réalisées.

Les dominos seront ainsi composés d’os et d’ébène, soudés ensemble par deux rivets. La pièce, ensuite, est poncée, les quatre côtés de l’os sont arrondis. Le pivot central sert à faire tourner la pièce sur la table, servant ainsi de protection à l’os ou à d’autres belles matières. Le polissage durera 56 heures, cela garantira la brillance de chaque pièce. De 1 000 à 1 500 pièces sont placées en même temps dans de gros tonneaux. Cela représente environ 50 jeux. Puis, les jeux partiront aux domiciles des ouvriers. À l’époque, ce sont les femmes qui s’occupent de l’étape du perçage. Une femme travaillait 10 à 12 heures par jour et gagnait 1,50 euro par jour environ, un homme, pour le même travail, gagnait trois fois plus. Un jeu de dominos comprend 28 pièces, donc 168 trous. Il faut savoir que les femmes à l’époque perçaient en une heure... 20 jeux, soit quelques 3 660 trous ! Fabrice, avec le sourire, nous indique que lui, en une heure, réalise 1 680 trous ...Les femmes à l’époque réalisaient donc une sacrée performance, à savoir, un trou par seconde, et ce, sans gabarit, sans repère, à l’œil !

Nous apprenons également qu’à l’époque, il existait des jeux de dominos avec des doubles 9, soit des jeux de 55 pièces, achetés en grande quantité par les Anglais, d’où leur nom de « jeu anglais ». Il existait également des jeux avec des doubles 12, jusqu’en 1910, environ.

Toute la famille était donc mise à contribution, même les enfants, qui eux, s’occupaient essentiellement du « mouchetage ». Les enfants peignent les petits points noirs des dominos. Ils étaient rémunérés à hauteur de 0,50 centime d’euros par jour. Pour moucheter les dominos, un mélange savamment dosé est utilisé, le noir de fumée ajouté à une laque fabriquée à partir d’une sécrétion de cochenille asiatique, dilué à l’alcool à brûler. L’encre de Chine n’est pas utilisée car elle est trop liquide. Les enfants utilisent des têtes de clou. Avec une goutte, les enfants bouchent un trou. Ce travail sera réalisé par les enfants après l’école. 

La machine à vapeur, pièce centrale du musée de la Nacre

Fabrice Soyez nous parle avec passion du cœur qui bat et fait vivre les ateliers du Musée : la machine à vapeur ! Celle-ci date de 1902 et fonctionne toujours, c’est elle qui alimente en énergie toutes les machines des ateliers. Elle a été fabriquée à Rantigny, près de Creil. Cette machine a été offerte par le grand-père d’une famille à son fils comme cadeau de mariage, car celui-ci ouvrait une usine. La machine, à l’époque, est gourmande, elle avale 12 stères de bois et 20 000 litres d’eau en une journée ! 

La nacre

Dans les ateliers, Fabrice nous présente différents coquillages utilisés pour leur nacre. Ceux-ci viennent du monde entier : Japon, Indonésie, Nouvelle-Calédonie, Singapour...Nous trouvons des haliotides ou ormeaux, des Burgaux, des huîtres perlières dont la nacre est très blanche, le Troca nacrier et bien d’autres. Il faut savoir qu’il y a 75 % de déchets sur une coquille nacrée. Ces déchets seront recyclés, nous les retrouverons dans les allées de jardin, dans les cimetières, sur les trottoirs, les champs...jusqu’en 1945 environ. « Rien ne se perd », comme disait Lavoisier, « Tout se transforme. »

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur Musée européen de l’Éventail
Boutons nacrés, paire de boutons de manchettes, tableau présentant les différents boutons réservés à différents domaines (ganterie, chemiserie, confection etc.) (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie & Jade Lee / Vision Times)

La fabrication des boutons

Lorsque vous visiterez les ateliers en compagnie de Fabrice, vous entrerez dans le monde des cinq sens. Vous venez de voir la matière, les différentes nacres avec les différents coquillages, ensuite, vous mettrez votre ouïe gentiment à l’épreuve avec le bruit des machines, et puis, l’odorat, lors du découpage des boutons, du meulage, vous aurez tout de suite l’impression d’être chez votre dentiste lorsque la fraise vous caresse l’émail. Fabrice nous parle de « l’éternel brouillard de poussière blanche » et nous rappelle qu’à l’époque, il n’y avait ni masque pour couvrir la bouche et le nez, ni casque pour les oreilles, ni aspirateur. Vers 35/40 ans, la poudre de nacre pouvait engendrer la maladie de la silicose chez les ouvriers. Fabrice nous met dans les mains les boutons dégrossis, ainsi vous pourrez toucher la matière, toucher l’objet réalisé et produit par les machines traditionnelles d’époque.

Différentes étapes, comme pour les dominos, jalonnent le parcours de la visite : le ponçage, qui peut durer entre 1h30 et 8h selon la variété du coquillage, une palourde, par exemple, ne devra pas être poncée plus d’1h30 sinon elle ressortirait en poudre. Lors de ce processus de ponçage, la pierre ponce est utilisée avec de l’eau savonneuse. Dix diamètres de boutons différents peuvent être mélangés dans la même machine, mais il faut absolument que la matière des coquillages soit identique et que l’épaisseur soit la même.

Une autre étape va suivre, c’est celle du calibrage : dix passoires calibrées par diamètre sont utilisées, en commençant par le diamètre le plus grand. Puis, le polissage, qui dure 56 heures, et ce, avec de la sciure de bois, de la graisse animale et de la paraffine, dans un tonneau. Puis, c’est au tour de la teinture, opération délicate car elle nécessite quatre semaines de la teinte la plus claire à la plus foncée, et un savoir-faire très précis dans les dosages.

Comme le disait Diderot : « Il faut être enthousiaste de son métier pour y exceller. »

C’est pourquoi l’équipe de Vision Times France remercie infiniment tous ces passionnés qui excellent dans leur métier, M. Florentin Gobier, pour nous avoir ouvert les portes de son Musée de la Nacre et avoir partagé avec nous sa passion et son amour pour le patrimoine français. Nous lui souhaitons une magnifique continuation avec l’installation du Musée de l’Éventail de la famille Hoguet.

Nous remercions également infiniment les artisans : Stéphanie Millet, Maxime Désirest, Fabrice Soyez, pour leur chaleureux accueil au sein même de leur atelier particulier de création et d’avoir échangé avec nous sur leur métier, leurs objets, leurs techniques et les matériaux qu’ils affectionnent. Nous les remercions également de transmettre leurs savoir-faire traditionnels, précieux sésames pour le futur, et ce toujours avec le sourire ! Merci également à Loréva Barreau, chargée de communication, ainsi qu’à Gracietta Osorio pour l’accueil en boutique.

Vision Times France reviendra sans nul doute, chers amis lecteurs, pour vous faire découvrir le Musée de l’Éventail d’Hervé Hoguet qui prendra toute sa place d’ici 2028 au cœur du Musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru.

Si vous passez en Picardie, n’hésitez plus, rendez-vous au Musée de la Nacre et de la Tabletterie, de plus, en période estivale, profitez des vendredis après-midi gratuits ! Et les jeudis, profitez en famille d’ateliers ludiques et créatifs. Les enseignants ne seront pas en reste avec leurs élèves, alors ? Il n’y a plus qu’à…

Si vous souhaitez de plus amples informations : 

C’est par ici 👉 Musée de la Nacre et de la Tabletterie Belle visite à tous ! 

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Comprendre le symbolisme spirituel du Carême, temps de préparation à la fête de Pâques https://www.visiontimes.fr/tendance/culture/comprendre-symbolisme-spirituel-careme-temps-preparation-fete-paques Thu, 06 Mar 2025 05:51:38 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=55308 Le symbolisme spirituel du Carême n’est pas toujours évident. Certaines terminologies et pratiques peuvent sembler étrangement choisies pour cette période solennelle.

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Le symbolisme spirituel du Carême n’est pas toujours évident. Certaines terminologies et pratiques peuvent sembler étrangement choisies pour cette période solennelle. Mais en examinant leurs racines, il est possible d’en avoir une meilleure compréhension et de développer un plus grand respect pour les fidèles.

Le Carême est une période de 40 jours, sans compter les dimanches, observée par les catholiques. C’est un temps de préparation au dimanche de Pâques et à la résurrection de Jésus-Christ, souvent décrit dans la Passion du Christ. Riche en coutumes symboliques imprégnées de signification spirituelle, le Carême commence le Mercredi des Cendres, lorsque les catholiques pratiquants s’engagent dans un voyage de sacrifice pour purifier leurs âmes du péché et renforcer leur foi. Il se termine le Jeudi Saint : le jeudi précédant le dimanche de Pâques qui symbolise le dernier repas de Jésus avec ses disciples, La Cène, avant son arrestation. Pour cette année 2024, la période du Carême se situe du mercredi 14 février au jeudi 28 mars.

Qu’est-ce que la Passion du Christ ?

Dans le symbolisme spirituel du Carême, la Passion du Christ est un terme souvent utilisé dans l’Église. Le mot vient du latin patior, passus sum, pàti, qui signifie « endurer » ou « souffrir, supporter ». Ainsi, la Passion du Christ représente la période de souffrances que le Christ a endurée pendant la persécution qui a précédé et s’est terminée par sa crucifixion.

Comprendre le symbolisme spirituel du Carême, temps de préparation à la fête de Pâques
Le Carême est une commémoration des jours de souffrance qui ont précédé la crucifixion du Christ et finalement la résurrection célébrée à Pâques. (Image : Pixundfertig / pixabay)

Que signifie Carême ?

Le mot « carême » vient de caresme ou quaresme qui, au XIIe siècle, provenait du latin populaire quaresima : une altération du latin chrétien quadragesima (dies). Ce terme signifiait littéralement « le quarantième jour (avant Pâques) », selon le dictionnaire de l’Académie française.

Le nombre 40 apparaît fréquemment dans La Bible. Il est lié à un temps de prière et de sacrifice. Quarante était la durée en jours du grand déluge, le nombre d’années pendant lesquelles le peuple d’Israël devait errer dans le désert en guise de punition pour avoir désobéi à Dieu. Mais aussi, le nombre de jours pendant lesquels le prophète Élie a jeûné en voyageant pour entendre la parole de Dieu.

Jésus de Nazareth a été engagé dans un combat spirituel de 40 jours avant d’achever sa mission terrestre. Après son baptême, il a été conduit dans le désert. Cette période correspond à la Tentation du Christ, telle que décrite par Les Évangiles. Il a jeûné pendant 40 jours. Selon les textes liturgiques, après avoir franchi cette étape, le Christ ayant vaincu le Malin a pu aller vers l’achèvement de sa mission terrestre : le salut des êtres, dont l’étape finale est sa Résurrection.

Par ailleurs, cette période est souvent associée au printemps qui est universellement considéré comme une période de renouvellement et de renaissance. Le Carême peut aussi être compris comme un temps de renouveau spirituel, où l’âme du croyant est purifiée et restaurée.

Comprendre le symbolisme spirituel du Carême, temps de préparation à la fête de Pâques
Une femme reçoit une croix de cendres le Mercredi des Cendres, qui marque le début du carême. (Image : Archidiocèse catholique romain de Boston via Flickr / CC BY-ND 2.0)

Signification du Mercredi des Cendres

Dans le symbolisme spirituel du Carême, pour comprendre le Mercredi des Cendres, il faudrait tout d’abord se pencher sur le dimanche des Rameaux pour les cendres, mais aussi sur la symbolique du mercredi.

Le dimanche des Rameaux est un jour saint, qui se déroule une semaine avant le dimanche de Pâques. Il marque l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, où il a été accueilli avec des feuilles de palmier une semaine avant sa mort. Les grandes feuilles persistantes en forme d’éventail symbolisent la bonté et la victoire. Elles sont utilisées à la fois pour marquer le commencement du Carême mais aussi pour annoncer la semaine sainte qui va clôturer cette période. Ce qui rend l’observance spirituelle continue et complète.

Ce dimanche, les palmes sont distribuées dans les églises, bénies, utilisées dans les processions et transformées en petites croix. Les palmes bénies sont brûlées l’année suivante, le Mardi gras, pour être utilisées le Mercredi des cendres. Les cendres étaient souvent utilisées comme un signe de repentance. Elles sont appliquées lors de la recherche de la miséricorde de Dieu.

Le Mercredi des Cendres marque le début du Carême. C’est un jour saint mobile qui précède de 46 jours le dimanche de Pâques (40 jours plus les dimanches qui ne sont pas comptés). Les Catholiques qui assistent à la messe ou à un service de prière ce jour-là recevront une croix de cendres de palmier sur le front, en souvenir de la mortalité humaine, conséquence du péché originel d’Adam et Eve. L’expression bien connue « …, car tu es poussière et retourneras à la poussière », qui selon L’Ancien Testament, est dite par Dieu quand il chasse Adam et Ève du Paradis, est souvent prononcée, au moment où cette croix de poussière est tracée. Elle rappelle aux Catholiques leur condition terrestre et le fait qu’ils retourneront à la poussière à leur mort.

Le choix du mercredi est significatif, car selon les textes liturgiques, c’est le jour où Judas, le disciple de Jésus, l’aurait trahi en l’identifiant par un baiser devant ceux qui allaient l’arrêter et le persécuter. Directement lié à la Passion du Christ, le Mercredi des Cendres est un jour de jeûne destiné à expier cette trahison ainsi que les mauvais choix fréquents que l’on fait dans la vie quotidienne.

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Le jeûne du mercredi et du vendredi était une tradition destinée à symboliser un sacrifice à Dieu, ainsi qu’un moyen de décourager le péché. (Image : congerdesign / Pixabay)

Le jeûne et le « poisson du vendredi »

Pour les Chrétiens, le Christ est mort sur la croix un vendredi. Ce jour a longtemps été reconnu comme un jour où les croyants s’unissent à Jésus dans sa souffrance par le biais du jeûne. La tradition d’abstinence était centrée sur la viande.

La viande étant autrefois réservée aux festins et aux célébrations : s’abstenir de consommer de la chair animale était considérée comme un sacrifice. Le poisson, en revanche, n’était pas interdit. Seuls les « animaux terrestres », y compris les oiseaux, étaient considérés comme de la viande. De sorte que le poisson est devenu, pour les Chrétiens, un plat courant le vendredi. Aujourd’hui, il peut sembler plus approprié de s’abstenir de poisson également, car il est désormais considéré comme un plat spécial ou de célébration.

L’idée principale est que les fidèles offrent à Dieu un sacrifice, afin de se rapprocher du Christ dans son sacrifice ultime. Comme l’enseignent de nombreuses pratiques spirituelles, renoncer aux attachements humains permet de se rapprocher du Divin.

Non seulement le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, mais tous les mercredis et vendredis étaient traditionnellement considérés comme des jours de jeûne. Il s’agissait en partie de contrer le comportement pécheur toléré par les païens, qui dédiaient le mercredi à Mercure, dieu parfois associé au vol et à l’injustice, et le vendredi à Vénus, déesse souvent associée à l’amour charnel et à la débauche, rappelant ainsi aux Chrétiens de ne pas prendre part à de telles activités.

Comprendre le symbolisme spirituel du Carême, temps de préparation à la fête de Pâques
Dans l’Antiquité, la teinture violette, « pourpre tyrien », était fabriquée à partir d’une espèce d’escargot de mer si rare qu’elle valait son poids en or. (Image : tantetati / Pixabay)

La couleur dans le symbolisme spirituel du Carême

Pourquoi les prêtres catholiques ont-ils l’habitude de porter du violet pendant la période de pénitence du Carême ?

Dans l’Antiquité, la teinture violette était obtenue en extrayant le mucus d’un escargot de mer rare, le Bolinus brandaris, et en l’exposant à la lumière du soleil pendant une durée déterminée. Pour fabriquer une once de teinture, il fallait 250 000 de ces escargots rares, ce qui en faisait un produit très précieux et « digne d’un roi ». Cette couleur a été associée à la royauté et certains souverains ont même interdit à leurs sujets de porter du pourpre.

Lorsque les soldats romains ont persécuté Jésus, ils l’ont vêtu de robes pourpres et d’une couronne d’épines pour se moquer de lui et de ceux qui l’appelaient leur « roi ». Au fur et à mesure que la couleur est devenue étroitement associée à la Passion du Christ et que le lien avec la royauté s’est estompé, la couleur a été adoptée pour symboliser le repentir et la préparation pendant le Carême. Cette couleur est également utilisée pendant l’Avent comme symbole d’anticipation.

Persécutés pour leur foi dans le Divin

Tous les apôtres de Jésus ont également été persécutés, la plupart d’entre eux ont été tués avec violence. La persécution des Chrétiens sous l’Empire romain s’est poursuivie jusqu’au IVe siècle de notre ère. Pourtant, les Chrétiens n’ont pas été les premiers à être persécutés pour leur foi, ni les derniers. Chaque fois qu’un grand prophète est venu sur terre pour prêcher la moralité et offrir le salut aux gens, il y a eu des groupes d’incroyants déterminés à attaquer les fidèles.

Aujourd’hui, les pratiquants de Falun Gong en Chine subissent une persécution brutale depuis le 20 juillet 1999, date à laquelle le Parti communiste chinois (PCC), sous la direction de Jiang Zemin, a lancé une campagne massive pour détruire cette pratique pacifique. Initialement promu par le gouvernement comme une pratique de qigong de haut niveau, le Falun Gong est devenu si populaire que Jiang Zemin l’a jugé menaçant et a donné l’ordre, en parlant des pratiquants, de « détruire leur réputation, de leur couper les vivres et de les éradiquer physiquement », en utilisant la machine de propagande de l’État ainsi que toutes les installations gouvernementales nécessaires.

Alors que cette discipline spirituelle a apporté santé et bien-être à des millions de personnes qui la pratiquent librement dans le monde, le PCC continue d’arrêter, de torturer et de tuer des personnes dont le cœur s’est aligné sur les principes célestes d’Authenticité, de Compassion et de Tolérance.

Rédacteur Charlotte Clémence

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L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens https://www.visiontimes.fr/france-2/france-histoire/lepopee-des-croisades-proteger-les-lieux-saints-et-les-pelerinages-chretiens Tue, 04 Mar 2025 19:54:12 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92830 La prise de Jérusalem, en 637, par les armées musulmanes, allait rendre difficile le pèlerinage des chrétiens vers le Saint-Sépulcre dans les siècles suivants. L’appel…

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La prise de Jérusalem, en 637, par les armées musulmanes, allait rendre difficile le pèlerinage des chrétiens vers le Saint-Sépulcre dans les siècles suivants. L’appel du pape Urbain II en 1095, pour protéger les lieux saints, déclencha l’épopée des croisades. 

À partir du VIIe siècle, après le développement de la religion musulmane dans la péninsule arabique et après un siècle de conquête, les Arabes musulmans établirent un empire islamique, divisé en plusieurs califats, s’étendant de l’Asie centrale jusqu’au royaume des Francs, en passant par l’Afrique du Nord et la péninsule ibérique.  

Deux courants religieux séparés par la Méditerranée

La progression des musulmans en Occident au VIIIe siècle fut stoppée et peu à peu refoulée par la Reconquista des chrétiens dans la péninsule ibérique et par les armées franques de Charles Martel dans ce qui était encore le royaume des Francs. La mer Méditerranée délimita, à cette époque, deux courants religieux différents : les musulmans au sud et les chrétiens au nord. Les chrétiens étaient eux-mêmes divisés entre l’Église latine et l’Église grecque et orthodoxe, présente dans l’empire romain d’Orient ou empire byzantin. 

L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens
Les pèlerinages étaient une manifestation essentielle de la foi. (Image : wikimedia / Master of Boucicaut / Domaine public)

Les nombreux chrétiens souhaitant faire un pèlerinage à Jérusalem étaient normalement protégés, mais ils furent discriminés par un impôt à payer et des interdictions telles que construire des lieux de culte, porter des symboles chrétiens, monter à cheval ou être armé. Néanmoins, malgré toutes les restrictions, les nouveaux maîtres de Jérusalem, globalement, autorisèrent les pèlerinages vers les lieux saints jusqu’en 1071.

Au Xe siècle en Asie centrale, un chef turkmène, Seldjouk, se convertit à l’islam sunnite. Ses descendants, les Turcs seldjoukides conquirent la Perse chiite. « La situation (des chrétiens) empira avec l’apparition des Turcs. Arabes et persans, les anciens maîtres de l’islam oriental avaient depuis longtemps perdu sous l’influence d’une civilisation raffinée leur combativité première. Les Turcs, au contraire, race militaire par excellence, endurcis par des siècles de nomadisme et de misère dans les âpres solitudes de la Haute Asie, allaient apporter au monde musulman une force neuve ». écrivait l’historien René Grousset dans son livre L’épopée des croisades.Au XIe siècle, les chrétiens en pèlerinage à Jérusalem subirent des restrictions et des persécutions. En outre, les Turcs Seldjoukides s’imposèrent en Anatolie jusqu’aux portes de Constantinople. Les Seldjoukides prirent Jérusalem en 1071, chassant de la ville les musulmans chiites, et ils interdirent les pèlerinages venant d’Occident. 

L’empereur byzantin Alexis 1er Comnène entretenait de bonnes relations avec le pape Urbain II, élu en 1088, ce qui par ailleurs mit fin aux dissensions entre chrétiens d’Orient et d’Occident. Les armées d’Alexis 1er résistaient de plus en plus difficilement aux assauts des puissances seldjoukides et des nomades Petchenègues. Alors l’empereur byzantin demanda au pape Urbain II son soutien par le recrutement de chevaliers et de mercenaires pour lui venir en aide. Le pape Urbain II accepta, y voyant aussi l’opportunité d’étendre l’influence de l’Église catholique en Orient et de délivrer les lieux saints chrétiens qui n’étaient plus respectés.

L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens
Le pape Urbain II promit l’indulgence plénière (rémission des péchés) pour les combattants. (Image : wikimedia / Jean Fouquet / Domaine public)

L’appel du pape au concile de Clermont

Le pape convoqua un concile à Clermont (Clermont-Ferrand) en 1095 réunissant de nombreux évêques, à la fin duquel il prononça un discours en présence d’une foule de clercs et de laïcs réunis dans un champ, à l’extérieur de la ville. Le discours d’Urbain II ne fut pas retranscrit, mais quatre clercs, témoins directs du discours, racontèrent l’événement, ce qui permit d’en connaître les principaux thèmes. Il y évoqua la souffrance des chrétiens d’Orient et la destruction vers 1009 du Saint-Sépulcre (tombeau du Christ), reconstruit quelques années plus tard par des chrétiens d’Orient. Il y fit part du besoin de soutien militaire de l’empereur byzantin. Il appela les chrétiens à aller secourir Alexis 1er de Comnène et délivrer les lieux saints, promettant l’indulgence plénière (rémission des péchés) pour les combattants. 

Cet appel à la « guerre sainte » marquait dans l’Église médiévale une rupture par rapport au message d’amour et de paix de Jésus. (…) Ce changement trouvait son origine dans la progressive sacralisation de la guerre entreprise par la papauté au sein d’une société guerrière attirée par les jeux violents, que l’Église du reste, cherchait à ritualiser pour en limiter les effets », affirme Jean-Christian Petitfils dans son livre Histoire de la France.

La nouvelle de l’appel du pape Urbain II se répandit rapidement dans le royaume franc. La réponse du peuple chrétien dépassa les espérances. Un prédicateur, Pierre l’Ermite, enthousiasma les foules. Des milliers de personnes se préparaient déjà à partir vers Jérusalem. Cousant des croix de tissu sur leurs habits, on les appela les croisés. « L’impossibilité d’aller se recueillir sur le tombeau du Christ parut insupportable à cette société toute chrétienne, où les pèlerinages étaient une manifestation essentielle de la foi. » écrit Jean-Christian Petitfils.

L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens
L’empereur Alexis Comnène conseilla à Pierre l’Ermite et sa troupe de ne pas aller combattre les Turcs avant l’arrivée de la croisade seigneuriale. (Image : wikimedia / Palace of Versailles / Domaine public)

La croisade populaire, fervente et généreuse mais inorganisée et parasitée par des brigands

Pierre l’Ermite, avec l’aide d’un certain Gautier Sans-Avoir, se mit à la tête d’une croisade des pauvres. « Ce mouvement ne répondait guère aux vues d’Urbain II (…) mais on ne soulève pas l’Europe, on ne bouleverse pas la face du monde sans entraîner de remous... » convenait René Grousset. C’était un groupe inorganisé et sans connaissance réelle du long trajet à parcourir. En avril 1096, quinze à vingt mille pèlerins marchaient vers le lieu saint, pauvres gens qui demandaient, à chaque apparition de ville à l’horizon, si c’était là Jérusalem. 

Pierre l’Ermite avait accepté dans sa troupe des vagabonds, voire des gens sans foi et des criminels, espérant la rémission de leurs fautes, mais qui eurent tôt fait de revenir à leurs mauvais instincts. Selon certains historiens, des bandes incontrôlées commirent des pillages en chemin et massacrèrent des Juifs dans les villes rhénanes. La ville de Semlin en territoire hongrois fut saccagée ainsi que la ville de Nish en territoire grec. La réaction des autorités byzantines fut sévère : ils tuèrent plusieurs milliers de ces croisés et encadrèrent le reste de la troupe jusqu’à Constantinople. L’empereur Alexis Comnène leur conseilla de ne pas aller combattre les Turcs avant l’arrivée de la croisade seigneuriale. La fin de cette troupe de croisés fut pitoyable. À cause des méfaits de certains, de l’indiscipline et du non-respect des conseils avisés de l’empereur byzantin, ces malheureux furent surpris et massacrés massivement par les Turcs. 

L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens
Le plan des chefs croisés était d’apporter leur soutien aux contingents grecs d’Alexis 1er, puis de marcher vers les lieux saints. (Image : wikimedia / Captain Blood at de.wikipedia & Trecătorul răcit at fr.wikipedia, CC BY-SA 4.0)

La croisade des seigneurs et chevaliers

Les croisés nobles, barons et chevaliers bien armés et équipés, étaient scindés en quatre unités dirigées par des chefs charismatiques, dont Godefroi de Bouillon d’une force stupéfiante, d’une loyauté proverbiale, et d’une piété exemplaire. Leur plan était d’apporter leur soutien aux contingents grecs d’Alexis 1er, puis de marcher vers les lieux saints. De juin 1097 à juin 1099, les chevaliers croisés combattirent dans les régions entre Constantinople et Jérusalem et de nombreuses villes d’Anatolie et de Syrie furent prises et soumises. Non loin de Jérusalem, Godefroi de Bouillon envoya son cousin Baudoin du Bourg et le chevalier Tancrède de Hauteville avec une centaine de cavaliers en reconnaissance sur Bethléem, la ville native de Jésus. René Grousset raconte : « Après avoir galopé toute la nuit, la petite troupe atteignit Bethléem à l’aube. Quand les chrétiens indigènes reconnurent les Francs, ce fut une explosion de joie. Tous, tant de rite grec que de rite syriaque, sortirent en procession avec leurs croix et leurs évangiles, en entonnant des psaumes triomphants pour accueillir ces libérateurs venus du fond de l’Occident ».

Les croisés arrivèrent le 7 juin 1099 en vue de Jérusalem dont ils firent le siège. Elle fut prise le 15 juillet 1099 au cours d’une effroyable tuerie. Les populations musulmanes et juives de la ville en furent chassées. « Le soir même de ce jour, ils montèrent au Saint-Sépulcre. Ils lavèrent leurs mains et leurs pieds, quittèrent leurs vêtements ensanglantés pour des robes neuves et, pieds nus, se rendirent aux Lieux Saints. La fureur du combat était tombée. Chez ces hommes rudes, après tant d’épreuves et de périls, rien ne subsistait plus qu’une immense émotion religieuse. » relate René Grousset.

L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens
Godefroi de Bouillon fut choisi comme roi à Jérusalem, mais par égard pour le Christ qui n’avait porté que la couronne d’épines, il prit modestement le titre d’Avoué du Saint-Sépulcre. (Image : wikimedia / Louis Gallait / Domaine public)

Les territoires latins d’Orient

Il fallait consolider maintenant la conquête. Qui deviendrait le chef du nouveau territoire franc de Jérusalem ? Godefroi de Bouillon fut choisi, tout en lui attirant les suffrages, mais il refusa de porter la couronne royale, par égard pour le Christ qui n’avait porté que la couronne d’épines dans cette Jérusalem. Il prit modestement le titre d’Avoué du Saint-Sépulcre. Ce fut son frère qui, plus tard, à sa mort, devint le premier roi du royaume franc de Jérusalem, sous le nom de Baudoin 1er. Les croisés créèrent d’autres territoires chrétiens sur les terres déjà conquises : le comté d’Édesse, le comté de Tripoli et la principauté d’Antioche.

La croisade terminée, de nombreux chevaliers commencèrent à partir de Jérusalem pour d’autres territoires conquis ou pour retourner en Europe. Les armées croisées restant sur place se retrouvèrent dans une situation d’infériorité avec des effectifs réduits. Vingt jours après la conquête de Jérusalem, une puissante armée musulmane égyptienne entra à nouveau en Palestine. Godefroi de Bouillon réussit à faire revenir les chevaliers déjà partis et à regrouper rapidement toute l’armée franque. Par surprise, elle mit en déroute l’armée égyptienne dans la ville d’Ascalon où elle avait fait étape trop longuement. Après cette bataille périlleuse, Godefroi de Bouillon demanda à deux princes qui rentraient en France de lui envoyer rapidement des renforts. 

Le pape tenta alors de les renforcer en lançant trois croisades de secours, mais elles furent toutes anéanties en Anatolie. Néanmoins, les territoires latins parvinrent à repousser plusieurs offensives des musulmans fatimides (chiites) du Sud. Ils profitèrent même des divisions et des conflits entre les princes seldjoukides (sunnites) pour étendre et consolider leurs possessions.

L’épopée des croisades : protéger les lieux saints et les pèlerinages chrétiens
L’ordre des Hospitaliers avait pour mission l’accueil et le soin des pèlerins. (Image : wikimedia / Richard Hook, CC0)

Deux ordres religieux militaires en soutien aux croisades

Dans le sillage des croisades, mais en contraste avec la tradition monastique occidentale, des ordres militaires apparurent au début du XIIe siècle. Ces ordres « militaro-religieux » cherchaient à concilier vie de prière et vie guerrière. L’ordre du Temple s’était donné pour mission de protéger les pèlerins sur le chemin de Jérusalem, tandis que l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean avait pour vocation l’accueil et le soin des pèlerins. C’était un nouvel idéal de chevalerie qui fut apprécié par les chrétiens sur place. Ces ordres recrutaient dans l’aristocratie laïque et s’érigeaient en protecteurs du Saint-Sépulcre et des nouveaux territoires latins d’Orient. 

« Les deux institutions fournirent au royaume de Jérusalem ce qui lui manquait le plus, une armée permanente dont les prises d’armes féodales ne donnaient pas l’équivalent. Par leur bravoure incomparable, leur esprit de sacrifice et leur connaissance de la guerre musulmane, Hospitaliers et Templiers rendirent d’inappréciables services à la cause franque. Ce ne fut que plus tard que, rendus orgueilleux par leur valeur et par leur richesse, ils eurent tendance, surtout les Templiers, à pratiquer une politique fâcheusement particulariste et firent trop souvent preuve d’indocilité envers la royauté comme envers l’Église », écrit René Grousset. Ils devinrent en quelques décennies une remarquable puissance financière et certains commencèrent à dénoncer leur dévoiement de l’esprit chevaleresque.

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Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre  https://www.visiontimes.fr/tendance/culture/shen-yun-poursuit-sa-tournee-sur-trois-continents-le-niveau-artistique-est-de-premier-ordre Tue, 04 Mar 2025 19:32:12 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92817 Les huit compagnies de Shen Yun, basées à New York, ont donné 43 représentations dans douze villes se trouvant en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas,…

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Les huit compagnies de Shen Yun, basées à New York, ont donné 43 représentations dans douze villes se trouvant en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en France, en Suisse et aux États-Unis entre le 17 et le 23 février 2025.

En France, la ville de Nantes a accueilli La Shen Yun New Era Company à la Cité des Congrès. La compagnie a donné huit représentations à Nantes du 18 au 23 février. Les billets pour toutes les représentations ont été vendus à la fin du mois de novembre de l’année dernière.

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre
La Shen Yun International Company au World Forum Theater de La Haye, aux Pays-Bas, dans la soirée du 18 février. (Image : Epoch Media Group)

La Shen Yun International Company était au World Forum Theater de La Haye, aux Pays-Bas. La compagnie a donné trois représentations à La Haye les 18 et 19 février. Il s’agissait de la deuxième série de représentations de Shen Yun à La Haye, la Shen Yun New Era Company ayant donné trois représentations au même théâtre les 16 et 17 janvier. Les six représentations à La Haye cette année ont toutes été jouées à guichets fermés.

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre 
Shen Yun World Company au Bristol Hippodrome à Bristol, Royaume-Uni, le 20 février. (Image : Epoch Media Group)

Shen Yun World Company était au Bristol Hippodrome à Bristol, Royaume-Uni. La compagnie a donné quatre représentations à guichets fermés à Bristol du 20 au 22 février.

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre
La Shen Yun New York Company au Théâtre de Beaulieu à Lausanne, en Suisse, le soir du 22 février. (Image : Epoch Media Group)

La Shen Yun New York Company était au Théâtre de Beaulieu à Lausanne, en Suisse. La compagnie a donné quatre représentations à guichets fermés à Lausanne du 20 au 22 février.

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre
La Shen Yun Global Company a fait salle comble au Kiri Te Kanawa Theatre, Aotea Centre à Auckland, Nouvelle-Zélande, le 23 février. (Image : Epoch Media Group)

La Shen Yun Global Company était au Kiri Te Kanawa Theatre, Aotea Centre à Auckland, Nouvelle-Zélande. La compagnie a donné cinq représentations à Auckland du 20 au 23 février.

« Le niveau artistique est de premier ordre »

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre 
M. Kevin Fryman et Mme Joelle Fryman lors de la représentation de Shen Yun au Kennedy Center Opera House à Washington DC, Le 22 février. (Image : Epoch Media Group)

Mme Joelle Fryman, qui gère des organisations d’arts du spectacle, et son époux Kevin Fryman, ont vu Shen Yun à Washington, DC, le 22 février. « Le talent artistique était incroyable. Le timing, les transitions entre l’écran et les danseurs étaient impeccables. Simplement l’énergie, cela combinait tout, le drame, la comédie, le divertissement », a précisé Mme Fryman.

Lors de l’interview elle a aussi avancé que : « La narration, c’était magnifique, c’était vraiment magnifique. Oui, de nos jours, c’était vraiment agréable de voir la narration et la liberté de pensée et d’expression s’exprimer ».

« Le niveau artistique est de premier ordre. Le fait qu’il y ait quelque chose de nouveau chaque année est époustouflant. (…) Cela a nécessité de prendre en compte tous les arts et de les combiner en un seul. C’était magnifique, nous avons vraiment apprécié », a-t-elle résumé en conclusion.

Parmi les organisations gérées par MmeFryman, se trouve un conservatoire d’arts qui possède un programme de danse et un orchestre. Elle a donc observé Shen Yun d’un œil averti.

En ce qui concerne les danseurs, elle a pu évaluer leur niveau technique. « J’ai pu constater que le niveau technique était absolument phénoménal », a-t-elle affirmé. « J’ai été époustouflée par les différents instruments et par la variété des instruments asiatiques et chinois utilisés. C’était vraiment impressionnant. »

Mme Fryman pensait qu’il serait difficile de combiner des instruments et des mélodies chinoises anciennes avec un orchestre occidental classique, mais Shen Yun y est parvenu sans problème.

« Le fait de raconter des histoires par le biais de la danse a été ressenti tout autant que de raconter des histoires par le biais de la parole. C’est pourquoi la danse et la musique sont présentes. Vous n’avez pas besoin des mots. Je veux dire que la narration était là. Ils vous racontent tout par le biais de l’art », a-t-elle ajouté.

En parlant du public elle a aussi précisé : « Et il y avait des enfants : nous étions entourés d’enfants et ils s’amusaient aussi. Comme si leur attention était vraiment retenue ».

Mme Fryman a exprimé son soutien à la mission et à l’expression de Shen Yun en ces termes : « Continuez à parler de la liberté d’expression, de la danse, de la vie. Poursuivez cette mission ».

« Lorsqu’ils reviendront l’année prochaine, je veux en voir un autre », a conclu M. Fryman.

« Vraiment bénie d’avoir vécu cette expérience »

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre
Mme Donna Cooper-Barney lors de la représentation de Shen Yun à Northampton, au Royaume-Uni, le 17 février. (Image : NTD)

Mme Donna Cooper-Barney, propriétaire d’un hôtel de luxe, a vu Shen Yun à Northampton, au Royaume-Uni, le 17 février.

Mme Cooper-Barney a partagé son impression en ces termes : « Oh, c’était vraiment incroyable. Une production magnifique. Les costumes étaient époustouflants. Les couleurs sont aussi belles que celles d’un paon. Et je me suis sentie très, très humble ».

« Cela vous donne un sentiment de paix et de calme. L’élégance que les dames et les messieurs ont mise en avant dans le spectacle, la simplicité des gestes et des mouvements, c’était absolument stupéfiant et magnifique. »

Mme Cooper-Barney a affirmé qu’elle recommanderait Shen Yun à ses amis et à sa famille et qu’elle leur dirait de « l’apprécier autant que je l’ai fait, en espérant qu’ils en retireront un peu de paix divine. »

« Je pense que c’est une idée fantastique parce que je pense qu’aujourd’hui nous sommes tellement perdus dans la technologie et nous sommes tellement imbriqués que nous ne regardons pas vraiment en arrière, mais en avant, et nous allons tous un peu trop vite, trop rapidement », a-t-elle ajouté.

« Je pense que davantage de personnes devraient venir voir la production et ressentir ce calme, cette tranquillité, ce rythme ralenti, et en apprendre un peu plus, et prendre le temps de découvrir l’histoire de Shen Yun », a-t-elle continué.

« Et pour moi, on ne peut pas avancer sans réfléchir au passé. Le passé est si important pour nous tous que nous devons apprendre et nous souvenir. Ce qu’ils font est absolument fantastique et incroyable pour des jeunes. Je recommande à tous les jeunes de venir voir Shen Yun », a affirmé Mme Cooper-Barney.

La culture traditionnelle chinoise est considérée comme divinement inspirée, et la spiritualité et la connexion avec le divin que représente Shen Yun sont mises en valeur et ont contribué au sentiment de paix de Mme Cooper-Barney.

Elle a traduit cette impression avec ces mots : « On ressent un sentiment de paix et de calme. Je pense donc que ce caractère divin est partagé par tout le monde dans l’auditoire. Je pense donc que c’est extraordinaire et je me sens vraiment bénie d’avoir vécue cette expérience. Je le suis vraiment ».

Mme Cooper-Barney a félicité les artistes et leur a exprimé sa gratitude : elle voulait les « remercier de partager ce caractère divin avec nous tous, dans le public, aujourd’hui ».

« Des récits traditionnels remarquables »

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre
Mme Karen McMillan, auteure, à la représentation de Shen Yun à Auckland, Nouvelle-Zélande, le 22 février. (Image : NTD)
 

Mme Karen McMillan, auteur de métier, a vu Shen Yun à Auckland, en Nouvelle-Zélande, le 22 février. Après avoir vu le spectacle Mme McMillan a partagé ses impressions. « Dans le monde contemporain, les valeurs ont beaucoup d’importance. »

« En tant qu’écrivaine, je pense que les arts du spectacle sont très importants et que les gens accordent de l’importance aux traditions. (…) Et c’est là que les arts entrent en jeu... C’est comme explorer la condition humaine et regarder au-delà de ce monde humain ».

« Quelle que soit le pays d’origine, cela fait partie de notre identité. (…) Je pense que les gens apprécieront un élément différemment et qu’ils réfléchiront à la croyance et à d’autres choses de ce genre. »

« Des récits traditionnels étonnants. J’aime cela, et j’aime les histoires racontées par le biais de la danse », a-t-elle souligné.

« Je ne trouve pas de mots pour exprimer la beauté »

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre 
M. Robert Turner lors de la représentation de Shen Yun à Lausanne, en Suisse, le 22 février. (Image : NTD)

M. Robert Turner, un interprète chevronné, a vu Shen Yun à Lausanne, en Suisse, le 22 février.

Après le spectacle M. Turner a transmis son impression du spectacle. « Je ne trouve pas de mots pour exprimer la beauté, les valeurs merveilleuses. Je viens voir Shen Yun depuis au moins douze ans. Je viens chaque année. Parfois, je vais à Genève. »

« J’espère qu’un jour ils pourront se produire en Chine », a-t-il ajouté.

« Cela vient de l’intérieur »

Shen Yun poursuit sa tournée sur trois continents : Le niveau artistique est de premier ordre 
M. Chad Parks lors de la représentation de Shen Yun à Oklahoma City, Oklahoma, le 22 février.(Image : Epoch Media Group)

M. Chad Parks, qui travaille dans le domaine de l’assurance qualité des moteurs d’avion, a vu Shen Yun à Oklahoma City le 22 février.

Après avoir vu le spectacle, il a transmis quelques-unes de ses impressions. « On peut dire que cela vient de l’intérieur, et pas seulement de leur pratique et de tout le reste, mais de leur esprit », ajoutant qu’il perçoit ces choses parce qu’il travaille pour Pratt & Whitney, où « le plus petit détail peut créer une catastrophe ».

« Nous construisons des moteurs à réaction pour les avions, non seulement militaires, mais aussi civils. Nous veillons à ce que tout soit parfait. C’est peut-être pour cela que cela me touche plus que d’autres, parce que nous sommes très attentifs aux détails avec les avions. »

M. Parks a expliqué ce qu’il a vu dans Shen Yun, dont la devise estLa Chine avant le communisme . M. Parks, qui a servi dans l’armée américaine pendant vingt-sept ans, a expliqué que le spectacle l’avait instruit sur l’essence de la culture chinoise, qu’il considérait auparavant comme une « société très fermée ».

« Mais ce n’est pas la voie à suivre. J’ai un nouvel espoir pour la société, plus tard, que nous puissions nous réunir et avoir tous cet esprit positif qui nous éclaire », a-t-il ajouté.

Il pense que le monde peut bénéficier de Shen Yun et de ses efforts pour partager ces vertus. « On peut presque regarder chacun d’entre eux dans les yeux et voir qu’ils sont remplis d’enthousiasme et d’énergie. Cela émane d’eux naturellement. »

À la question : la société peut-elle en bénéficier ?  Il a répondu : « Absolument, surtout de nos jours où la société semble si divisée ».

Rédacteur Charlotte Clémence


Source : Minghui.org

Pour plus d’informations sur les horaires, les lieux de représentation et les billets, veuillez consulter le site www.shenyun.com.

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France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail ? (1/2) https://www.visiontimes.fr/france-2/france-tradition/france-meru-petite-ville-de-loise-capitale-mondiale-de-la-nacre-futur-musee-europeen-de-leventail-1-2 Tue, 04 Mar 2025 19:00:00 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92790 Un Musée, une passion : rencontre avec Florentin Gobier, Directeur du Musée de la Nacre et de la Tabletterie Comme le soulignait judicieusement Paul Valéry : « La…

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Un Musée, une passion : rencontre avec Florentin Gobier, Directeur du Musée de la Nacre et de la Tabletterie

Comme le soulignait judicieusement Paul Valéry : « La mémoire est l’avenir du passé » ... Et c’est sans doute pour cela qu’il subsiste des êtres passionnés par leur métier, attachés au patrimoine, puisant dans l’histoire du passé, mais se tournant également vers le futur pour continuer à transmettre des savoir-faire, les faire connaître, les faire revivre, les partager afin d’inspirer les plus jeunes générations. Nous avons rencontré l’un d’entre eux : monsieur Florentin Gobier.

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail 
Musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru, dans l’Oise (60), mercredi 12 février 2025. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Méru, capitale mondiale de la nacre

Monsieur Florentin Gobier est donc un passionné qui a fait des études de patrimoine et d’histoire de l’art à l’école du Louvre. Il est au départ plutôt spécialisé dans les objets d’art. Il a notamment effectué un stage à Dieppe, ville dont certaines collections sont très orientées dans le domaine de l’ivoire, ce qui avait beaucoup intéressé M. Gobier, à l’époque. Puis, dans ses travaux de recherches, il s’interroge sur la question de l’origine des dorures du mobilier français au XVIIe siècle, pour enfin se préparer au concours de la fonction publique. C’est ainsi qu’à la suite de ce parcours, il arrive en 2017 pour diriger le fabuleux Musée de la Nacre avec l’idée d’impulser une réflexion sur le fait que ce soit un musée pensé par le XXe siècle, pour le XXIe siècle...Des questions émergent donc, telles que : Qu’a-t-on encore à dire ? Qu’est-ce qui a changé ? La recherche a évolué, que nous apporte-t-elle de plus ? En effet, il y a 25 ans, il y avait peu de sources, de documentation...On ne savait pas trop pourquoi la tabletterie s’était installée ici à Méru, dans le Sud de l’Oise...

Présentation du Musée de la Nacre et de la Tabletterie à Méru (60).

Aujourd’hui, M. Gobier nous confirme qu’en fait, dès l’origine de l’état civil, sont mentionnées, ici à Méru, des personnes qui étaient tabletiers de profession. Ces tabletiers fabriquaient déjà certains objets, très spécifiques, comme des damiers, des plateaux de jeux ainsi que des échiquiers, notamment dans le domaine du bois, de l’os, de l’ivoire ou de la corne... Ensuite, des écailles de tortues, de la nacre, des matériaux plus précieux et plus exotiques sont arrivés, comme l’ébène également, et comme un savoir-faire traditionnel existait déjà ici, à Méru, les tabletiers sont naturellement restés ici. De façon sûre, la tabletterie est présente depuis le XVIe siècle à Méru.

De plus, Méru se situe à environ 60 km de Paris, le trajet se fait très bien à l’époque. Méru est ainsi devenue l’antichambre de production de nombreuses familles qui se sont dédiées à ces métiers de la tabletterie et cela a perduré jusqu’à nos jours. C’est ainsi que l’usine Fessart/Dégremont, montée par Alexandre Fessart en 1859, dans laquelle est né le Musée de la Nacre et de la Tabletterie, est devenue l’une des plus importantes de la région en termes de bâtiments. 

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail 
La boutique du Musée de la Nacre et de la Tabletterie, dans laquelle le public peut trouver des objets créés et produits par les artisans du Musée. Mercredi 12 février 2025. (Image : Jade Lee / VisionTimes)

Les missions du Musée de la Nacre et de la Tabletterie

Monsieur Florentin Gobier nous explique que le Musée a reçu une appellation spécifique : c’est un « Musée de France ». Il en existe actuellement un peu plus de 1 200 en France, et à ce titre, toutes leurs actions sont encadrées par la loi avec le contrôle scientifique et technique de l’État et du ministère de la Culture notamment.

Plusieurs missions incombent donc au Musée de la Nacre

  • Une mission scientifique : c’est-à-dire, de recherches et d’études concernant ses collections.
  • Une mission de restauration de ses collections lorsque cela est nécessaire. 
  • Une mission de conservation préventive, soit favoriser de bonnes conditions de conservation pour que les objets perdurent dans le temps.
  • Une mission de valorisation de ses collections.
  • Une mission de services publics qui est destinée à accueillir tous les publics, des plus jeunes aux plus âgés, avec des niveaux de propositions pour les scolaires, les groupes ou même les familles.
  • Une mission de programmation culturelle incluant des expositions, destinées à faire découvrir la richesse de ce patrimoine.
  • Une mission de conservation du patrimoine immatériel, à savoir, « les savoir-faire traditionnels de l’époque ».

Force est de constater que ce musée possède une réelle spécificité par rapport à beaucoup d’autres musées, car il propose également une conservation des savoir-faire à travers les différents ateliers qui continuent à produire, à créer, à restaurer des objets pour sa propre boutique. C’est un musée réellement « vivant » !

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail 
Photos réalisées par Franck Boucourt, photos de coquillages nacrés, de gauche à droite : l’Huître perlière, l’Haliotide, et le Burgau. (Image : Capture d’écran @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie)

Une matière luxueuse : la nacre

Florentin Gobier nous explique que la nacre se trouve dans des coquillages, certains... mais pas tous. Elle recouvre l’intérieur de la coquille, chez les gastéropodes ou des coquillages bivalves comme l’huître perlière, par exemple. Les coquilles sont travaillées, on enlève les parties calcaires, ensuite elles sont débitées en petites plaquettes ou jetons pour créer des objets. 

Chaque coquillage possède des reflets particuliers qui lui sont propres :

  • La nacre blanche vient de l’huître perlière blanche. Elle est sans doute la plus recherchée, d’une blancheur exceptionnelle aux reflets extrêmement brillants.
  • La nacre noire de Tahiti permet de jouer avec ses différentes couches de couleurs, de la plus claire à la plus foncée.
  • L’haliotide ou encore appelée Pawa est issue des mers chaudes comme le Golfe du Mexique, au Japon ou la Nouvelle-Zélande, elle possède des côtés bleus/verts, elle est très haute en couleurs.
  • Le Burgau est un escargot qui aura des teintes plutôt rosées ou vertes, ses reflets seront plus laiteux.
  • Le Troca Nacrier moins coûteux arrive de Nouvelle-Calédonie ou d’Indonésie.

La Convention CITES ou Convention de Washinghton (3 mars 1973)

M. Gobier nous apprend qu’une convention a été ratifiée au niveau du commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. En effet, il existe un classement de ces espèces selon leur degré de menace et d’extinction. Par exemple, concernant l’ivoire, l’éléphant est protégé, les tortues de mer également sont menacées, donc il n’y a plus de possibilités de prélever ni l’ivoire ni les écailles de tortues à l’état naturel pour réaliser des objets. Cependant, il existe des matériaux de synthèse pour les remplacer, mais ils ne sont pas travaillés de la même manière.

Concernant la nacre, étant donné qu’il n’y a pas une demande très importante, la gestion des coquillages reste bonne. Dans le domaine de l’ivoire, c’est différent du fait de l’existence d’un vrai marché parallèle de braconnage, ce qui n’est pas du tout le cas de la nacre, ce qui permet de continuer à travailler de manière tout à fait raisonnable pour M. Gobier.

Ainsi, pour certains matériaux, des substituts ont été trouvés.

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Le corozo est un ivoire végétal, appelé aussi Pawa, issu d’un palmier. Le fruit peut peser 50 kg et donner plusieurs dizaines de graines. Il faudra enlever l’écorce et polir la graine qui deviendra alors blanche comme de l’ivoire. (Image : Capture d’écran @Silence ça pousse / YouTube)

Le corozo, substitut végétal de l’ivoire animal 

Le corozo s’appelle aussi « tagua », c’est une sorte de grosse noix, une graine provenant d’un palmier que l’on trouve au cœur de la forêt amazonienne, en Équateur, au Pérou, en Colombie ou en Bolivie. Cet ivoire végétal est léger, d’une grande solidité et facile à travailler. Celui-ci a commencé à être exploité par les Allemands au cours du XIXe siècle et se rapproche énormément de la couleur de l’ivoire. C’est pour cela que le corozo est appelé aussi « ivoire végétal », puisque c’est une matière naturelle. Le corozo est très souvent utilisé pour fabriquer des boutons, d’ailleurs. 

De plus en plus de personnes, parmi le public, sont intéressées par cette idée de « durabilité » et souhaitent privilégier les matériaux naturels, des matériaux durables donc, et non plus des matières de synthèse ou en plastique qu’emploie et crée la chimie. L’idée de pouvoir réparer au musée les objets cassés, des objets produits par le musée, semble s’imposer : il n’existe plus cette idée d’industrie comme par le passé, au XIXe et XXe siècle.

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Découpe de pièces très fines de nacre nécessaires à la restauration de la Tour de Nankin par Stéphanie Millet. (Image : Capture d’écran / YouTube / @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie & Nanjing Tower report III Musée des Beaux-Arts de Rennes)

Les qualités des artisans du Musée de la Nacre et de la Tabletterie

Pour Florentin Gobier, les tabletiers du musée sont doués d’une patience infinie, ils font preuve d’une grande minutie, car leurs gestes sont précis et fins. De plus, la matière restant naturelle, sur deux pièces semblables, les tabletiers peuvent obtenir des effets différents. Les manières de travailler le matériau peuvent être très différentes aussi. En effet, parfois creuser la matière peut être assez facile et puis d’autres fois, plus difficile, surtout lorsque les artisans tombent sur un nœud et que cela casse. Florentin Gobier estime que cela peut être très frustrant, humainement parlant. Ainsi, les tabletiers du Musée de la Nacre doivent savoir maîtriser les gestes, les techniques, mais également se maîtriser eux-mêmes, donc faire preuve d’une grande humilité... 

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Volonté du Musée de la Nacre de partager avec tous les publics, dont les plus jeunes, afin de transmettre les techniques et savoirs traditionnels pour le futur. (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie)

Partager et transmettre directement au public

Florentin Gobier souhaite rendre encore plus visible le travail des tabletiers afin que le public puisse avoir encore plus d’interactions avec eux. Il envisage donc de proposer des lieux de « pratique » des savoir-faire traditionnels où le public pourra aussi tester ces objets, ces matériaux, pour s’essayer à la tabletterie et se rendre mieux compte de la difficulté du travail et des compétences précises que cela demande.

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Éventail « Marqueterie de Nacre » vers 1880, bois, burgau, haliotide, goldfish, papier, recto et verso de l’éventail, au décor chinois. (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie)

Un transfert de collections hors normes : les acquisitions de sauvetage du Musée de l’Éventail, l’Atelier Hoguet, à Paris

La Communauté de Communes des Sablons a souhaité acquérir et sauver tout le patrimoine du Musée de l’Éventail de Paris, dont les collections uniques étaient menacées de dispersion. Le projet qui devra s’achever courant 2028, envisage de remonter à l’identique tout le Musée de l’Éventail ici même, à Méru, au Musée de la Nacre et de la Tabletterie, ce qui comprend tous les matériaux présents sur site, c’est-à-dire, les dentelles, les plumes, les papiers gouachés, les feuilles peintes datant de fin XVIIIe siècle, les tissus entre autres, ainsi que tout le mobilier classé historique (luminaires, meubles, cheminée, chevalets, vitraux...), les fonds de boutique, les fonds d’atelier, les fonds d’outillages, les fonds d’archives, les fonds de photos, de monogrammes, de documents commémoratifs, les fonds de bijoux fantaisies, les gabarits, les prototypes, les dessins, les fonds de maroquinerie, jusqu’aux mallettes des représentants commerciaux ainsi que le gros coffre-fort en bois de la boutique. C’est donc un déménagement hors-normes, d’un lieu classé monument historique, depuis le 2 boulevard de Strasbourg à Paris Xe, jusqu’ici dans le Sud de l’Oise, un très beau projet de sauvegarde du patrimoine français.

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail 
Une partie du Musée de l’Éventail d’Hervé Hoguet, au 2 boulevard de Strasbourg à Paris 10ème. (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie)

Pour la petite histoire, concernant la boutique-atelier occupée depuis 1862 dans cet immeuble haussmannien, il faut savoir que M. Lepault-Deberghe, qui était alors à l’époque imprimeur sur éventail, fusionne avec La Maison Kees, une maison d’éventaillistes. Ensuite, les fonds historiques des maisons Kees et Lepault-Deberghe seront rachetés par Hervé Hoguet, père d’Anne Hoguet qui est elle-même, Maître d’Art Éventailliste de talent. Plus de 20 000 objets seront ainsi déplacés, auxquels s’ajouteront plus de 3 000 éventails qui seront ainsi sauvés également. Tout ce patrimoine sera valorisé lors des 25 ans du Musée de la Nacre.

Si vous aussi, chers amis lecteurs, vous êtes amoureux du patrimoine, amoureux des beaux objets, amoureux des éventails, sachez qu’il existe une association appelée : « Les Amis du Musée de l’Éventail Hervé Hoguet » fondée en 2016, à laquelle vous pouvez bien sûr adhérer.

Voici le lien : 👉 Cliquer ici :  « Les Amis du Musée de l’Éventail Hervé Hoguet »

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail 
Objets divers confectionnés en tabletterie, Musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru (Oise). (Image : @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie)

Des collections de typologies variées au Musée de la Nacre

Lorsque vous circulerez au Musée de la Nacre, vous découvrirez une myriade d’objets de tabletterie :

  • Les accessoires du costume et du vestiaire (éventails, épingles à chapeaux, parapluies, poudriers, ombrelles, cannes, lunettes, boucles de ceinture, jumelles de théâtre, etc.).
  • Les objets concernant l’art de la table : les ménagères de couverts, par exemple.
  • Les nécessaires d’hygiène (brosses, peignes, brosses à dents, gratte-langue...), de manucure.
  • Les nécessaires de couture et de broderie, les aiguilles à tricoter, les aiguilles à chas...
  • Les nécessaires d’écriture (coupe-papier, règle, plume, cachet, petits carnets de bal etc.).
  • Les incrustations pour les instruments de musique, archets, etc.
  • Du mobilier : horloge, coffre, écritoire...
  • Des boutons...
  • Des jeux ... (dés, dominos, jeu de billard...).
  • Des outils de sciences pour les médecins etc.
  • Des boîtes en tous genres.

Le monde de la tabletterie est un monde nouveau qui s’offre à vous, chers amis lecteurs. Si vous souhaitez en savoir encore plus, venez découvrir les artisans du Musée de la Nacre dans la seconde partie de ce reportage, qui vous livreront leurs secrets et évoqueront leur passion pour ce monde méconnu de la tabletterie. 

France : Méru, petite ville de l’Oise, capitale mondiale de la nacre, futur musée européen de l’éventail 
Une petite partie des éléments de restauration, à gauche de l’ensemble Troisœufs et à droite de la Tour de Nankin. (Image : Capture d’écran / YouTube / @ Musée de la Nacre et de la Tabletterie & Nanjing Tower report III Musée des Beaux-Arts de Rennes)

Dans cette seconde partie, les artisans partageront avec vous des moments précieux, lorsqu’ils ont eu, par exemple, l’honneur de restaurer des objets prestigieux en nacre, comme la Tour de Nankin du Musée des Beaux-Arts de Rennes, ainsi que l’ensemble monumental de Monsieur Aimé Troisœufs.

À suivre...

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Comment les fonctionnaires chinois fuient à l’étranger : le cas d’un fonctionnaire nu https://www.visiontimes.fr/actualite/monde/comment-les-fonctionnaires-chinois-fuient-a-letranger-le-cas-dun-fonctionnaire-nu Tue, 04 Mar 2025 17:03:16 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92810 Un « fonctionnaire nu » (en chinois : 裸官, luǒ guān) est un fonctionnaire chinois qui prépare secrètement sa fuite . Il va s’y prendre…

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Un « fonctionnaire nu » (en chinois : 裸官, luǒ guān) est un fonctionnaire chinois qui prépare secrètement sa fuite . Il va s’y prendre en installant son conjoint et ses enfants à l’étranger et en obtenant une résidence permanente à l’étranger (telle qu’une carte verte), voire en adoptant une nationalité étrangère. Pendant ce temps, il reste en Chine, profitant de sa position pour amasser des richesses et transférer des actifs à l’étranger.

Au moindre problème, il fuit le pays ou, à la retraite, rejoint sa famille à l’étranger pour y mener une vie de luxe.

La Chine dispose d’un vaste réseau de fonctionnaires « nus ». Lin Zhe, professeur à l’École centrale du Parti communiste chinois (PCC), a révélé qu’entre 1995 et 2005, il y avait 1,18 million de fonctionnaires nus en Chine, soit une moyenne de 40 000 par province. En 2005, 4 000 d’entre eux avaient déjà fui, emportant avec eux une somme estimée à 50 milliards de dollars.

Comment les fonctionnaires chinois fuient à l’étranger : le cas d’un fonctionnaire nu
Le « fonctionnaire nu » va s’y prendre en installant son conjoint et ses enfants à l’étranger et en obtenant une résidence permanente à l’étranger (telle qu’une carte verte. (Image : Mehaniq41 / envato)

L’un des cas les mieux documentés de fonctionnaire nu en fuite est celui de Zhou Jinhuo, ancien directeur de l’administration provinciale de l’industrie et du commerce de Fujian et membre du 10e Congrès national du peuple.

La fuite de Zhou Jinhuo

J’ai travaillé avec diligence pour le parti pendant des décennies. Même si je n’ai pas accompli de grandes choses, j’ai au moins fait des efforts. Pourtant, le Parti a toujours douté de moi, et je suis profondément découragé. Je suis déjà parti, ne perdez pas votre temps à me chercher.

Début juin 2006, Zhou Jinhuo a laissé ce message dans une lettre adressée à ses supérieurs de la commission d’inspection disciplinaire, qu’il a déposée sur son bureau avant de disparaître.

Peu après, la nouvelle s’est répandue qu’il avait fui pour éviter une enquête imminente sur des crimes économiques. Certains rapports ont même affirmé qu’il avait été capturé en Mongolie intérieure.

Au cours du premier semestre 2006, les autorités disciplinaires de Fujian ont convoqué Zhou Jinhuo à plusieurs reprises pour l’interroger. Le 2 juin, après avoir été interrogé par des responsables du Parti central à Fuzhou, Zhou Jinhuo s’est excusé de rentrer chez lui et a immédiatement pris la fuite, non pas vers le Yunnan ou la Mongolie intérieure, comme certains l’ont supposé, mais vers les États-Unis.

Zhou Jinhuo et sa femme, Li Shuzhen, ont eu un fils, qui s’est tragiquement noyé. En 1988, ils ont eu une fille. Au fil des ans, Zhou Jinhuo a fait en sorte que sa femme et sa fille déménagent à Hong Kong. Par la suite, elles se sont finalement installées aux États-Unis, où elles ont obtenu des cartes vertes. Cette relocalisation stratégique a officiellement fait de Zhou Jinhuo un « fonctionnaire nu ».

Comment les fonctionnaires chinois fuient à l’étranger : le cas d’un fonctionnaire nu
Au fil des ans, Zhou Jinhuo a fait en sorte que sa femme et sa fille déménagent à Hong Kong. (Image : wirestock / envato)

Pourquoi Zhou Jinhuo s’est-il enfui ?

La principale raison de la fuite de Zhou Jinhuo est la corruption. Son cas est lié à plusieurs facteurs importants :

1. Les liens avec la corruption à haut niveau

Le 11 octobre 2005, Jing Fusheng, membre du comité permanent de la province de Fujian et ministre de la Propagande, a fait l’objet d’une enquête de la commission disciplinaire centrale.

En septembre 2007, un tribunal du Zhejiang a condamné Jing Fusheng à la prison à vie pour avoir accepté des pots-de-vin d’un montant total de 7,67 millions de yuans (996 418 euros) entre 1989 et 2005.

2. La corruption sur la scène politique de Ningde

Pendant le mandat de Jing Fusheng en tant que secrétaire du parti de Ningde, Zhou Jinhuo a été commissaire adjoint et plus tard maire de Ningde. Sous leur direction, la corruption était endémique dans la région.

3. Des contrats fonciers illicites

Des rapports indiquent que pendant son séjour à Ningde, Zhou Jinhuo a réquisitionné 1 200 mu (environ 198 acres) de terres auprès d’une ferme locale de Chinois d’outre-mer. Il a ensuite vendu la terre à ses proches à un prix fortement réduit de 7 000 yuans (950,67 euros) par mu. Lorsque le terrain a ensuite été reclassé en vue d’un développement immobilier urbain, sa famille l’a revendu au prix de 500 000 yuans (65 597,15 euros) le mu, engrangeant ainsi un bénéfice stupéfiant. Cette seule transaction aurait rapporté à Zhou Jinhuo plus de 100 millions de yuans (plus de 13 millions d’euros) en pots-de-vin.

4. Des cadeaux de luxe et des pots-de-vin

Alors qu’il était directeur général d’une société immobilière d’État dans le Fujian, Zhou Jinhuo aurait accepté des cadeaux de grande valeur, notamment une sculpture en pierre de Shoushan d’une valeur de plusieurs millions de yuans, de la part d’un homme d’affaires privé.

5. Une préparation de longue haleine à la fuite

Après avoir passé des décennies au gouvernement, Zhou Jinhuo a accumulé d’importantes richesses illicites. Lorsqu’il a appris que la commission centrale de discipline enquêtait sur lui, il a compris que son temps était compté. Sa famille étant déjà installée à l’étranger et sa fortune ayant été transférée en toute sécurité, il a rapidement pris la fuite avant d’être arrêté.

Comment les fonctionnaires chinois fuient à l’étranger : le cas d’un fonctionnaire nu
La famille de Zhou Jinhuo étant déjà installée aux États-Unis, et sa fortune ayant été transférée en toute sécurité, il a rapidement pris la fuite avant d’être arrêté. (Image : phoenixproduction / envato)

Le jeu du chat et de la souris se poursuit avec ce fonctionnaire nu

Dix-neuf années se sont écoulées depuis que Zhou Jinhuo a fui la Chine, mais le PCC n’a pas réussi à le faire revenir. Il n’est qu’un des nombreux fonctionnaires nus qui continuent d’échapper aux autorités chinoises.

Entre 1995 et 2005, la Chine a enregistré 1,18 million de fonctionnaires nus. Depuis, 20 autres années se sont écoulées et, malgré les campagnes anti-corruption du PCC, ces chiffres ont certainement augmenté.

La question demeure : combien d’argent ces fonctionnaires ont-ils fait sortir de Chine ? Si les 1,18 million de fonctionnaires initiaux ont transféré des milliards, combien d’autres ont-ils été détournés au cours des deux dernières décennies ? La somme totale pourrait être astronomique.

Ces fonctionnaires nus, qui envoient leur famille et leur fortune à l’étranger tout en prêtant allégeance au PCC, n’ont pas de véritable foi dans le Parti. S’ils croyaient réellement au système, ils ne ressentiraient pas le besoin de fuir.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : How Corrupt Chinese Officials Flee Abroad: The Case of One ’Naked Official’
www.nspirement.com

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Les inspirations bibliques du plan de Donald Trump pour Gaza https://www.visiontimes.fr/actualite/monde/les-inspirations-bibliques-du-plan-de-donald-trump-pour-gaza Tue, 04 Mar 2025 15:21:29 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92804 Le plan de Donald Trump pour l’avenir de Gaza a surpris de nombreux observateurs et semble incompréhensible sur le plan géopolitique et stratégique. Cependant, il…

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Le plan de Donald Trump pour l’avenir de Gaza a surpris de nombreux observateurs et semble incompréhensible sur le plan géopolitique et stratégique. Cependant, il prend sens si l’on considère l’influence du sionisme chrétien au sein de son administration et d’une grande partie du monde évangélique américain. L’idée de déplacer la population palestinienne vers les pays arabes voisins et de confier le contrôle d’une partie du territoire palestinien à une puissance comme les États-Unis fait partie du discours sioniste chrétien depuis ses origines au milieu du XIXe siècle.

Cette idée n’est donc pas nouvelle. Mais c’est la première fois qu’elle est exprimée au plus haut niveau politique américain.

Le 25 janvier dernier, Donald Trump a déclaré vouloir « nettoyer » Gaza en organisant un plan de déplacement massif de ses deux millions d’habitants (estimation avant le début de la guerre, en octobre 2023) vers la Jordanie ou l’Égypte. Cette annonce a réjoui l’extrême droite israélienne et les sionistes religieux juifs, comme Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale (2022-janvier 2025), qui défendent une politique d’encouragement à l’« émigration volontaire » des Gazaouis.

Ce discours, en rupture avec le déni de l’expulsion des Arabes palestiniens, très présent dans l’histoire officielle du sionisme depuis la Nakba, marque un tournant politique en Israël.

Cependant, les desiderata de l’administration Trump ne peuvent pas être considérés uniquement comme un simple alignement sur l’extrême droite israélienne ou un gage donné au gouvernement actuel en échange de son accord pour un cessez-le-feu avec le Hamas (en vigueur depuis le 19 janvier 2025). Le plan de Donald Trump reflète également ce que certains sionistes chrétiens défendent politiquement depuis des décennies, sur la base d’interprétations spécifiques de la Bible.

Déplacer la population arabe pour séparer Arabes et Juifs, seul horizon de paix en Israël ?

L’idée de séparer deux peuples irréconciliables est présente dans les discours des sionistes chrétiens. En 1988, en pleine Intifada, William Lovell Hull (1897-1992), un pasteur pentecôtiste canadien et fervent partisan d’Israël, a soumis un plan de paix à Yitzhak Shamir, Premier ministre israélien et ardent défenseur du « Grand Israël », et à Joe Clark, Secrétaire d’État aux affaires extérieures du Canada.

Pour William Lovell Hull, la paix ne pouvait être acquise qu’en séparant physiquement les Juifs et les Arabes. Il tirait cette conclusion de son interprétation du récit biblique de Jacob et Ésaü, des frères jumeaux dont l’inimitié rendait leur coexistence sur la terre de Canaan quasiment impossible. Comme il est courant chez les chrétiens fondamentalistes, William Lovell Hull établissait un parallèle entre les temps bibliques et l’actualité contemporaine, associant la terre de Canaan à l’Israël contemporain, Jacob aux Juifs et Ésaü aux Arabes.

William Lovell Hull considérait la décision d’Ésaü de quitter Canaan et d’y laisser vivre son frère pour se rendre sur le mont Seïr, dans l’actuelle Jordanie, comme « le seul moyen de sortir d’une situation impossible ». C’est précisément sur cette séparation volontaire et consentie par Ésaü – associé aux Arabes – que le pasteur Hull faisait reposer tout son espoir pour parvenir à la paix en Israël.

Lors de la première Intifada, l’État israélien faisait face, comme aujourd’hui, à un choix cornélien entre deux options. La première, intégrer Gaza et la Cisjordanie à Israël, aurait transformé, selon William Lovell Hull, le pays en une nation majoritairement arabe, le taux de natalité étant plus élevé au sein des populations arabes. Une telle situation pourrait conduire à l’adoption d’une loi d’apartheid, solution qu’il jugeait moralement inacceptable tant pour les Arabes que pour les Juifs. La deuxième option, la création d’un État arabe en Cisjordanie, n’était pas non plus viable pour Hull, car elle permettrait aux Palestiniens, membres de l’OLP à son époque ou du Hamas aujourd’hui, de stocker des armes près des villes israéliennes, menaçant ainsi directement les Juifs israéliens.

Face à cette alternative, William Lovell Hull proposait une troisième option : que les Arabes palestiniens se déplacent en Jordanie en échange de compensations afin de préserver l’État d’Israël.

« Le seul espoir de paix », écrivait-il, « serait que tous ceux d’Ésaü (les Arabes) rejoignent leurs frères dans la partie de la Palestine qui s’appelle aujourd’hui la Jordanie. Tout autre choix pourrait éventuellement conduire au même résultat, mais au prix d’une guerre ouverte et de la perte de nombreuses vies humaines ».

Cette solution apporterait, outre la paix en Israël, espérait-il : « une nette amélioration des conditions de vie des Arabes vivant actuellement en Israël, et favoriserait une relation amicale entre les Juifs et les Arabes ».

Le défi, d’après le révérend, était que peu de gens étaient conscients de cette solution, qu’il s’agisse des responsables politiques ou de l’opinion publique.

Les inspirations bibliques du plan de Donald Trump pour Gaza
Le plan de Donald Trump pour Gaza, s’il se concrétise, pèsera certainement plus lourd sur le plan politique que sur le portefeuille. L’Égypte et la Jordanie ont déjà exprimé leur opposition. (Image : wikimedia / GrandEscogriffe, CC BY-SA 4.0)

Le coût économique et politique du plan de Donald Trump

Ce pasteur se serait peut-être réjoui d’entendre Donald Trump vouloir déplacer les Gazaouis dans les pays arabes voisins et d’ajouter, depuis la Maison Blanche aux côtés du Premier ministre israélien, vouloir acquérir le contrôle de la bande de Gaza sur le long terme, pour en assurer la démilitarisation et la reconstruction. Tout cela pour la transformer en « Riviera du Moyen-Orient ».

Ce nouvel Eldorado serait offert à d’autres qu’aux Gazaouis. Ces derniers, durement frappés, se verraient promettre un avenir meilleur en Jordanie et en Égypte et ne pourraient, selon le président Trump, que s’en trouver satisfaits, au point de ne plus vouloir revenir chez eux.

Que ce plan soit contraire au droit international humanitaire et méprise le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est indiscutable. Mais une fois passé l’effet de surprise de cette annonce qui, il faut le souligner, a été lue et donc préparée par l’administration Trump, une autre question s’est rapidement imposée dans les débats : qui va en assumer le coût financier et politique ?

Les États-Unis ? Il n’en semble pas question. Dans le plan du pasteur Hull, la responsabilité du coût financier d’un tel transfert de population devait revenir à quelques Juifs aisés, mais surtout à l’État israélien, qui aurait pu alors mettre à profit son expérience d’aide au développement dans les pays africains, basée sur sa propre expérience de désert devenu « pays où coulent le lait et le miel ». L’argent et le flux de population, pensait-il, enrichiraient la Jordanie qui « gagnerait ainsi en importance et en respect dans le concert des nations ».

Est-ce également le plan de Donald Trump ? La question reste ouverte.

Jusqu’à présent, les principales décisions de Donald Trump susceptibles de satisfaire un électorat évangélique conservateur et sioniste chrétien (bien plus que l’électorat juif américain), comme la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le Golan occupé (2019) et le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem (effectif en 2020), n’ont quasiment rien coûté.

Cette fois-ci, le plan de Donald Trump pour Gaza, s’il se concrétise, pèsera certainement plus lourd sur le plan politique que sur le portefeuille. L’Égypte et la Jordanie ont déjà exprimé leur opposition. Il est peu probable que l’Arabie saoudite – que Donald Trump aimerait bien ajouter à la liste des signataires des accords d’Abraham (normalisation des relations, en 2020, entre, d’une part, Israël, et de l’autre, avec les Émirats arabes unis, avec Bahreïn, avec le Maroc, pus avec le Soudan) qui ont cristallisé l’invisibilisation de la question palestinienne – prenne le risque de se mettre à dos une opinion publique arabe qui reste attachée à la création d’un État palestinien.

Mais rien n’est sûr : à ce stade, les Émirats arabes unis semblent ne pas voir d’autres solutions que celle prônée par Washington, tout en restant ouverts à de nouvelles idées.

Israël et les États-Unis, une relation très spéciale et une foi transactionnelle

Avec ce plan, le président Trump renonce-t-il à sa stratégie transactionnelle ? Oui, en apparence, non si on prend en compte l’influence du sionisme chrétien sur les relations spéciales entre les États-Unis et Israël.

L’un des principaux mantras des évangéliques sionistes est éminemment transactionnel : « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront. » (Genèse 12 : 3) Dans cette logique, le soutien à la politique du gouvernement israélien (de préférence d’extrême droite), considéré comme le représentant de tous les Juifs, est non seulement un devoir sacré pour son propre salut, mais aussi un devoir patriotique pour le bien de la nation.

Pour certains chrétiens sionistes américains, la puissance économique et militaire du pays est le signe de cette bénédiction divine liée à la relation spéciale avec Israël. En outre, à leurs yeux, l’histoire témoigne du sort réservé à ceux qui, comme le IIIe Reich allemand ou l’Union soviétique, ont persécuté leurs populations juives. Ceux qui osent critiquer Israël apparaissent alors comme autant de menaces pour les États-Unis.

Cela vaut tout spécialement pour les Juifs américains hostiles à l’extrême droite israélienne, que Donald Trump n’a pas hésité à qualifier de « mauvais Juifs », jugeant pendant la campagne électorale de 2024 que les Juifs se disant prêts à voter pour Joe Biden, puis pour Kamala Harris, étaient ingrats et déloyaux envers les États-Unis, car ils entendaient voter « pour l’ennemi » d’Israël et que, s’il venait à perdre l’élection présidentielle, ils en seraient les responsables directs. D’après le président Trump, sa victoire était la bonne solution pour les États-Unis, et donc pour Israël… et inversement.

Ce comportement antisémite décomplexé reflète l’ambiguïté permanente qui se cache derrière l’alliance indéfectible entre Israël et les États-Unis. D’un côté, les chrétiens sionistes ont besoin des Juifs, qu’ils considèrent à la fois comme les témoins vivants d’une alliance historique et unique entre Dieu et les êtres humains, mais aussi comme un moyen d’accomplir les prophéties et le retour de Jésus ainsi que son règne de paix : le millénium. Un accomplissement qui, selon leur interprétation, réserve un sort funeste aux Juifs qui ne reconnaîtraient pas Jésus comme leur sauveur.

D’un autre côté, l’État d’Israël, qui se considère officiellement comme l’État-nation des Juifs (loi de 2018) – une finalité en soi pour les sionistes d’extrême droite et sionistes religieux juifs – ne peut perdurer dans ce statut sans le soutien américain, et a fortiori des chrétiens évangéliques sionistes. En définitive, même si les intérêts des uns et des autres convergent, les objectifs finaux divergent sensiblement.

Les inspirations bibliques du plan de Donald Trump pour Gaza
Faire respecter cette promesse divine, c’est justement ce à quoi se sont engagés des chrétiens sionistes au plus haut niveau politique depuis le milieu du XIXe siècle, sans discontinuer. (Image : wikimedia / Effi Schweizer / Domaine public)

Le rêve américain de Gaza ou l’impérialisme biblique des États-Unis

En se présentant comme celui qui fera de Gaza un lieu idyllique, le président Trump s’inscrit dans une perspective politique semblable à celle du sionisme chrétien depuis le milieu du XIXe siècle : faire refleurir le désert, en permettant au peuple d’Israël de fouler de nouveau la terre qui lui a été promise.

En attendant, il a déjà publié sur Instagram une vidéo générée par IA qui a surpris même les observateurs les plus blasés de ses communiqués.

Mais plus encore, en exprimant sa volonté de prendre le « contrôle à long terme » de Gaza, Donald Trump ne peut que satisfaire les espérances à tendance impérialiste des sionistes chrétiens.

De fait, un siècle après le début du mandat britannique, une partie de la Palestine se retrouverait de nouveau entre les mains d’une nation chrétienne (ou présentée comme telle) qui s’est fait un devoir d’aider le peuple juif à restaurer sa souveraineté sur la terre que Dieu lui a promise.

Faire respecter cette promesse divine, c’est justement ce à quoi se sont engagés des chrétiens sionistes au plus haut niveau politique depuis le milieu du XIXe siècle, sans discontinuer.

Aujourd’hui comme lors de son premier mandat, le soutien de Donald Trump et des États-Unis à l’État d’Israël ne peut être compris sans être resitué dans cette longue histoire. Benyamin Nétanyahou, peut-être plus que tout autre Premier ministre israélien, et l’extrême droite religieuse l’ont bien compris, davantage pour leur profit que pour celui d’Israël, et encore moins pour celui des Palestiniens.

Rédacteur Charlotte Clémence

Auteur
Laurent Tessier : Docteur en histoire, spécialiste du sionisme chrétien, École pratique des hautes études (EPHE)

Cet article est republié à partir du site The Conversation, sous licence Creative Commons 

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Valoriser nos déchets alimentaires grâce à la fermentation https://www.visiontimes.fr/savoir/homme/valoriser-nos-dechets-alimentaires-grace-a-la-fermentation Tue, 04 Mar 2025 13:56:05 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92781 En France, les biodéchets représentent à l’heure actuelle près de 26 % de la poubelle des ménages, soit près de 18 millions de tonnes par an, et leur potentiel…

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En France, les biodéchets représentent à l’heure actuelle près de 26 % de la poubelle des ménages, soit près de 18 millions de tonnes par an, et leur potentiel de valorisation est encore trop peu exploité. De nos jours, de nouvelles voies sont développées pour valoriser au mieux ces déchets et notamment par des procédés de fermentation dite « environnementale ».


Les biodéchets comprennent les déchets alimentaires, les déchets verts issus des jardins, et d’autres matières organiques biodégradables provenant des ménages, de la restauration et des industries agroalimentaires. Parmi les voies de valorisation, le compostage et la méthanisation (dégradation biologique en absence d’oxygène de la matière organique en méthane) sont des procédés connus du plus grand nombre.


La fermentation environnementale est un type de biotechnologie qui propose d’utiliser un ensemble de microorganismes pour réaliser un processus fermentaire naturel dans un environnement contrôlé pour convertir les déchets complexes en produits utiles (bioénergies, molécules biosourcées d’intérêts pour utilisation en chimie verte, etc.).

Une très grande diversité microbienne


Alors que les processus microbiens sont identiques à ceux des fermentations alimentaires qui produisent yaourt, vin, bière, etc., la particularité des fermentations environnementales est de devoir faire face à une multitude de déchets différents qui varient en composition et dans le temps. La conversion de cette grande variété de déchets nécessite l’implication d’un grand nombre de bactéries fermentaires qui cohabitent de manière naturelle pour dégrader les déchets organiques. Ces cultures bactériennes, dites cultures mixtes, sont présentes au sein même des déchets ou peuvent être ajoutées, leur diversité permet de s’adapter aux différents déchets à traiter.


Les fermentations environnementales constituent donc une solution de traitement et de valorisation des déchets de l’activité humaine en produits pouvant être intégrés aux différents secteurs de la bioéconomie : vecteurs énergétiques (hydrogène, méthane), molécules plates-formes (acides carboxyliques, alcools), fertilisants organiques utilisables en agriculture, etc.

Valoriser nos déchets alimentaires grâce à la fermentation
Le schéma du processus de fermentation lactique. La glycolyse se prolonge par la réduction du pyruvate en lactate. (Image : wikimedia / Pancrat, CC BY-SA 3.0)


Nos travaux de recherche actuels ont pour objectif d’acquérir des connaissances tant sur les procédés de fermentation que sur les interactions microbiennes. Ces connaissances permettront de mieux maîtriser la conduite de la fermentation environnementale pour optimiser et stabiliser la conversion des déchets. La fermentation en cultures mixtes constitue un modèle d’étude en biotechnologie particulièrement intéressant, car parfaitement adaptée à l’étude des interactions entre microorganismes. En effet, au regard du peu de leviers d’action disponibles (pH, température), la maîtrise des cultures mixtes bactériennes et de leur métabolisme passe par l’utilisation de mélanges de bactéries, autrement dénommés consortia, qui peuvent être enrichis en bactéries d’intérêt et maîtrisés.

Vers une production de biohydrogène par fermentation


Les nouvelles voies de valorisation ouvertes par la fermentation environnementale permettent notamment de produire de l’hydrogène, autrement dénommé biohydrogène. L’hydrogène (H2) représente à l’heure actuelle un vecteur énergétique très intéressant pour de nombreuses filières (transport, chimie, etc.) et constitue une alternative possible aux vecteurs énergétiques traditionnels basés sur les ressources fossiles.


De plus, la production de biohydrogène est une étape intermédiaire de la méthanisation. Cette dernière se réalise par combinaison de plusieurs bactéries ayant des rôles bien distincts. Les premières, les bactéries hydrolytiques, coupent la matière organique en molécules plus petites (sucres, acides aminés, lipides…). Les deuxièmes, dites bactéries fermentaires, vont transformer ces molécules en acides organiques, alcools, hydrogène et dioxyde de carbone qui seront transformés au cours de la dernière étape par d’autres microorganismes (des archées) qui finalisent la transformation des déchets en méthane, gaz naturel vert.

En stoppant la transformation à l’étape de production de méthane, l’hydrogène s’accumule. Même si moins intensive, la production d’H2 à partir de déchets par fermentation présente de réels atouts, tel qu’un très faible impact environnemental, une extraction facilitée des gaz de fermentation (production d’hydrogène sous forme gazeuse), un potentiel économique complémentaire à la filière de méthanisation via la production d’acides organiques, éléments précurseurs pour des valorisations en industrie chimique. De plus, cette production de biohydrogène bénéficie de l’implantation territoriale de la filière de la méthanisation - filière mature en expansion - tout en maintenant le service écosystémique de traitement/revalorisation des déchets.

Des essais en cours pour changer d’échelle

Le projet de démonstrateur industriel Métha-Hyn tend justement à intégrer la production d’H2 au sein de filières existantes. Pour cela, des essais en réacteurs pilotes d’environ 300 litres sont en cours de réalisation pour démontrer la faisabilité de la solution en environnement industriel.

Le contrôle des procédés de fermentation est un facteur important de leur stabilité. Les paramètres clés sont le contrôle du pH légèrement acide (autour de 5,5), la sélection de bactéries naturellement productrices d’hydrogène, et également le contrôle du type de déchets à valoriser. En effet, seuls les sucres facilement accessibles peuvent être convertis en H2 et cela nécessite de bien choisir les déchets à traiter, comme les biodéchets qui sont constitués principalement de déchets alimentaires (ex. pelures de légumes, fruits, résidus de pain…).

Des prétraitements favorables à la libération de ces sucres peuvent être utilisés (traitement à l’acide, par extrusion, à haute température, ou par une combinaison de techniques). Néanmoins dans ce procédé de fermentation, l’H2 produit ne représente qu’au maximum un tiers de l’énergie contenue dans les substrats, les deux tiers restants étant sous forme de sous-produits métaboliques (biomolécules, acides gras volatiles, alcools) ou de matières non hydrolysées mais biodégradables. Il s’avère donc indispensable de coupler ce procédé à d’autres moyens de valorisation.

Ainsi des acides organiques peuvent aussi être produits par des fermentations environnementales et se substituer aux molécules issues de l’industrie pétrolière. Des molécules, essentielles à la production de biopolymères et de carburants de type jet fuel, font l’objet de recherches innovantes. Dans le cadre de plusieurs projets tels que les projets européens Bioctane et Ecoval, la fermentation de biodéchets en acides carboxyliques dites molécules plates-formes constitue une étape clé pour, par exemple, la production de carburants soutenables pour l’aviation. Grâce à un large spectre de substrats, incluant boues urbaines, résidus de protéines et lipides, cette approche permet de diversifier les produits utilisables. La fermentation est ici réalisée dans des conditions proches de la neutralité pH avec un renouvellement fréquent du milieu pour empêcher le développement des bactéries qui produisent du méthane, ce qui favorise une accumulation à haute concentration des acides gras volatils (AGV).

À ce jour, l’extraction de ces AGV en mélange reste un verrou technologique à lever, nécessitant des solutions adaptées pour maximiser leur valorisation. Les fermentations environnementales, alliant durabilité et innovation, ouvrent des perspectives prometteuses dans une économie circulaire.

Les procédés environnementaux de fermentation sont donc riches en potentialités et représentent aussi bien des procédés de traitement de déchets qu’un moyen de recycler et stocker une partie des déchets pour une gestion durable et circulaire des ressources. Toutefois, certains verrous restent à lever notamment leur certaine instabilité inhérente à la variabilité et l’hétérogénéité subie des déchets et à la grande richesse des communautés microbiennes impliquées. Une meilleure connaissance des interactions entre microorganismes régissant le fonctionnement de ces communautés permettrait de proposer des modes de contrôle innovants. Entre autres, de nouveau procédé d’électro-fermentation, ou fermentation électro-assistée, sont en cours de développement, permettant de lever certaines barrières thermodynamiques associées à ces transformations.

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Auteurs 
Claire Dumas Chercheur en génie des bioprocédés, Inrae.
Éric Trably Directeur de Recherche INRAE - Directeur d’Unité.
Cet article est republié à partir du site 
The Conversation, sous licence Creative Commons

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Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé ? https://www.visiontimes.fr/chine-ancienne/sagesse/mencius-voulait-divorcer-de-son-epouse-mais-pourquoi-sa-mere-a-t-elle-refuse Mon, 03 Mar 2025 19:00:00 +0000 https://www.visiontimes.fr/?p=92764 Que faisaient les gens dans la Chine ancienne lorsqu’ils voulaient divorcer ? Mencius, ou Meng Zi, est un philosophe chinois qui a vécu entre 372…

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Que faisaient les gens dans la Chine ancienne lorsqu’ils voulaient divorcer ?

Mencius, ou Meng Zi, est un philosophe chinois qui a vécu entre 372 et 289 av. J.-C. : à l’époque des Royaumes combattants. Sa philosophie relève du confucianisme. Mais, il a tenté d’y apporter une dimension plus pratique, en tenant compte de la réalité de la vie et a mis en avant la bonté de l’être humain. Ce penseur profondément humain a un jour voulu divorcer de son épouse : mais sa mère trouva des arguments qui ramenèrent son philosophe de fils à la réalité.

La Chine ancienne est connue pour être un pays d’étiquettes et de rites, profondément enracinés dans les principes éthiques et philosophiques issus du taoïsme et du bouddhisme. Ainsi, lorsque Mencius a vu l’une des actions de sa femme, le penseur attachant une grande importance au respect de l’étiquette, a dit qu’il voulait divorcer. Mais sa mère l’a arrêté.

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
Lorsque Mencius a vu l’une des actions de son épouse, le penseur attachant une grande importance au respect de l’étiquette, a dit qu’il voulait divorcer. Mais sa mère l’a arrêté. (Image : wikimedia / ColBase: 国立博物館所蔵品統合検索システム (Integrated Collections Database of the National Museums, Japan), CC BY 4.0)

Qu’a fait la femme de Mencius pour l’amener à vouloir divorcer ?

D’après le Han Shi Wai Chuan, la Biographie extraordinaire de Han Shi: « Un jour, l’épouse de Mencius était seule dans une pièce, assise par terre, les jambes croisées. Elle se reposait tranquillement. Il se trouve que cette scène a été interrompue par Mencius, qui est soudainement entré dans la pièce. Mencius a été très mécontent lorsqu’il a vu son épouse assise avec ses jambes en forme de " huit " ». Il raconta alors à sa mère la scène en ces termes : « Cette femme ne connaît pas l’étiquette. S’il te plaît, permets-moi de la répudier ».

La mère de Mencius demanda tranquillement quelques précisions à son fils avec ce simple mot : « Pourquoi ? »

Mencius lui répondit alors : « Parce qu’elle était assise par terre, les jambes croisées ».

La mère de Mencius le questionna à nouveau : « Comment le savais-tu ? »

« Je l’ai vu de mes propres yeux tout à l’heure, en entrant dans la pièce », lui répondit son fils.

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
Le Classique des Ritesne dit-il pas que lorsque l’on rentre dans une pièce, il faut tout d’abord demander qui est dans la pièce. (Image : wikimedia / Ding Guanpeng / Domaine public)

Toujours tranquillement la mère de Mencius le regarda et lui dit: « C’est toi qui ne connais pas l’étiquette, et non ton épouse. Le Classique des Rites ne dit-il pas que lorsque l’on rentre dans une pièce, il faut tout d’abord demander qui est dans la pièce. Lorsque l’on entre dans un salon, il faut d’abord saluer à haute voix pour que les gens à l’intérieur le sachent. Lorsque l’on veut entrer dans une maison, il faut regarder vers le bas.

Le Classique des Rites dit cela pour que l’on ne puisse pas prendre les gens au dépourvu, de manière à éviter de les gêner. Maintenant, tu te rends dans le lieu de repos de ton épouse et tu entres dans la pièce sans faire de bruit. Elle ne savait pas que tu étais entré et n’était pas prête, alors tu l’as surprise assise avec les jambes croisées. Il me semble que tu as été le premier à ne pas respecter l’étiquette ! Alors comment peux-tu reprocher à ton épouse de ne pas connaître l’étiquette ? »

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
Lorsque l’on veut entrer dans une maison, il faut regarder vers le bas. Le Classique des Rites dit cela pour que l’on ne puisse pas prendre les gens au dépourvu, de manière à éviter de les gêner. (Image : wikimedia / Xu Yang / Domaine public)

Après avoir écouté les paroles de sa mère, Mencius s’est immédiatement rendu compte de son erreur, s’est senti honteux, si bien qu’il n’a plus jamais parlé de la répudiation de son épouse.

La posture de la femme de Mencius assise avec les jambes croisées dans la maison est appelée箕踞 « Ji Ju ». S’asseoir les jambes croisées était une posture assise considérée comme étant très impolie dans la Chine ancienne : « un signe d’arrogance et de manque de respect ». De plus, Mencius était un homme qui attachait une grande importance à l’étiquette, mais il croyait à la bonté de la nature humaine. Heureusement, sa mère avait compris la situation dans son ensemble et lui a fait remarquer ses propres défauts, ce qui a résolu la crise conjugale avant qu’elle ne prenne effet.

Comment les gens de l’Antiquité divorçaient-ils lorsque leurs conjoints ne s’entendaient pas ?

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
Les Chinois dans la Chine ancienne accordaient une grande importance à l’engagement et à l’affection. Mais, si un couple avait vraiment une mauvaise relation et ne pouvaient pas vivre ensemble, il existait des procédures de séparation. (Image : wikimedia / Sun Hu / Domaine public)

Les Chinois dans la Chine ancienne accordaient une grande importance à l’engagement et à l’affection. Cependant, si un couple avait vraiment une mauvaise relation et si les époux ne pouvaient pas vivre ensemble, en plus de remplir les « sept conditions » et les « trois conditions de non-divorce », il existait d’autres moyens, à savoir : le « divorce pacifique » et la « dépôt d’une plainte ».

1- « Le divorce pacifique »

On l’appelle généralement le « divorce par consentement mutuel ». La première loi sur le divorce par consentement mutuel dont on peut vérifier la validité se trouve dans le Commentaire de la loi Tang sur le mariage familial. Il stipule que s’il existe une réelle discorde émotionnelle entre un mari et son épouse et que les deux parties souhaitent divorcer, elles peuvent obtenir un divorce par consentement mutuel. Contrairement au divorce simple où l’époux était le seul à exprimer son désir de répudiation, un divorce par consentement mutuel devait être obtenu avec le consentement de l’épouse et devait passer par une série de procédures autorisées par la loi avant de pouvoir être considéré comme étant effectif. D’une manière générale, un divorce était un moyen de dissoudre un mariage sans nuire à la relation entre les deux familles, de sorte que le processus de divorce était souvent mené de manière à ne pas porter atteinte à la réputation de l’autre famille.

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
L’importance de la procédure du « divorce pacifique » réside peut-être dans le fait que les bonnes relations entre les deux familles ne seront pas endommagées. (Image : wikimedia / Ding Guanpeng / Domaine public)

La lettre de divorce était généralement rédigée par le mari et la procédure de divorce était présidée par les proches des deux parties : le « conseil de famille ». Le langage de la lettre de divorce devait être plus scrupuleux, mentionnant à la fois la faute de l’épouse et celle de l’époux. La lettre exprimait à la fin le désir de résoudre le conflit et de dénouer le nœud ainsi que des bénédictions pour l’avenir de l’ex-épouse.

Certaines études estiment également que le divorce par consentement mutuel n’était en fait qu’un euphémisme pour désigner l’abandon d’une épouse. Car les femmes n’avaient pas le droit d’initier un divorce par consentement mutuel et ne pouvaient que choisir passivement d’accepter ou non.

L’importance de la procédure du « divorce pacifique » réside peut-être dans le fait qu’en divorçant de cette manière, la relation entre les deux familles ne sera pas grandement affectée et les bonnes relations entre les deux familles ne seront pas endommagées.

2- Le dépôt de plainte

D’une manière générale, il était difficile pour les femmes d’obtenir un divorce, mais il y avait toujours des exceptions. Ainsi, « déposer une plainte » était le seul moyen pour les femmes d’initier une procédure de divorce.

Le dépôt d’une plainte est probablement l’ancienne version du « litige en matière de divorce ». Tant que les conditions correspondantes étaient remplies, l’époux et l’épouse pouvaient prendre l’initiative d’intenter une action en justice, auprès du gouvernement et demander le divorce. L’homme pouvait demander le divorce au motif que sa femme s’était enfuie, avait commis l’adultère, avait tué l’enfant né d’une concubine ou avait maudit son époux.

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
En général, le système de divorce dans la Chine ancienne était basé sur une éthique patriarcale et centré sur les intérêts familiaux. Les sentiments personnels n’étaient pratiquement pas pris en compte. (Image : wikimedia / English: Sun Wen (1818-1904) 中文: 孙温 / Domaine public)

L’épouse pouvait demander le divorce au motif que son époux était en fuite depuis trois ans et n’était pas revenu, que son époux forçait ses épouses et concubines à commettre l’adultère ou tolérait cette pratique, ou que son époux utilisait ses épouses et concubines comme hypothèques immobilières, ou encore que son beau-père avait violé sa belle-fille.

Après avoir déposé une plainte, et pour autant qu’elle soit vérifiée par le gouvernement, le couple pouvait officiellement divorcer avec l’autorisation de la loi.

En général, le système de divorce dans la Chine ancienne était basé sur une éthique patriarcale et centré sur les intérêts familiaux. Les sentiments personnels n’étaient pratiquement pas pris en compte.

Bien que les hommes avaient évidemment des privilèges, ceux-ci devaient s’inscrire dans le cadre des principes éthiques de la société clanique. La véritable liberté de divorcer était difficile à mettre en pratique, même pour les hommes.

Mencius voulait divorcer de son épouse mais pourquoi sa mère a-t-elle refusé
La véritable liberté de divorcer était difficile à mettre en pratique, même pour les hommes. (Image : wikimedia / English: Sun Wen (1818-1904) 中文: 孙温 / Domaine public)

Rédacteur Charlotte Clémence

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