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Céphalophorie

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Évêque céphalophore, musée des Augustins de Toulouse.

Une céphalophorie, du grec képhalê (tête) et phorein (porter), est un épisode de l'histoire d'un personnage, généralement un saint décapité, où celui-ci se relève et prend sa tête entre les mains avant de se mettre en marche. Le personnage lui-même est appelé « céphalophore ».

Le terme est utilisé pour la première fois par Marcel Hébert dans son article « Les martyrs céphalophores Euchaire, Elophe et Libaire »[1]. Depuis ce mot a été repris par les pays anglo-saxons.

Saints céphalophores

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La céphalophorie est un thème courant de l'hagiographie chrétienne. Le céphalophore est généralement un saint, martyr par décapitation. Dans ce cas, l'auréole de sainteté peut être placée soit sur le cou (à l'emplacement où la tête aurait dû se trouver), soit autour de la tête que le saint tient dans ses mains, soit en un halo double, sur le cou et autour de la tête. Aussi bien les hommes que les femmes peuvent être céphalophores, mais la grande majorité est masculine.

Nombre de ces saints faisaient l'objet d'un culte. Leurs reliques, et en particulier leur chef, étaient réputées guérir les maladies mentales (liées à la « tête ») ou des maux de tête.

Thèmes proches

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L'un de ces thèmes est celui des têtes qui restent vivantes et parlent après la décapitation, mais sans que le corps les déplace. Ainsi saint Nicaise continue de réciter après avoir été décapité. On peut aussi mentionner saint Juste de Beauvais : quand ce garçon se fait décapiter, il se lève et donne sa tête à son père en lui demandant de la remettre à sa mère pour qu'elle puisse l'embrasser. Il est retenu dans les céphalophores parce qu'il continue de prêcher après décapitation. Bien qu'il attende son père avec sa tête entre ses mains, il ne s'est pas réellement déplacé ; c'est son père qui a ramené sa tête à Auxerre.

Autre thème proche, celui de saint Paul l'apôtre, dans La Légende dorée. Pour prouver que le chef trouvé est le sien, son corps le rejoint. Il peut être représenté avec la tête à ses pieds.

En revanche, saint Cuthbert de Lindisfarne, parfois représenté avec deux têtes, une sur son cou et une entre ses mains, n'est pas céphalophore ; il tient la tête de saint Oswald.

Le chemin des saints

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Les céphalophores semblent suivre un schéma pour leurs déplacements[2],[3],[4]. Souvent, ils traversent ou suivent une rivière, un cours d'eau ou un lac. À l'endroit où ils entrent dans l'eau, ou dans une source proche, ils y lavent leur tête.

Une trace de ce passage est laissée dans le paysage ; ils posent parfois leur tête sur une pierre, qui sera marquée de leur sang, ou alors leur pas (ou leur genou) restera gravé dans la pierre... Ensuite, ils gagnent un lieu élevé, comme une colline, où ils trouvent le repos éternel. Souvent, une église, une cathédrale ou une chapelle est bâtie à cet endroit en leur mémoire. Ce schéma est par exemple suivi par saint Denis, saint Wyllow, saint Lucain et saint Gohard de Nantes.

Par pays et régions

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Saint Denis, par Jean Bourdichon[5].
Sainte Haude, église de Kersaint en Landunvez.
  • Saint Theonistus de Mayence[6], compagnon de saint Ours

Grande-Bretagne et Irlande

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Avec son frère saint Himerius (Imerio, Imier) de Bosto, ils se sont lancés à la poursuite de brigands qui avaient attaqué leur oncle, évêque, lors d'un pèlerinage. Ils sont décapités par les brigands. Gemolo ramasse sa tête, monte sur son cheval et rejoint son oncle avant de mourir.

En littérature

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  • Dans la littérature grecque antique, toute une discussion se fait autour de la crédibilité des têtes parlantes que l'on retrouve dans la mythologie grecque. Cette discussion est, entre autres, lancée par Aristote[9] qui chante la tête d'Orphée et de Homère qui semblent encore parler. Cette discussion est reprise dans le De Bello Troiano de Joseph d'Exeter (XIIe siècle) : Hector agite la tête de Patrocle, qui susurre « Ultor ubi Aeacides » (« où est Achille mon vengeur ? »). On ne peut pas encore parler de céphalophorie.
  • Dans la Divine Comédie de Dante, Bertran de Born est décapité au huitième cercle de l'Enfer, mais il tient sa tête par les cheveux. On ne peut donc pas parler de céphalophorie.

Notes et références

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  1. In Revue de l'Université de Bruxelles, volume 19 (1914).
  2. Philippe Gabet, « La céphalophorie », Bulletin de la Société de mythologie française n° 140.
  3. Philippe Gabet, « Recherche sur les saintes "céphalophores" », Bulletin de la Société de mythologie française n° 119.
  4. Philippe Gabet, Mélanges de mythologie française, Paris, Maisonneuve et Larose, 1980.
  5. Horae ad usum parisensem, ca.1480, BnF.
  6. Aussi Theonist, Teonesto, Thaumastus, Thaumastos, Theonestus, Thonistus, Onistus, Teonisto, Tonisto ; fêté le 23 ou le .
  7. Fêté le .
  8. Aussi Emidius, Æmedius, Emigdius, Hemigidius ; fêté le ou le .
  9. De partibus animalium 3.10.

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Bibliographie

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  • Henri Moretus Plantin, Les Passions de saint Lucien et leurs dérivés céphalophoriques, Namur, secrétariat des publications des facultés universitaires / Louvain, éditions Nauwelaerts / Paris, J. Vrin, 1953.
  • Henri Fromage, « Légende et paysage », dans le colloque franco-espagnol La Légende, anthropologie, histoire, littérature, Madrid, Casa de Velázquez, 1989.

Lien externe

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