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Police du ton

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Selon Sian Norris pour Byline Times, Dawn Butler puis Rosena Allin-Khan ont été victimes de police du ton au sein de la Chambre des communes du Royaume-Uni en juillet 2021[1].

La police du ton[n 1] est une attitude et un type d'argument ad personam[n 2] dénonçant la manière de s'exprimer d'une personne plutôt que le contenu factuel ou logique de ses propos, afin de la discréditer. Souvent utilisé face à un interlocuteur en colère, le tone policing détourne la discussion pour critiquer la façon de s'exprimer de la personne plutôt que d'aborder ce qui la met en colère. Il s'agit d'un raisonnement fallacieux, car on peut être en colère tout en restant rationnel.

Le concept du tone policing s'est répandue dans les cercles d'activistes aux États-Unis vers le milieu des années 2010. Il a été largement diffusé dans une bande dessinée de 2015 publiée sur le site Everyday Feminism[6]. Les activistes soutiennent que le tone policing est régulièrement utilisé contre les féministes et les soutiens de l'antiracisme[7],[8],[9],[10].

Selon ce point de vue féministe, demander de supprimer les affects de colère a pour effet de favoriser un mode de communication spécifique souvent associé à des traits tels que la masculinité, un haut niveau d'études et un style d'expression détaché et imaginé comme rationnel[11]. Dans cette vision des choses, exiger d'une personne qu'elle adopte un style de communication particulier peut involontairement renforcer les inégalités sociales existantes, y compris celles enracinées dans l'histoire coloniale, les structures suprémacistes blanches, le cis-hétéro-patriarcat, et les systèmes capitalistes[12].

Le tone policing peut marginaliser les individus qui présentent naturellement certaines caractéristiques langagières, notamment l'utilisation fréquente d'explétifs tels que « genre » et « euh », ou qui utilisent un timbre vocal particulier tel que celui de la voix de poitrine[13]. En particulier, dans le domaine de la justice sociale, les chercheurs et experts soulignent souvent l'importance des émotions, telles que la colère, car elles sont fréquemment associées aux expériences personnelles d'injustice et peuvent jouer un rôle moteur pour celles et ceux qui s'engagent dans des efforts pour le changement social[14]. La recherche en psychologie a exploré les effets potentiels du tone policing, montrant que les individus constamment soumis à de telles critiques peuvent éprouver de la frustration, se sentir réduits au silence et avoir des doutes sur eux-mêmes. Ce coût psychologique peut décourager significativement les individus de participer activement aux conversations concernant les questions de justice sociale[15].

La prolifération des plateformes de réseaux sociaux a contribué à la prévalence du tone policing dans les discussions en ligne, en particulier dans des contextes caractérisés par la brièveté des propos et par l'anonymat. Dans ces environnements en ligne, l'accent est davantage mis sur le ton que sur les arguments substantiels[16]. De plus, les établissements éducatifs peuvent être des espaces où le tone policing se manifeste, en particulier envers des étudiants et étudiantes faisant part de préoccupations concernant les inégalités systémiques[17].

Notes et références

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  1. De l'anglais tone policing. On trouve également modération du ton[2], polissage du ton[3] ou stigmatisation du ton[4].
  2. Bien que la police du ton soit généralement classée comme une forme d'argument ad hominem[5], selon une certaine distinction courante dans la science rhétorique francophone suivant Schopenhauer et Stéphane Murras, elle correspond plutôt à un argument ad personam.

Références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Tone policing » (voir la liste des auteurs).

  1. (en-GB) Sian Norris, « Watch Your Tone! How Women MPs of Colour are Tone-Policed », sur Byline Times, (consulté le )
  2. « Androcentré, « tone policing », « male tears »… petit lexique féministe à maîtriser en 2023 - Elle », sur Elle, (consulté le ).
  3. Simon Blin, « Les nouvelles féministes sont-elles malpolies ? », sur Libération (consulté le ).
  4. Soraya Chemaly, Le Pouvoir de la colère des femmes, ALBIN MICHEL, (ISBN 978-2-226-44867-5, lire en ligne).
  5. (en) Emily Sheng, Kai-Wei Chang, Prem Natarajan et Nanyun Peng, « “Nice Try, Kiddo”: Investigating Ad Hominems in Dialogue Responses », Proceedings of the 2021 Conference of the North American Chapter of the Association for Computational Linguistics: Human Language Technologies, Association for Computational Linguistics,‎ , p. 750–767 (DOI 10.18653/v1/2021.naacl-main.60) :

    « Tone policing is a type of ad hominem that seeks to regulate the emotions that a person (usually of a marginalized population) can use to deliver their points (e.g., not too angrily), thereby altogether invalidating the style of delivery, the person’s competence, and the points being conveyed. »

  6. (en-US) Robot Hugs, « No, We Won't Calm Down – Tone Policing Is Just Another Way to Protect Privilege », sur Everyday Feminism, (consulté le ).
  7. (en-GB) Shambhavi Raj Singh, « Infographic: What Is Tone Policing And Why Is It Wrong? », sur Feminism in India, (consulté le ).
  8. « How Tone Policing Is Used to Silence Black Women », sur Blackburn Center, (consulté le )
  9. Alice MacLachlan, « Tone-Policing and the Assertion of Authority », sur Blog de l'APA, (consulté le ).
  10. Ijeoma Oluo, So you want to talk about race, Seal Press, , 201 p. (ISBN 9781580058827).
  11. Kyra Gillies, « Intersectional poetry: Spoken poetry as a platform for feminist thought free from tone policing. », Women's Studies Journal, vol. 31, no 1,‎ , p. 88–94.
  12. (en) Chanda Prescod-Weinstein, « What's the harm in tone policing? », sur Medium, (consulté le ).
  13. (en) « Why Policing the Way Voices Sound Has to Stop », sur Université de Boston, (consulté le ).
  14. Daan Vandermeulen, Siwar Hasan Aslih, Eric Shuman et Eran Halperin, « Protected by the Emotions of the Group: Perceived Emotional Fit and Disadvantaged Group Members' Activist Burnout », Personality & Social Psychology Bulletin, vol. 49, no 7,‎ , p. 1086–1096 (ISSN 0146-1672, PMID 35549948, PMCID 10302361, DOI 10.1177/01461672221092853).
  15. (en) Kenneth M. Tyler, Danelle Stevens-Watkins, Jennifer L. Burris, Sycarah D. Fisher et Candice N. Hargons, « Black Psychology and Whiteness: Toward a Conceptual Model of Black Trauma through the Prism of Whiteness », Journal of Black Psychology, vol. 48, no 1,‎ , p. 5–42 (ISSN 0095-7984, DOI 10.1177/00957984211034948, S2CID 238796216).
  16. (en) Sandra González‐Bailón et Yphtach Lelkes, « Do social media undermine social cohesion? A critical review », Social Issues and Policy Review, vol. 17, no 1,‎ , p. 155–180 (ISSN 1751-2395, DOI 10.1111/sipr.12091 Accès libre, S2CID 255365888).
  17. (en) Brittany M. Williams, « "It's Just My Face:" Workplace Policing of Black Professional Women in Higher Education », Journal of Women and Gender in Higher Education, vol. 16, no 2,‎ , p. 67–89 (ISSN 2637-9112, DOI 10.1080/26379112.2023.2172730 Accès libre, S2CID 257964070).

Bibliographie

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Articles connexes

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