Étymologie

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Des jésuites ont nommé ainsi le Yangtsé, par opposition au fleuve Jaune. Il n’y a pas de mot équivalent en chinois.
John Francis Davis a écrit en 1836 :
Le Yang-tsé-kiang, […] a été nommé par quelques personnes le fleuve Bleu ; mais aucune désignation de ce genre ne lui est appliquée en chinois. — (John Francis Davis, La Chine, ou Description générale des moeurs et des coutumes, du gouvernement, des lois, des religions, des sciences, de la littérature, des productions naturelles, des arts, des manufactures et du commerce de l’Empire chinois, 1836, traduit par Auguste Pichard, vol. 1-2, 1837, page 131)
Léon Mechnikoff a écrit en 1889 :
Hoang-ho signifie litéralement « fleuve Jaune », et ce nom s’applique très bien à ses eaux, chargées de ce löss, de cette « terre jaune », étudiée par M. de Richthofen. Mais l’épithète de « fleuve Bleu » n’est donnée au Yangtse-kiang que par égard à certaines notions fondamentales de la cosmogonie et de la philosophie naturelle des Chinois. Yang, le principe mâle, actif, éthéré, lumineux, est un équivalent ou une attribution du ciel (tian) ; Yin, le principe femelle, est passif, opaque, et, par excellence, terrestre. Le Hoang-ho est le fleuve de la Terre (ti) ; le Yangtse, la progéniture du principe mâle, est de la nature du ciel. Or, d’après le rituel officiel que l’on prétend déjà fixé à l’époque de la dynastie des Tcheou (le Tcheou li), tout ce qui se rapporte au culte de la Terre est marqué de la couleur jaune ; le bleu est symbolique du ciel. Les premiers mots que les enfants chinois apprennent à lire dans le fameux Livre des Mille Caractères sont : « Le bleu est la couleur du ciel, le jaune est la couleur de la terre. » La première de ces propositions serait admise dans toutes les parties du monde, là même où le ciel est le plus souvent gris. Mais cette intime connexion du jaune et du terrestre dans l’ancienne cosmogonie chinoise, nous semble la preuve éclatante que, dans le bassin du Hoang-ho moyen, les immenses étendues du löss ont été le vrai berceau de l’histoire et de la civilisation chinoise. Le yang du Yangtse-kiang n’est pas ou n’est plus figuré dans l’écriture chinoise par le signe du principe mâle, mais par un homophone. La traduction de ce nom par « progéniture du principe mâle » pourrait donc être contestée, car la valeur des mots chinois est fixée bien plus par le signe de l’écriture que par le son ; mais il est certain, que, dans leurs idées cosmogoniques, le fleuve Bleu est un fleuve céleste, yang, tandis que le fleuve Jaune est un fleuve terrestre, yin. — (Léon Mechnikoff, La Civilisation et les grands fleuves historiques, Chapitre XI, pp. 343-344, 1889)
Comme l’a écrit Mechnikoff, on trouve l’association du ciel au bleu et celle de la terre au jaune dans les rites de Zhou (le Tcheou li) :
  • 以蒼璧禮天,以黃琮禮地,以青圭禮東方,以赤璋禮南方,以白琥禮西方,以玄璜禮北方。 — (Les rites de Zhou, Chapitre III)
  • 東方謂之青,南方謂之赤,西方謂之白,北方謂之黑,天謂之玄,地謂之黃。青與白相次也,赤與黑相次也,玄與黃相次也。 — (Les rites de Zhou, Chapitre VI)
mais plutôt comme le haut et le bas séparément des quatre points cardinaux. Dans la tradition chinoise, la couleur du sud est le rouge, non pas le bleu.
On trouve les mêmes associations dans les Mille Caractères :
C’est vrai, dans la philosophie traditionnelle chinoise, que le yang et le yin sont associés au ciel et à la terre et donc finalement au bleu et au jaune respectivement, mais les associations du fleuve Yangtsé au yang et du fleuve Jaune au yin ne sont pas attestées.

Nom propre

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fleuve Bleu \flœv blø\ masculin singulier

  1. Yangtsé (fleuve chinois).
    • L’invention de l’agriculture en Chine a eu lieu dans le bassin du fleuve Bleu, dans le Sud, avec le début de la domestication du riz vers 8000 AEC. — (Emmanuel Todd, L’origine des systèmes familiaux, tome I : l’Eurasie, 2011, page 109, ISBN 978-2-07-075842-5)

Synonymes

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Vocabulaire apparenté par le sens

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Traductions

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→ voir Yangtsé