José Andrade
José Leandro Andrade (né le à Salto et mort le à Montevideo[note 1]) est un footballeur uruguayen évoluant au poste de demi-droit durant l'entre-deux-guerres et considéré comme le premier grand joueur noir dans l'histoire du football.
José Andrade | ||
José Leandro Andrade en équipe nationale (1926). | ||
Biographie | ||
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Nom | José Leandro Andrade | |
Nationalité | Uruguayen | |
Naissance | Salto (Uruguay) |
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Décès | (à 55 ans) Montevideo (Uruguay) |
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Taille | 1,79 m (5′ 10″) | |
Période pro. | 1923–1937 | |
Poste | Demi-droit | |
Parcours professionnel1 | ||
Années | Club | M. (B.) |
1921 | Peñarol | |
1921–1923 | Miramar Misiones | |
1923 | Reformers | |
1923–1925 | Bella Vista | 71 (7) |
1925–1930 | Nacional | 105 (4) |
1931–1932 | Peñarol | 88 (3) |
1933 | Wanderers | 17 (0) |
Sélections en équipe nationale2 | ||
Années | Équipe | M. (B.) |
1923–1930 | Uruguay | 34 (1) |
1 Compétitions officielles nationales et internationales senior, incluant le parcours amateur et en équipe réserve. 2 Matchs officiels. |
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Sa façon raffinée de manier le ballon séduit le public parisien au cours des Jeux olympiques de 1924, au point qu'il le surnomme « la Merveille noire »[note 2]. Double champion olympique à Paris en 1924 puis à Amsterdam en 1928, Andrade remporte la première édition de la Coupe du monde sur ses terres. Son habileté balle au pied fait de lui l'un des principaux artisans de ces trois titres internationaux, tandis que son élégance naturelle captive Colette et Joséphine Baker.
Doté d'une conduite de balle phénoménale, il est surtout connu comme le premier joueur noir champion du monde de football, avec la Celeste. Adulé des foules au faîte de sa gloire, puis musicien de cabarets au piano-bar malgré une cécité débutante, il meurt à 55 ans dans le dénuement le plus complet.
Biographie
modifierJeunesse
modifierJosé Leandro Andrade naît à Salto en 1901 d'une mère argentine. José Ignacio Andrade, qui est supposé être son père biologique, n'est inscrit sur l'acte de naissance qu'en qualité de témoin. Le doyen de la famille Andrade, âgé de 98 ans au moment de la naissance de José, est un expert en magie africaine et esclave d'origine africaine échappé du Brésil[1].
Né au milieu de descendants d'esclaves noirs de Salto, dans la région pauvre du nord-ouest de l'Uruguay, José Leandro Andrade s'installe à l'adolescence chez sa tante dans le barrio de Palermo (en) de la capitale Montevideo, où il travaille comme musicien de rue, cireur de chaussures et vendeur de journaux[2],[3].
Avant l'introduction du football professionnel en Uruguay, Andrade gagne sa vie comme musicien de carnaval, jouant de la batterie, du violon et du tambourin[4],[3],[5], puis conduisant la fanfare pour le carnaval comparsa Libertadores de Africa[6].
Carrière en club
modifierAndrade commence le football au club de Misiones basé à Montevideo. Au début des années 1920, Andrade signe à Bella Vista, où il joue 71 matches et marque sept buts. Il connaît parallèlement ses premières convocations en équipe nationale[2],[7].
Andrade est ensuite recruté par le Nacional avec qui il remporte quatre championnats uruguayens et trois coupes nationales[8]. Il dispute 105 rencontres et inscrit quatre buts sous le maillot du Nacional[9].
En 1930, Andrade est transféré à Peñarol où il joue 1 match au cours des années suivantes.
Au milieu des années 1930, Andrade joue pour un certain nombre d'équipes en Argentine, dont Atlanta. Il signe également un bref passage aux Wanderers.
Carrière internationale
modifierJosé Leandro Andrade est appelé pour la première fois en équipe d'Uruguay le [10], pour un match nul et vierge avec l'Argentine. La même année, il remporte le championnat d'Amérique du Sud, son premier titre avec la Celeste[11].
En 1924, Andrade débarque en Europe avec ses coéquipiers pour participer aux Jeux olympiques de Paris. Andrade, premier joueur noir à participer au tournoi olympique de football[12], s'impose comme la révélation aux yeux du public parisien qui le surnomme « la Merveille noire » voire « la Perle noire », un surnom affublé à Pelé quarante ans plus tard[13],[14]. Dès le premier match, les Uruguayens offrent un récital face à l'une des meilleures équipes en Europe à cette époque, la Yougoslavie, écrasée sept buts à zéro[15]. Le , les Sud-Américains disposent des États-Unis par trois buts à zéro, puis battent trois jours plus tard l'équipe de France au stade olympique de Colombes sur le score de cinq buts à un, après un match à deux visages. En effet, ravis de leur accueil à Argenteuil et désireux de ne pas humilier leurs hôtes, les Uruguayens se contentent d'un but d'avance à la mi-temps, Paul Nicolas ayant répondu au but d'Héctor Scarone avant que ce dernier ne réalise le doublé. Mais en deuxième mi-temps, le public parisien siffle Andrade à la suite d'une faute. La « Merveille noire » s'énerve et offre trois passes décisives à Pedro Petrone (doublé) et Ángel Romano, dont l'une d'elles après avoir dribblé sept adversaires depuis son propre camp[16]. Seuls les Pays-Bas parviennent à accrocher la Celeste en demi-finale[17] avant de céder sur un penalty contesté[14]. En finale, les Uruguayens viennent aisément à bout des Suisses par trois buts à zéro, signés Petrone, Cea et Romano[18]. Après cette victoire, Andrade reste pendant plusieurs mois à Paris, où il apprécie les « années folles ». Il parcourt en chantant et en dansant les boîtes de nuit, bars et cafés le long de la Seine. Lui qui a dormi sur un sol en terre battue et passé peu de temps à l'école, il fréquente Colette et Joséphine Baker, elle aussi surnommée « la Perle noire » par la presse française[13].
En réaction à la victoire olympique de 1924, l'équipe uruguayenne est conviée trois mois plus tard à une série de deux matchs par l'Argentine. Au cours du deuxième match à l'Estadio Sportivo Barracas (en) de Buenos Aires, Andrade est la cible de jets de pierres par la foule argentine, à laquelle Andrade et ses coéquipiers répondent en renvoyant les pierres. Dans la rixe, un membre de la Celeste est arrêté et les Uruguayens refusent de terminer le match[3]. Quelques semaines plus tard, l'équipe d'Uruguay remporte le championnat d'Amérique du Sud, mais Andrade ne joue pas[19]. En 1926, l'Uruguay signe une nouvelle victoire dans le championnat sud-américain[20]. Cette fois-ci, Andrade tient un rôle prépondérant et est élu meilleur joueur du tournoi[21].
En 1928, Andrade remporte sa deuxième médaille d'or olympique aux Jeux olympiques d'Amsterdam après deux finales spectaculaires contre le voisin argentin[22]. Initialement, Andrade refuse un nouveau périple à travers l'océan Atlantique, Eduardo Martínez est donc retenu à sa place. Cependant, juste avant que le navire ne largue les amarres, Andrade change d'avis et se rend aux Pays-Bas. Martínez fait quand même le voyage, mais ne figure pas dans la liste officielle du tournoi et est baptisé El Olímpico 23 en français : « le 23e olympien »[23]. En demi-finale contre l'Italie, Andrade entre en collision avec un poteau de but et se blesse grièvement à l'œil. Après sa carrière, la blessure s'aggrave au point qu'il devient aveugle de cet œil.
Les succès olympiques aident la candidature de l'Uruguay pour l'organisation de la première Coupe du monde. Bien que vieillissant, Andrade parvient à mener ses jeunes coéquipiers au titre mondial, vainquant une nouvelle fois l'Argentine en finale, par quatre buts à deux[24]. Ainsi, alors que le score est de deux buts partout, Andrade se jette pour contrer d'un tacle le tir d'un attaquant argentin en pleine surface de réparation et parvient à écarter le danger. Le gardien de but uruguayen Ballestero le félicite chaleureusement après ce sauvetage. À la fin du tournoi, Andrade est sélectionné dans l'équipe-type[7],[25],[26]. En 1994, il est classé dixième par le magazine France Football dans une liste des « 100 Héros de la Coupe du monde », loin devant son capitaine José Nasazzi[27].
Une plaque est érigée au stade Centenario en son honneur[28].
Son neveu, Víctor Pablo Rodríguez Andrade, champion d'Uruguay en 1953 et en 1954 avec Peñarol, est champion du monde avec l'Uruguay en 1950, vainqueur du championnat sud-américain en 1956, et joue la petite finale de la Coupe du monde en 1954.
Clubs successifs
modifier- Peñarol (3e équipe) : 1921
- Miramar Misiones FC : 1921 à 1923
- Reformers : 1923
- Bella Vista : 1923 à 1925
- Nacional : 1925 à 1930 (105 matchs - 4 buts)
- Peñarol : 1931 à 1932
- Montevideo Wanderers FC : 1933
- Club Atlético Atlanta : 1934 à 1935 (alors défenseur)
- Club Atlético Talleres puis Lanús (Arg) : 1935-36 (épisodique - 3 parties)
- Montevideo Wanderers FC : 1937 (épisodique)
Palmarès
modifier- Nommé Meilleur joueur d'Amérique du Sud à trois reprises
- Une Coupe olympique lui a été personnellement décernée par le CIO, après les victoires uruguayennes de 1924 et 1928
Sélection nationale
modifier- 43 sélections nationales (34 officielles[10]), de 1923 à 1930 (1 but[note 3])
- Champion du monde 1930
- Champion olympique 1924 (meilleur joueur du tournoi) et 1928
- Champion d'Amérique du Sud 1923, 1924 et 1926
- Coupe Lipton (face à l'Argentine) : 1923, 1924, 1927 et 1929
- Coupe Newton (face à l'Argentine) : 1929 et 1930
- Vice-champion d'Amérique du Sud en 1927
Clubs
modifier- Champion d'Uruguay 1932 (Peñarol)
- Tournée européenne du Nacional de 1925 (153 jours, à travers 9 États)
- Tournée nord et centre américaine du Nacional de 1927
Notes et références
modifierNotes
modifier- José Leandro Andrade est mort dans l'asile Piñeyro del Campo.
- Au cours de sa carrière, Andrade est aussi surnommé « Le footballeur au pied d'or », « Le plus Grand des grands Uruguayens », ou « La tijera ».
- But marqué contre le Pérou au Championnat sud-américain de football de 1929.
Références
modifier- Hans Ulrich Gumbrecht, In praise of athletic beauty, Harvard University Press, , 263 p. (ISBN 0-674-02172-X, lire en ligne), p. 249–251
- (es) Miguel Abalos, « José Leandro Andrade », espaciolatino.com (consulté le )
- David Goldblatt, The Ball is Round : A Global History of Football, Viking, , 977 p. (ISBN 0-670-91480-0), p. 244–247
- (en) Tim Vickery, « Music meets football in South America », BBC Online, (consulté le )
- Edward Galeano, El fútbol a sol y sombra, Siglo XXI, , 271 p. (ISBN 968-23-1971-4), p. 51–54
- (en) George Reid Andrews, « Rhythm Nation », ReVista - Harvard Review of Latin America, David Rockefeller Center for Latin American Studies,
- (en) « JOSÉ ANDRADE », World Football Legends (consulté le )
- (pt) Guilherme Pannain, « Andrade, a "Maravilha Negra" », Trivela.com, (consulté le )
- (es) « Ídolos - José Leandro Andrade (La maravilla negra) », Club Nacional de Football (consulté le )
- (en) « Uruguay - Record International Players », RSSSF (consulté le )
- (en) « Southamerican Championship 1923 », RSSSF (consulté le )
- John E. Findling et Kimberly D. Pelle, Encyclopedia of the modern Olympic movement, Greenwood Publishing Group, , 602 p. (ISBN 0-313-32278-3, lire en ligne), p. 84
- (en) « Before Pelé there was Andrade », The Guardian, (consulté le )
- « Paris, 1924 », FIFA (consulté le )
- « Yougoslavie - Uruguay », FIFA (consulté le )
- Jean-Michel Cazal, Pierre Cazal et Michel Oreggia, L'intégrale de l'équipe de France de football, 1904-1998, Paris, First Éditions, , 517 p. (ISBN 2-87691-437-9)
- « Pays-Bas - Uruguay », FIFA (consulté le )
- « Suisse - Uruguay », FIFA (consulté le )
- (en) « Southamerican Championship 1924 », RSSSF (consulté le )
- (en) « Southamerican Championship 1926 », RSSSF (consulté le )
- (en) « Copa América Best Players », RSSSF (consulté le )
- « Uruguay - Argentine », FIFA (consulté le )
- (en) « OLYMPIC GAMES 1928 », RSSSF (consulté le )
- (en) « World Cup 1930 », RSSSF (consulté le )
- (en) « Fiche de José Andrade », sur fifa.com
- (en) Profil olympique de José Andrade sur sports-reference.com (archivé)
- (en) « France Football's World Cup Top-100 1930–1990 », RSSSF (consulté le )
- Bill Murray et William J. Murray, The World's Game : A History of Soccer, University of Illinois Press, , 218 p. (ISBN 0-252-06718-5, lire en ligne)
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Jorge Chagas (de) - Gloria y tormento: la novela de José Leandro Andrade, éd. La Gotera, 2003 (Montevideo)
Liens externes
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- Ressources relatives au sport :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :