peur
Étymologie
modifier- (IXe siècle) Du latin pavor (« effroi, épouvante, crainte ») via son accusatif pavorem. Il est passé par les formes intermédiaires pavor, pour, peur. (881) pavor.
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
peur | peurs |
\pœʁ\ |
peur \pœʁ\ féminin
- Crainte, frayeur, émotion pénible produite par l’idée ou la vue d’un danger.
Aucun être humain ne peut supporter une terreur continuelle : la peur se retire finalement au second plan de l’esprit ; on l’accepte, on la met en place et on n’en veut plus entendre parler.
— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 261 de l’édition de 1921)À peine, dans une halte où se terminait la mission des meneurs de chevaux, je pus remarquer que les gradés qui faisaient le tri des hommes et des chevaux avaient grand’peur des lieux où ils nous envoyaient. Cette peur que l’on a de loin, et que j’ai éprouvée quelquefois dans la suite, diffère beaucoup de la vraie peur, mais elle n’est pas moins pénible.
— (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 14)Bientôt tes appels ne seront plus que rauquements de plus en plus sourds, beuglements de désespoir si fatigués qu’ils ne dépasseront plus ta gorge, étranglée de terreur par la furieuse certitude, la peur atroce et annihilante, la frayeur immonde de périr en Fagne.
— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)Chez les possédants, l’agitation sociale réveille une vieille hantise particulièrement vivace chez les bourgeois français : la peur de l’ouvrier.
— (Jacques Delpierrié de Bayac, Histoire du Front populaire, Fayard, 1972, page 13)Haï, Épicure le fut et le sera parce qu’il est un des héros de l’humanité. […]. Et si, à sa suite, l’ensemble de l’épicurisme fut maudit, et calomnié comme libertinage dévergondé, c’est parce qu’il guérit de la peur dont tout pouvoir, religieux ou politique, a besoin !
— (Robert Redeker, Les épicuriens, professeurs de liberté, dans Marianne du 5 au 11 février 2011, pages 72-73)Elle est aujourd'hui considérée comme une émotion négative dont il faut se libérer. Elle, c'est la peur.
— (Jean-Guilhem Xerri, La vie profonde, éditions du Cerf, Paris, 2021, page 69)Si Paris et Marseille se classent parmi les villes d’Europe dont les routes sont considérées comme étant les moins sûres, c’est notamment à cause du faible sentiment de sécurité qui y règne. Ainsi, 39 % des Parisiens et 51 % des Marseillais sondés admettent avoir peur de circuler au sein de leur ville de résidence.
— (Clotilde Gaillard, Sécurité routière : Paris et Marseille sont-elles vraiment les pires villes d’Europe ?, L'automobile l'entreprise, 25 septembre 2024)
- Crainte faible ; appréhension.
J'attends votre première lettre avec une impatience qu'elle ne remplira peut-être point; j'ai bien peur de l'attendre encore après l'avoir reçue.
— (Madame du Châtelet, « Lettres inédites au Maréchal de Richelieu et à Saint-Lambert », dans la Revue des deux Mondes, tome 3, Bruxelles, 1845, page 589)– Ce qui est certain, c'est que cette image est restée liée à ce livre et qu'est resté intact le sentiment qu’elle me donnait d'une appréhension, d'une peur qui n'était pas de la peur pour de bon, mais juste une peur drôle, pour s'amuser.
— (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 48)Ah ! oui. J'ai bien peur que ce soit un cas de mariage en hâte dont ils se repentiront après. Ça fait juste trois ans qu'ils se connaissent. J'ai bien peur que Peter découvre que les beaux plumages font pas toujours de bons oiseaux. Fanny est très paresseuse, j'en ai peur.
— (Lucy Maud Montgomery, Anne au Domaine des peupliers, traduit de l'anglais par Hélène Rioux, Québec Amérique, 2005, page 212)
Synonymes
modifier- affolement
- angoisse
- anxiété
- appréhension
- chienne (Québec)
- crainte
- effroi
- épouvante
- foies dans l’expression avoir les foies (Familier)
- frayeur
- frousse (Familier)
- horreur
- inquiétude
- jetons dans l’expression avoir ou ficher les jetons (Familier)
- panique
- pétoche (Familier)
- pleutrerie
- souleur
- terreur
- trac
- trémeur
- trouille (Familier)
Quasi-synonymes
modifierAntonymes
modifierDérivés
modifier- à faire peur
- avoir la peur au ventre
- avoir peur
- avoir peur de son ombre
- avoir peur du garri-babou
- blanc de peur
- de peur de
- de peur que
- être blanc de peur
- faire peur
- grand-peur, grand’peur
- maigre à faire peur
- mourir de peur
- peur bleue
- peur de gagner (Sport)
- peur de la hauteur
- peur du gendarme
- peur du lendemain
- peur rousse
- peureusement
- peureux
- sans peur et sans reproche
- vert de peur
Vocabulaire apparenté par le sens
modifier- Le thésaurus peur en français
Proverbes et phrases toutes faites
modifier- cet habit fait peur aux larrons, il montre la corde
- la peur grossit les objets
- on ne guérit pas de la peur
- la peur donne des ailes
- la peur n’évite pas le danger
Traductions
modifierCrainte, frayeur, émotion pénible produite par l’idée ou la vue d’un danger
- Allemand : Angst (de), Furcht (de) féminin, Schreck (de)
- Anglais : fear (en)
- Arabe : خوف (ar), خَوْف (ar) khawf
- Bachkir : ҡурҡыу (*)
- Basque : izu (eu), beldur (eu), ikara (eu), larderia (eu)
- Breton : aon (br) masculin
- Catalan : por (ca)
- Chleuh : ⵜⴰⵡⴷⴰ (*), ⵜⵉⴽⵚⵚⴰⴹ (*)
- Cornique : own (kw)
- Espagnol : miedo (es)
- Espéranto : timo (eo)
- Gagaouze : korku (*)
- Galicien : medo (gl)
- Gallois : ofn (cy)
- Gaulois : obnos (*)
- Gotique : 𐌰𐌲𐌹𐍃 (*) aǥis
- Grec : φόβος (el) fóvos
- Griko : fo (*), fòo (*)
- Hébreu ancien : יִרְאָה (*), מורָא (*), פַּחַד (*)
- Hmong blanc : ntshai (*)
- Iakoute : куттаныы (*), куттал (*)
- Ido : pavoro (io)
- Italien : paura (it) féminin
- Japonais : 恐怖 (ja), 不安 (ja)
- Karatchaï-balkar : къоркуу (*), къоркъунч (*)
- Kazakh : қорқыныш (kk) qorqınış, үрей (kk) ürey
- Khakasse : хорғыс (*)
- Kinyarwanda : oba (rw) (ubwoba)
- Kirghiz : коркуу (ky), коркунуч (ky)
- Kotava : vuda (*)
- Koumyk : къоркъув (*), къоркъунч (*)
- Latin : pavor (la) féminin
- Lepcha : ᰣᰦᰛᰩᰮ (*)
- Lituanien : baimė (lt)
- Malgache : fatahorana (mg)
- Métchif : peur (*)
- Néerlandais : angst (nl)
- Normand : peux (*), poûr (*) féminin, creinte (*) féminin, trémeur (*)
- Occitan : paur (oc), tremor (oc), petega (oc), gèrda (oc)
- Palenquero : miero (*)
- Persan : ترس (fa)
- Polonais : strach (pl) masculin
- Portugais : medo (pt)
- Roumain : frică (ro) féminin
- Russe : страх (ru) masculin
- Same du Nord : ballu (*)
- Sawai : n-ε-m-tat (*)
- Shimaoré : faza (*)
- Shingazidja : uhara (*), harara (*), ushangavu (*), hofu (*)
- Suédois : rädsla (sv), fruktan (sv), skrämsel (sv)
- Tatar de Crimée : qorqu (*)
- Tchèque : strach (cs)
- Tchouvache : хăрав (*), шик (*), хăрани (*), шикленни (*)
- Turc : korku (tr), ürküntü (tr)
- Turkmène : gorky (tk), wehim (tk)
- Wallon : paw (wa), peu (wa), sogne (wa)
Prononciation
modifier- \pœʁ\
- France : écouter « peur [pœʁ] »
- (Canada) \paœ̯ʁ\, \pœːʁ\
- Suisse (canton du Valais) : écouter « peur [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « peur [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « peur [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « peur [Prononciation ?] »
- Strasbourg (France) : écouter « peur [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifierRéférences
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (peur), mais l’article a pu être modifié depuis.
- « peur », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
Étymologie
modifier- (Nom) À comparer avec les mots pawr en gallois, peur en cornique (sens identique).
- (Adverbe interrogatif) De pe (« quel ») et eur (« heure »).
Nom commun
modifierpeur \ˈpøːʁ\ masculin (pluriel peurioù)
- Pâture.
En eun nebeut nozveziou, an avel yen hag ar skorn, n'int ket bet pell evit peurflastra an deliou, ar glazvez hag ar peuriou chomet ken seder betek-hen.
— (L.B., Ar goanv, in Feiz ha Breiz, 70e année, no 1, 17 janvier 1934, page 11)- En quelques nuits, le vent froid et la glace ne sont pas longs à laminer les feuilles, la verdure et les pâturages qui étaient restés si frais jusque là.
Doareoù da labourat an douar (lod anezho a vez implijet cʼhoazh evel ar marradeg, al labour-douar war suilhadegoù, ar falcʼhat, temzat ar peurioù) koulz hag an digoadañ o deus krignet an douar ha tamm-ha-tamm an douaroù a zo deuet da vezañ treutocʼh-treutañ.
— (Lanneier an Argoad, site du Parc Naturel Régional d’Armorique →lien)- Les façons de travailler la terre (certaines d’entre elles sont encore utilisées comme l’écobuage, l’agriculture sur brûlis, le fauchage, le fumage des pâturages) ainsi que la déforestation ont rongé la terre et les terres se sont appauvries.
Synonymes
modifierAdverbe interrogatif
modifierpeur \ˈpøːr\
- Quand.
« Ha peur ez aio da vamm da vouzañ e ti da vamm-gozh ? » a cʼhoulenne Jani.
— (F. R. A., Mercʼhed Brest, in Gwalarn, no 152-153, septembre-octobre 1942, page 449)- « Et quand ta mère ira-t-elle bouder chez ta grand-mère ? » demandait Jani.
Ne ouzon ket nag e pelecʼh, na peur, na penaos eo marvet Biel an Doenn.
— (Lan Inizan, Emgann Kergidu 2, Éditions Al Liamm, 1977, page 143)- Je ne sais ni où, ni quand, ni comment est mort Biel an Doenn.
Synonymes
modifierAnagrammes
modifierÉtymologie
modifier- Voir le mot breton.
Nom commun
modifierpeur \ˈpøːʁ\ masculin