André Obrecht
André Obrecht, né le à Paris (16e arrondissement)[1] et mort le à Nice, est un bourreau français.
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André Albert Obrecht |
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Exécuteur en chef, entre 1951 et 1976, il est l'avant-dernier bourreau en poste en France (Marcel Chevalier lui succède).
Jeunesse
modifierSa mère, Juliette Rogis, meurt de tuberculose alors qu'il n'est âgé que de cinq mois et il est d'abord élevé par les Durieux, des voisins. Rosalie, la sœur de sa mère, et son époux Anatole Deibler prennent très vite le garçon en affection. À cela une raison : le couple a perdu un fils sensiblement du même âge que le jeune André[2].
Ce dernier, choyé, devient l'aîné d'une fratrie de cinq enfants. En effet, trois garçons et une fille naissent du remariage de son père Jean-Baptiste avec Louise, la fille des Durieux[2].
À l'âge de dix ans, André prend conscience du métier de son oncle Anatole, qu'on n'évoquait qu'à demi-mot chez lui, grâce à la série de cartes postales tirées de l'exécution des « chauffeurs de la Drôme », à Valence en . Ces images marqueront ses nuits d'enfant.
À quatorze ans, il obtient son certificat d'études primaires et entend bien continuer l'école, mais les ressources familiales sont maigres et son père l'oblige à trouver du travail. Il devient alors ouvrier mécanicien.
Séducteur né, il multiplie les conquêtes (selon ses mémoires). C'est durant son service militaire à Strasbourg qu'il s'éprend d'une jeune Alsacienne dont il refuse de donner le nom et avec qui il a une fille, Gilaine, qu'il reconnaît plus tard.
Le , il assiste à l'exécution à Strasbourg des tueurs de la Poste, François Frintz et Albert Luntz, guillotinés par son oncle. C'est ce qui le conduit à décider de devenir à son tour adjoint, dès qu'il sera démobilisé.
Cinq mois plus tard, alors qu'il est en permission, il assiste, le , à une nouvelle exécution avant son intégration au sein des exécuteurs, celle de Landru.
Carrière de bourreau
modifierUn mois après avoir quitté l'armée, il est institué adjoint de deuxième classe, et est employé à la tâche pour la première fois le , à Paris, pour l'exécution de deux malfaiteurs du même âge que lui, Émile Lœuillette et Louis Cadet. Ses gestes sont précis, il sait obéir et diriger quand il le faut. Son oncle fait appel à lui à chacune des exécutions suivantes.
En 1926, André fait la connaissance de Georgina Lezaacq, professeur de musique chez qui il vient régulièrement entretenir sa voix. Il l'épouse et leur union durera près de quinze ans.
À la mort d'Anatole Deibler, en 1939, André et son cousin Jules-Henri Desfourneaux sont tous deux candidats potentiels au poste d'exécuteur en chef. Finalement Desfourneaux est choisi pour des raisons financières (Jules étant le locataire et débiteur des époux Deibler, il n'aurait pu rembourser ses dettes suffisamment vite en demeurant à un poste subalterne; sa tante Rosalie aurait donc appuyé sa candidature). Néanmoins Obrecht est promu adjoint de première classe le . Il officie lors de l'exécution d'Eugène Weidmann, le suivant, à Versailles. C'est la troisième pour Desfourneaux en tant qu’exécuteur en chef (poste qu'il occupe officiellement depuis le ) et la dernière exécution publique en France métropolitaine.
Puis la Seconde Guerre mondiale éclate et le contrat de mécanicien d'Obrecht aux usines Salmson prend fin. Durant l'Occupation, les exécutions se poursuivent. L'intéressé reproche à Desfourneaux son zèle à mettre à mort, notamment, des femmes et des résistants, ce qui l'amène à démissionner de son poste à l'automne 1943, en compagnie des autres adjoints, Henri Sabin et les frères Martin.
Jusqu'à la fin de la guerre, il vit comme bookmaker de courses de lévriers au cynodrome de Courbevoie. Il crée une entreprise d'« esquimaux glacés » que l'on distribue dans tous les cinémas de la capitale.
À la Libération, il est réengagé comme adjoint de première classe, mais ses rapports avec son cousin Desfourneaux sont exécrables au point qu'ils en viennent aux mains. Il démissionne de nouveau en 1947, après l'exécution du docteur Petiot l'année précédente.
Divorcé de Georgina depuis 1940, Obrecht épouse Berthe Labbé, propriétaire d'un magasin de frivolités. En 1949, il part s'installer à Casablanca, au Maroc, et n'en revient que dix-huit mois plus tard, à la mort de Desfourneaux, en . Le 1er novembre suivant, il est nommé exécuteur en chef par le directeur du Département des arrêts criminels, nomination qui est critiquée par les nombreux candidats au poste, car l'intéressé n'était plus aide du bourreau à la mort de son prédécesseur.
Il commence alors une série de 65 exécutions avec celle à Marseille, le , de Marcel Ythier, un tueur de policiers. La plupart de ceux qui passeront entre ses mains furent des condamnés de droit commun mais aussi des membres du FLN, entre et .
C'est en 1958 qu'il engage le mari de sa nièce, Marcel Chevalier, qui sera plus tard son successeur.
Quelques-uns des criminels qu'il a exécutés sont restés célèbres :
- Émile Buisson, l'ennemi public no 1, exécuté à Paris le ;
- Jacques Fesch, exécuté à Paris le (celui-ci est, depuis 1987, l'objet d'un procès en voie de béatification, initié par Monseigneur Lustiger) ;
- Georges Rapin, fils de bonne famille le jour, proxénète la nuit sous le sobriquet de « Monsieur Bill », exécuté à Paris le ;
- Saïb Hachani, tueur en série, exécuté le à Lyon ;
- Claude Buffet et Roger Bontems, exécutés à Paris le ;
- Ali Ben Yanes, l'égorgeur de Gattières, exécuté à Marseille, le ;
- Christian Ranucci, exécuté le à la prison des Baumettes à Marseille a été sa dernière exécution.
Fin d'activité et de vie
modifierLa maladie de Parkinson, dont il est atteint, le contraint à céder sa charge en 1976 à Marcel Chevalier, son neveu par alliance : celui-ci étant l'époux de Marcelle, la fille de son demi-frère Georges-Émile[2].
Veuf depuis 1967, il va passer la fin de sa vie entre Paris et Nice, où il meurt le . Il y est enterré, au cimetière de l'Est[3].
André Obrecht avait participé en tout à 322 exécutions, dont près de 150 comme assistant d'Anatole Deibler et 65 comme chef (dont deux en Martinique).
Publication
modifierSes mémoires posthumes, Le Carnet noir du bourreau, rédigés avec le concours du journaliste de Paris Match Jean Ker, ont été publiés en 1989.
Filmographie
modifierDans le film Section spéciale, son rôle est interprété par Serge Marquand.
Notes et références
modifier- Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 16/968/1899, avec mention marginale du décès (consulté le 6 août 2012)
- Étienne Patou, « Dynasties de Bourreaux », Racineshistoire.free.fr, (lire en ligne)
- Cimetières de France et d'ailleurs
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Frédéric Armand, Les Bourreaux en France : du Moyen Âge à l'abolition de la peine de mort, Paris, Perrin, 2012, 332 p. 8 p. de pl. (ISBN 978-2-262-03798-7)
- Jacques Delarue, Le Métier de bourreau, nouvelle éd. revue et augmentée, Paris, Fayard, 1989, 439 p. 16 p. de pl. (ISBN 2-213-02336-0) [la 1re éd. est parue est 1979]
- Danielle & Michel Démorest, Dictionnaire historique et anecdotique des bourreaux, Paris, Éd. généalogiques de la Voûte, 2007, 446 p. (ISBN 978-2-84766-367-9)
- Michel Démorest, Dictionnaire généalogique des familles de bourreaux : notices et anecdotes, Paris, Éd. généalogiques de la Voûte, 2007, 674 p. (ISBN 978-2-84766-368-6)
- Jean Ker, Le Carnet noir du bourreau : mémoires d'André Obrecht, Paris, Gérard de Villiers, 1989, 298 p. 16 p. de pl. (ISBN 2-7386-0045-X)
- Fernand Meyssonnier, Paroles de bourreau : témoignage unique d'un exécuteur des arrêts criminels, recueilli et présenté par Jean-Michel Bessette, Paris, Imago, 2002, 319 p. ill. (ISBN 2-911416-71-6)
Articles connexes
modifierLiens externes
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