Le Peuple (1921)
Le Peuple | |
Le Peuple, | |
Pays | France |
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Langue | français |
Périodicité | quotidienne (1921-1939) hebdomadaire (1945-1952) bimensuelle (après 1952) |
Genre | Presse syndicale et politique |
Diffusion | 16 660 ex. (mars 1939) |
Date de fondation | |
Éditeur | CGT |
Ville d’édition | Paris Montreuil |
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Le Peuple est une publication de la Confédération générale du travail.
Historique
[modifier | modifier le code]Le quotidien (1921-1939)
[modifier | modifier le code]Le Peuple commence à paraître comme un quotidien en 1921, en remplacement de La Bataille, où s'exprimait déjà la majorité de la CGT de l'époque. La Bataille, nommée à sa création La Bataille syndicaliste avait elle-même succédé à La Voix du Peuple (1900-1914)[1], Dès le premier numéro[2], Léon Jouhaux, secrétaire général de la confédération explique la nécessité et le but de ce « journal quotidien du syndicalisme ». Mais il s'agissait aussi de contrer La Vie ouvrière, journal des minoritaires, et L'Humanité dirigé par Marcel Cachin. Lors de la réunification de 1936[3] entre la CGT et la CGTU, Le Peuple devient l'organe confédéral officiel[4]. Cependant il ne rencontre pas le succès commercial que l'audience grandissante de la CGT pouvait faire espérer. L'historien Georges Lefranc[5] remarque la forte concurrence des divers journaux et revues syndicalistes. Outre la presse quotidienne généraliste et politique, le journal de la CGT est concurrencé par La Vie ouvrière, qui s'adresse aux anciens « unitaires », Syndicats qui regroupe autour de René Belin les éléments hostiles aux communistes, La Révolution prolétarienne qui s'adresse aux syndicalistes révolutionnaires, les organes catégoriels et des fédérations, comme La Tribune des fonctionnaires. Et les amis de Léon Jouhaux lancent aussi, en 1937, l'hebdomadaire Messidor. La diffusion de 16 660 exemplaires en 1939[6] fait écrire par Danielle Tartakowsky :
« La réussite formelle de ce journal que fut Le Peuple et sa valeur documentaire et informative sont incontestables. Sa réussite en terme commercial l'est moins[7]. »
Son exploitation est déficitaire et ne doit sa survie qu'aux subventions de la Confédération. Après la déclaration de guerre, Le Peuple devient hebdomadaire en , et suspend sa parution après le [8]. Il ne paraît pas pendant l'Occupation.
Hebdomadaire (1944-1952) puis bimensuel
[modifier | modifier le code]Au lendemain de la Guerre, il reparaît à partir de [9], sous une périodicité hebdomadaire[10], et bien que dirigé et rédigé par des syndicalistes de la tendance Force ouvrière (FO), à l'image de son directeur Albert Bouzanquet, il laisse une large place à l'expression des anciens « unitaires ». Sa diffusion serait en 1946 de 120 000 exemplaires[11]. Néanmoins il reste aux mains des majoritaires de la CGT au moment de la scission syndicale de . Il est diffusé en kiosque jusqu'en 1952[12].
Avec la décision de faire de La Nouvelle Vie ouvrière (NVO) la publication de masse de la CGT, Le Peuple devient à partir de 1952 un organe d'informations à destination des organisations de la CGT les informant de la vie interne de la Confédération. Bimensuel[13], il est alors dirigé par un membre du bureau confédéral réputé pour ne pas être membre du parti communiste, au contraire de La Vie ouvrière[14]. Depuis les restructurations ayant affecté la presse CGT au cours des années 2000, Le Peuple continue de publier les documents et comptes-rendus des congrès de la confédération[15].
La direction du Peuple
[modifier | modifier le code]La direction du journal Le Peuple, porteur officiel de la « parole CGT » est assurée par un membre de la direction de la CGT. De sa création jusqu'à 1948, ce sont des proches de Léon Jouhaux qui assument cette tâche[16]. De 1948 à 1995[17] ce sont des non communistes qui tiennent ce poste, non dénué d'importance et d'enjeu, car le bimensuel assure la publication des débats internes, en particulier les comptes-rendus des réunions du Comité confédéral national (CCN), instance statutaire suprême entre les congrès. De 1978 à 1995, notamment, période de fortes tensions internes, clivées politiquement[18], Le Peuple est le seul organe de la centrale syndicale où sont transcrits les débats.
Les directeurs du journal
[modifier | modifier le code]- 1923-1936 : Francis Million
- 1936-1939 : Raymond Bouyer[19]
- 1945-1948 : Albert Bouzanquet
- 1948-1955 : Jacques Marion[20]
- 1955-1972 : Jean Schaefer[21]
- 1973-1982 : René Buhl[22]
- 1982-1992 : Jean-Claude Laroze[23]
- 1992-1995 : André Deluchat[24]
- 1995-2009 : Daniel Prada[25]
Quelques « plumes » et rédacteurs
[modifier | modifier le code]- Pierre Lazareff publie dans Le Peuple son premier article.
- Raymond Manevy est rédacteur en chef jusqu'en 1930. Il est plus tard un historien de la presse française.
- Eugène Morel, rédacteur de 1921 à 1948, est un dirigeant du Syndicat national des journalistes CGT puis du Syndicat national des journalistes (SNJ).
- Henry Poulaille est nommé directeur littéraire du Peuple à la fin de l'année 1925[26]. Il y succédait à l'écrivain, Victor Margueritte[27]. Il y développe sa conception de la Littérature prolétarienne. Le quotidien publie plus tard en feuilleton la plupart de ses romans du cycle autobiographique « Le Pain quotidien »[28],[29].
- Maurice Harmel est un des principaux rédacteurs jusqu'en 1939. Il meurt en déportation.
- Roger Vailland, en 1938, y publie en feuilleton Un homme du peuple sous la Révolution, coécrit avec Raymond Manevy[30],[31].
- Claude Germon, syndicaliste CGT des Finances, est rédacteur en chef[32] de 1973 à 1978. Il est ensuite maire socialiste de Massy (Essonne) et député de l'Essonne.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Le Peuple à la une, article de Jean-Louis Robert, pp.17-24
- Le Peuple, 4 janvier 1921
- Louis Bodin, Jean Touchard, Front populaire 1936, coll. « Kiosque », Armand Colin, 1961; voir en pp. 281-289 le tableau de la presse politique française en 1936. Le directeur du Peuple cité est Francis Million; son rédacteur en chef, Raymond Manevy. Il semble toutefois que ce duo correspondait à la période antérieure au front populaire
- Morgan Poggioli, La communication de la CGT durant le front populaire, Université de Bourgogne, 2016
- Georges Lefranc, Le mouvement syndical sous la Troisième République, Payot, 1967, p. 375
- Soit le 19e rang des grands quotidiens
- Danielle Tartakowsky, « De l'échec des grèves (1921) au front populaire (1939) », pp. 33-42, in Le Peuple à la une
- Le Peuple, 6 juin 1940
- Le Peuple, 16 septembre 1944
- Claude Estier, La gauche hebdomadaire (1914-1962), coll. « Kiosque », Armand Colin, 1962, p. 265
- Le Peuple à la une, p. 70
- Le Peuple à la une, p. 47
- Dominique Andolfatto, Dominique Labbé, La CGT. Organisation et audience depuis 1945, éditions La Découverte, 1997 en particulier p. 128-130, La propagande et la communication
- Les Échos, 19 février 2014 : Leila de Comarmond, « du temps de la courroie de transmission avec le Parti communiste (…) Le Peuple, organe officiel de la CGT » était dirigé par un non communiste
- Catalogue général de la BNF, publications 2012 et 2016
- Les biographies de tous les directeurs du Peuple, publiées dans Le Maitron mettent en évidence leur position stratégique au sein du syndicat
- Le Peuple à la une, édition du Peuple, 1995, cf bibliographie, ouvrage publié à la double occasion du centenaire de la CGT et des 75 ans du journal
- Guy Groux, René Mouriaux, La CGT. Crise et alternatives, éditions Economica, Paris, 1992
- Notice Raymond Bouyer (1902-1952), par Jean-Luc Pinol, article 17711, in Le Maitron en ligne.
- Jacques Marion (1903-1976), membre de la SFIO, et de la tendance de Léon Jouhaux au sein de la CGT, secrétaire général de la Fédération du Spectacle, il reste à la CGT lors de la scission de Force ouvrière et il est ensuite membre vers 1950 d'un (petit) Parti socialiste unitaire. Notice 120 276, par Éric Nadaud, in Le Maitron en ligne.
- Jean Schaefer (1912-2005), ancien membre de la SFIO, était membre du PSU dans les années 1960. Cf. notice « Jean Schaefer écrit parfois par erreur Schaeffer », rédigée par Éric Nadaud dans Le Maitron en ligne, consultée le 29 août 2018.
- Michel Noblecourt, « René Buhl, un précurseur de l'ouverture de la CGT », notice nécrologique in Le Monde (archives), 8 mai 2004 (consultée le 23 août 2018). Voir aussi sa notice biographique, par Michel Dreyfus et Jeanne Siwek, in Le Maitron en ligne.
- Jean-Claude Laroze, membre du Parti socialiste dès 1971, le quitte en 1979 selon son témoignage, in Le Peuple à la une, p. 132. Voir aussi Archives de la CGT, présentation du fonds Jean-Claude Laroze [PDF].
- André Deluchat, membre du Parti socialiste, rallie ensuite le parti de Jean-Pierre Chevènement.
- Communisme, no 57-58 / 1999, « Le 46e congrès de la CGT », article de Dominique Labbé, Chronique de la CGT 1993-1999, pp. 45-87. L'organigramme de la CGT est en pp. 53 et suivantes.
- Thierry Maricourt, Henry Poulaille, Manya, 1992, p. 75-76 : « Il alimente le journal d'articles sur la littérature prolétarienne. »
- Marcel Lapierre, Poulaille au Peuple, in revue Entretiens, éd. Subervie, Rodez, n° 33 / 1974, p. 61-64
- Le Peuple, 2 mars 1932 Annonce de la parution en feuilleton du Pain quotidien d'Henry Poulaille
- Le Peuple, 13 novembre 1936, Marcel Lapierre annonce la parution de Pain de soldat en feuilleton
- René Mouriaux, La CGT, « Points politique », Le Seuil, 1982, p. 175
- Le Peuple, 12 février 1938, début de parution en feuilleton d'Un homme du peuple sous la Révolution, signé « Manevy-Vailland »
- Le Peuple à la une, p. 114
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Le Peuple à la une, éditions Le Peuple (SA EPJS), « la CGT a 100 ans », Montreuil, 1995. 140 p. (avec des communications de Jean-Louis Robert, Danielle Tartakowsky, René Mouriaux, et les témoignages (entre autres) de Gérard Alezard, René Buhl, Françoise Daphnis, André Deluchat, Jean-Claude Laroze, Lucien Postel, Jean Schaefer, Louis Viannet) Notice du Cedias/Musée social
Liens externes
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