ivresse
Étymologie
modifierNom commun
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
ivresse | ivresses |
\i.vʁɛs\ |
ivresse \i.vʁɛs\ féminin
- État d’une personne ivre.
L’ivresse qui dure longtemps chez les Sauvages, et qui est pour eux une espèce de maladie, les empêcha sans doute de nous poursuivre durant les premières journées.
— (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)C’était une ivresse de respirer, de humer ces rayons solaires que le printemps rendait si vivifiants !
— (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)À l’origine on ne vit dans les boissons fermentées qu’un moyen de se mettre en état d’ivresse. C’est l’étonnement provoqué sur des âmes simples par les propriétés exhilarantes de ces breuvages qui fit décerner à leurs inventeurs les honneurs divins. Tous les hommes ont le goût des excitants propres à leur procurer, avec l’oubli momentané de leurs maux, les jouissances d’une vie que l’imagination arrange quelques instants à son gré. L’ivresse, cette poésie des fonctions digestives, est même, selon une remarque de Ernest Renan, la seule forme sous laquelle les hommes sans culture puissent concevoir l’idéal.
— (Louis Bourdeau, Histoire de l’alimentation, chap. V : Boissons distillées, collection Études d’histoire générale, Félix Alcan, Éditeur, Paris, 1894)Jamais il n’avait éprouvé une ivresse de volupté aussi aiguë et il eût voulu prolonger indéfiniment cette délicieuse torture.
— (Isabelle Eberhardt, Le Major, 1903)Comme si l’ivresse eût délié sa langue, l’ivresse qui met dans la bouche des hommes un balbutiement pareil à la voix des bêtes, lui, dès qu’il était saoul, devenait d’une loquacité terrible.
— (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907)
- (En particulier) (Plus courant) État d’une personne enivrée par l’abus d’alcool.
- […] car, dans le naufrage de l’ivresse, on peut observer que l’amour-propre est le seul sentiment qui surnage. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
L’ivresse se lisait dans ses yeux, une ivresse crâne et satisfaite qui lui arrachait quelquefois de gros rires.
— (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)Les éléphants roses n'existent pas, l’ivresse n'abrite que les noirs serpents de la douleur et de la déchéance. On boit pour une seule raison : pas pour oublier que l'on boit, comme ce personnage du Petit Prince, mais pour oublier tout le reste et échapper à la dépression.
— (Serge Reggiani, Dernier courrier avant la nuit, Éditions de l'Archipel, 1995, réed. revue & augmentée, 2003)Fréquent et insupportable à l’urgence, un agité, saoul, méchant et sale, hurle des grossièretés […] Les gendarmes refusent de s’en occuper. L’ivresse qui est une infraction sur la voie publique devient une maladie à l’hôpital.
— (Claude Chopin, L’Hôpital : allô quoi ?, Éditions Edilivre, 2017, page 109)
- (Sens figuré) Enthousiasme ; exaltation qui monte à la tête.
Je dois rendre à la nature l’ivresse que tu as mise en moi.
— (Marguerite Burnat-Provins, Le Livre pour toi dans la bibliothèque Wikisource , XXI. « Il y a ce matin dans ma poitrine », E. Sansot et Cie, 1907, page 46)Des années de frénésie et de farouche indépendance, dans l’ivresse de ses neuves et intactes illusions.
— (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 25)- […] Le Kalevala est un véritable éblouissement, auquel cette traduction de Gabriel Rebourcet rend sa faconde et son ivresse furibarde. — (André Clavel, « L’Iliade boréale », dans L'Express, no 3081, 21 juillet 2010)
Dérivés
modifierVocabulaire apparenté par le sens
modifier- ivresse figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : alcoolisme.
Proverbes et phrases toutes faites
modifierTraductions
modifierÉtat d’une personne ivre. (1)
- Allemand : Trunkenheit (de) féminin, Rausch (de) masculin, Trunk (de) masculin
- Anglais : drunkenness (en), inebriety (en)
- Basque : mozkor (eu)
- Finnois : humala (fi)
- Italien : ebbrezza (it), ubriachezza (it) féminin
- Kotava : grijuca (*), izakuca (*)
- Norvégien : beruselse (no)
- Occitan : embriagariá (oc), embriaguesa (oc), embriagadissa (oc), cigala (oc)
- Same du Nord : jugešvuohta (*)
- Shingazidja : ulevi (*)
- Sicilien : ’mbriacatòria (scn) féminin, ’mbriacatura (scn) féminin
- Solrésol : m'isila (*)
- Tsolyáni : portsókh (*)
Traductions à trier
modifier- Afrikaans : beskonkenheid (af)
- Bulgare : пиянство (bg) pijanstvo
- Espagnol : ebriedad (es), embriaguez (es)
- Espéranto : ebrieco (eo)
- Frison : dronkenskip (fy)
- Grec : μέθη (el) méthi féminin
- Ido : ebrieso (io)
- Néerlandais : beschonkenheid (nl), dronkenschap (nl), zatheid (nl), roes (nl), zwijmel (nl)
- Papiamento : buracheria (*)
- Portugais : bebedeira (pt), ebriedade (pt), embriaguez (pt)
- Sranan : drungu (*)
- Suédois : rus (sv), rusning (sv)
Prononciation
modifier- La prononciation \i.vʁɛs\ rime avec les mots qui finissent en \ɛs\.
- France : écouter « ivresse [i.vʁɛs] »
- Suisse (canton du Valais) : écouter « ivresse [i.vʁɛs] »
- Suisse (Lausanne) : écouter « ivresse [Prononciation ?] »
- Cornimont (France) : écouter « ivresse [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifierRéférences
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (ivresse), mais l’article a pu être modifié depuis.
- « ivresse », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage