Generalfeldmarschall
Generalfeldmarschall ou Feldmarschall est un grade militaire d'officier général supérieur dans les armées allemande, autrichienne, et russe impériale.
Généralités
[modifier | modifier le code]Le titre trouve son origine dans les armées du Saint-Empire, avant d'entrer en usage dans les armées prussienne et autrichienne, où il acquiert une signification différente, puis dans l'armée de l'Allemagne impériale et enfin dans la Wehrmacht (les forces armées du Troisième Reich). Ce grade fut aussi employé par la Russie, la Suède et l'Angleterre (Field Marshal General).
Parfois appelée « feld-maréchal » en français, Feldmarschall est la traduction littérale de « maréchal de campagne » et non de « maréchal de camp » qui est d'un niveau hiérarchique beaucoup moins élevé. Il correspond à la dignité de maréchal de France utilisée en France depuis l'Ancien Régime, à la différence près que le titre de maréchal de France ne confère pas de commandement militaire opérationnel depuis la fin de la Première Guerre mondiale.
Usages par pays
[modifier | modifier le code]Autriche
[modifier | modifier le code]En Autriche, le grade de Generalfeldmarschall fut le grade le plus élevé de l'empire d'Autriche (1804-1867) et de l'Empire austro-hongrois (1867-1918). Le grade est exclusivement attribué à des militaires ayant fait carrière au sein de l'armée, ce qui n'exclut pas qu'il soit décerné à titre honorifique. Il correspond peu ou prou à celui de Großadmiral de la marine, ce dernier ne différant que par son caractère essentiellement maritime.
Feld-maréchaux de l'empire d'Autriche et d'Autriche-Hongrie (1804-1918)
[modifier | modifier le code]Allemagne
[modifier | modifier le code]Le grade de Feldmarschal, équivalent au grade de « maréchal de camp », est utilisé depuis le XVIe siècle dans le Saint-Empire romain germanique. Le grade de Generalfeldmarschall est moins ancien : utilisé depuis le XVIIIe siècle, notamment par la Prusse, le rang hiérarchique de ce grade dépend de la période concernée.
Deutsches Heer
[modifier | modifier le code]- Generalfeldmarschall (grade le plus élevé dans la hiérarchie militaire)
- Generaloberst (depuis 1854)
- General (général d'une arme en particulier, par exemple General der Infanterie pour général d'infanterie)
- Generalleutnant
- Generalmajor
Wehrmacht
[modifier | modifier le code]Armée régulière allemande de 1935 à 1945 : les titres qui suivent sont ceux portés dans la Heer (l'Armée de terre) et la Luftwaffe (l'Armée de l'air) ; dans la Kriegsmarine, le titre équivalent à celui de Generalfeldmarschall est : Großadmiral.
- Reichsmarschall (grade attribué au seul Hermann Göring, unique détenteur du titre en conséquence)
- Generalfeldmarschall (grade le plus élevé dans la hiérarchie militaire, après celui de Reichsmarschall)
- Generaloberst
- General (général d'une arme en particulier, par exemple General der Artillerie pour général d'artillerie)
- Generalleutnant
- Generalmajor
Waffen-SS
[modifier | modifier le code]Branche paramilitaire et milice du parti national-socialiste de 1933 à 1945.
- Reichsführer-SS (peut être considéré comme un équivalent au grade de Generalfeldmarschall dans l'armée régulière ; le détenteur le plus connu du grade de Reichsführer a été Heinrich Himmler)
- SS-Oberst-Gruppenführer (équivalent de Generaloberst dans l'armée régulière)
- SS-Obergruppenführer (équivalent de General dans l'armée régulière)
- SS-Gruppenführer (équivalent de Generalleutnant dans l'armée régulière)
- SS-Brigadeführer (équivalent de Generalmajor dans l'armée régulière)
Generalfeldmarschall du Troisième Reich
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Ce grade était le grade le plus élevé attribué à l'époque du Troisième Reich, dans la Wehrmacht (l'Armée allemande), en l'occurrence dans la Heer (l'Armée de terre) et dans la Luftwaffe (l'Armée de l'air). Il était l’équivalent du grade de Grossadmiral attribué à deux amiraux de la Kriegsmarine : Raeder en 1939 et Dönitz en 1943.
Le lors d’une cérémonie à Berlin, un grade de rang supérieur a toutefois été créé à l'attention spéciale de Hermann Göring, lequel était Generalfeldmarschall depuis 1938, pour le distinguer des généraux[a] qui allaient être promus Generalfeldmarschall dans l’Armée de terre (la Heer), et surtout dans l'Armée de l'air (la Luftwaffe) car il en était le commandant en chef. En outre, cette nomination par Hitler le désignait également comme étant un successeur potentiel à la tête du Troisième Reich.
Les militaires allemands qui ont porté le grade de Generalfeldmarschall à l'époque du Troisième Reich dans la Heer (l'Armée de terre) et la Luftwaffe (l'Armée de l'air) — la mention (L) a été ajoutée pour identifier un membre de la Luftwaffe — ont été les suivants :
- – Werner von Blomberg (1878-1946[b]), Reichswehrminister de 1933 à 1935, Reichskriegsminister[c] de 1935 à 1938 ;
- – Hermann Göring (1893-1946, suicide) (L), commandant en chef de la Luftwaffe, il est promu Reichsmarschall[d] le ;
- [d] – Fedor von Bock (1880-1945[e]), Heeresgruppenführer ;
- – Walther von Brauchitsch (1881-1948[b]), commandant en chef de l'Armée de terre de à ;
- – Wilhelm Keitel (1882-1946, exécuté par les Alliés), chef de l’Oberkommando der Wehrmacht[f] de 1938 à 1945 ;
- – Albert Kesselring (1885-1960) (L), Luftflottenführer[g], Heeresgruppenführer[h] et Oberbefehlshaber Süd[i] ;
- – Günther von Kluge (1882-1944, suicide[j]), Heeresgruppenführer[h] et Oberbefehlshaber West[k] ;
- – Wilhelm von Leeb (1876-1956), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Wilhelm List (1880-1971), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Erhard Milch (1892-1972) (L), inspecteur général pour la Luftwaffe ;
- – Walter von Reichenau (1884-1942[l]), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Gerd von Rundstedt (1875-1953), Heeresgruppenführer[h] et Oberbefehlshaber West[k] ;
- – Hugo Sperrle (1885-1953) (L), Luftflottenführer[g] ;
- – Erwin von Witzleben (1881-1944, exécuté par les nazis[j]), Oberbefehlshaber West[k] jusqu'en 1942 ;
- – Eduard von Böhm-Ermolli (1856-1941[m]), Feldmarschall de l'armée austro-hongroise, promu Generalfeldmarschall du IIIe Reich à titre honorifique ;
- – Erwin Rommel « Le Renard du désert » (1891-1944, poussé au suicide[j]), commandant en chef de l'Afrikakorps et Heeresgruppenführer[h] ;
- – Georg von Küchler (1881-1968), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Erich von Manstein (1887-1973), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Friedrich Paulus (1890-1957[n]), Armeeführer[o] ;
- – Ernst Busch (1885-1945[b]), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Ewald von Kleist (1881-1954[p]), Panzergruppenführer, Heeresgruppenführer[h] ;
- – Maximilian von Weichs (1881-1954), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Wolfram von Richthofen (1895-1945[b]) (L), Luftflottenführer[g] ;
- – Walter Model (1891-1945, suicide), Heeresgruppenführer[h] et Oberbefehlshaber West[k] ;
- – Ferdinand Schörner (1892-1973), Heeresgruppenführer[h] ;
- – Robert von Greim (1892-1945, suicide) (L), Luftflottenführer[g], et en commandant en chef de la Luftwaffe, en remplacement de Göring évincé.
Créé en 1699 par Pierre le Grand sur le modèle austro-allemand, le rang de Generalfeldmarschall (en russe : Генерал-фельдмаршал), le plus élevé des rangs de généraux, fut décerné 54 fois (et 14 fois à titre honorifique à des militaires étrangers) avant son abrogation en 1917.
Liste des Generalfeldmarschall de l’armée impériale russe
[modifier | modifier le code]- — comte Fiodor Alekseïevitch Golovine (1650-1706)
- — Charles Eugène de Croÿ (1651-1702)
- 1701 — comte Boris Petrovitch Cheremetiev (1652-1719)
- — prince Alexandre Danilovitch Menchikov (1673-1729)
- — prince Anikita Ivanovitch Repnine (1668-1726)
- — prince Mikhaïl Mikhaïlovitch Golitsyne (1675-1730)
- — comte Jan Kazimierz Sapieha († 1730)
- 1726 — comte Jacob Bruce (1670-1735)
- — prince Vassili Vladimirovitch Dolgoroukov (1667-1746)
- — prince Ivan Iourievitch Troubetskoï (1667-1750)
- — comte Burckhardt Christoph von Münnich (1683-1767)
- — comte Peter de Lacy (1678-1751)
- — Ludwig Gruno von Hessen-Homburg (1705-1745)
- — prince Nikita Iourievitch Troubetskoï (1700-1767)
- — comte Alexandre Borissovitch Boutourline (1694-1767)
- — comte Alexis Razoumovski (1709-1771)
- — Stepan Fiodorovitch Apraxine (1702-1758)
- — comte Piotr Saltykov (1698-1772)
- — comte Alexandre Chouvalov (1710-1771)
- — comte Pierre Ivanovitch Chouvalov (1711-1762)
- — Pierre-Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Beck (1697-1775)
- — Georges-Louis de Holstein-Gottorp (1719-1763)
- 1762 — comte Alexis Bestoujev-Rioumine (1693-1766)
- 1764 — Kirill Razoumovski (1728-1803)
- — prince Alexandre Mikhaïlovitch Golitzine (1718-1783)
- 1770 — comte Piotr Alexandrovitch Roumiantsev (1725-1796)
- 1773 — comte Zakhar Tchernychev (1722-1784)
- 1784 — prince Grigori Potemkine (1736-1791)
- 1794 — prince Alexandre Souvorov (1729-1800)
- 1796 — prince Nikolaï Saltykov (1736-1816)
- 1796 — prince Nicolas Repnine (1734-1801)
- 1796 — comte Nicolas Repnine (1726-1797)
- — comte Ivan Petrovitch Saltykov (1730-1805)
- — comte Johann-Martin von Elmpt (1725-1802)
- — comte Valentin Platonovitch Moussine-Pouchkine (1735-1804)
- — comte Mikhaïl Kamenski (1738-1809)
- — duc Victor-François de Broglie (1718-1804)
- 1807 — prince Alexandre Prozorovski (1732-1809)
- 1807 — comte Ivan Goudovitch (1741-1820)
- 1812 — prince Mikhaïl Koutouzov (1745-1813)
- 1814 — prince Michel Barclay de Tolly (1761-1818)
- 1826 — prince Pierre Wittgenstein (1768-1843)
- 1826 — prince Fabian Gottlieb von Osten-Sacken (1752-1837)
- 1829 — comte Hans Karl von Diebitsch (1785-1831)
- 1829 — prince Ivan Paskevitch (1782-1856)
- — prince Pierre Mikhaïlovitch Volkonsky (1776-1852)
- — prince Mikhaïl Semionovitch Vorontsov (1782-1856)
- 1859 — prince Alexandre Bariatinsky (1815-1879)
- 1865 — comte Friedrich Wilhelm von Berg (1794-1874)
- — grand-duc Michel Nikolaïevitch de Russie (1832-1909)
- — grand-duc Nicolas Nikolaïevitch de Russie (1831-1891)
- (sur demande de l’armée) — empereur Alexandre II Nikolaïevitch (1818-1881)
- — Iossif Gourko (1828-1901)
- — comte Dmitri Milioutine (1816-1912)
Le grade a également été décerné à titre honorifique à des militaires ne servant pas dans l’armée impériale russe :
- 1762 — Charles-Louis de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Beck (1690-1774)
- — Louis IX de Hesse-Darmstadt (1719-1790)
- 1818 — Arthur Wellesley duc de Wellington (1769-1852)
- 1837 — Jean-Baptiste d'Autriche (1782-1859)
- 1849 — comte Joseph Radetzky (1766-1858)
- 1872 — Albert de Teschen (1817-1895)
- 1872 — Friedrich Wilhelm, Kronprinz de Prusse, par la suite empereur Frédéric III (1831-1888)
- 1872 — Albert de Prusse (1809-1872)
- 1872 — Frédéric-Charles de Prusse (1828-1885)
- 1872 — Charles de Prusse (1801-1883)
- 1872 — Albert de Saxe (1828-1902)
- 1872 — comte Helmuth Karl Bernhard von Moltke (1800-1891)
- — Nicolas Ier de Monténégro (1841-1921)
- — Carol Ier, roi de Roumanie (1839-1914).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Ceux qui allaient être promus Generalfeldmarschall occupaient pour la plupart le plus haut rang de général, en l'occurrence celui de Generaloberst, l'équivalent en France de général d'armée, ou « général cinq étoiles ». Seuls les généraux de l’aviation Kesselring et Sperrle n'avaient pas ce grade : ils étaient General der Flieger, l'équivalent en France de général de corps d'armée ou « général quatre étoiles ».
- Mort des suites d’une maladie, alors qu'il est en détention.
- Ministre de la Guerre et commandant en chef de la Wehrmacht, c.-à-d. des forces armées allemandes.
- Douze officiers généraux sont promus au grade de Generalfeldmarschall ce , après le succès de l’invasion de la France, lors d’une cérémonie à Berlin. À cette occasion Göring, qui a déjà ce titre depuis 1938, est quant à lui promu au grade de Reichsmarschall, grade qu'il a été le seul à détenir dans l'Allemagne nazie.
- Dans les derniers jours du conflit, Bock est tué dans sa voiture au cours d’une attaque aérienne, alors qu'il tente de rejoindre le gouvernement de Flensbourg après avoir quitté Berlin.
- Le plus proche équivalent en français serait « adjoint au commandant en chef des forces armées allemandes », le commandant en chef étant Hitler.
- En français, « chef d’une flotte de l'Armée de l'air ».
- En français, chef d’un groupe d’armées de l'Armée de terre.
- En français, commandant en chef du front du Sud.
- À la suite de l’attentat contre Hitler du .
- En français, commandant en chef du front de l’Ouest.
- Mort des suites d'un accident de santé sur le front de l'Est.
- Mort naturellement à 85 ans.
- Mort en République démocratique allemande après avoir été emprisonné par les Soviétiques.
- En français, chef d’une armée : il est nommé Generalfeldmarschall un jour avant d’être capturé par l’Armée rouge à l'issue de la défaite de Stalingrad.
- Mort en captivité chez les Soviétiques.
Références
[modifier | modifier le code]Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (de) R. Brühl, Wörterbuch zur deutschen Militärgeschichte, Militärverlag der Deutschen Demokratischen Republik, Berlin, 1985.
- (de) Klaus Borchert, Die Generalfeldmarschälle und Großadmiräle der Wehrmacht, Wölfersheim-Berstadt, Podzun-Pallas-Verlag, 1994.
- (de) Jürgen Hahn-Butry (Hrsg.), Preußisch-deutsche Feldmarschälle und Großadmirale, Berlin, Safari, 1937.
- (de) Schematismus für das k.u.k. Heer und für die k.u.k. Kriegsmarine für 1914, Vienne, 1914.
- (de) J.C. Steiner, Schematismus der Generale und Obersten der k.u.k. Armee, Vienne, édition S und H, 1992.
- (de) Kasamas, Österreichische Chronik, Brüder Hollinek, Vienne, 1948.
- (de) Wandruszka-Urbanitsch (dir.), Die Habsburgermonarchie 1848–1918, t. V, Die bewaffnete Macht, Vienne, Verl. der Österr. Akad. der Wiss, 1987.